Iran - Israël : récit des deux semaines qui ont mené à une attaque sans précédent
C’est un conflit qui couve depuis des décennies. Mais en l’espace de deux semaines, la tension est montée de plusieurs crans, conduisant à une escalade sans précédent. Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l’Iran a lancé depuis son territoire une attaque massive de drones et missiles sur Israël. D’après l’armée israélienne, près de 300 projectiles ont été tirés au cours de l’opération, dont 170 drones interceptés sans atteindre le pays cible. "Un succès qui a atteint tous ses objectifs", a affirmé Téhéran. Tsahal, de son côté, a annoncé avoir détruit 99 % des projectiles en provenance d’Iran et déjoué l’attaque.
Aucun drone ni missile "n’a pénétré le territoire d’Israël", a assuré le porte-parole de l’armée. "Avec les États-Unis et d’autres partenaires, nous avons réussi à défendre le territoire de l’État d’Israël", a indiqué le ministre de la Défense Yoav Gallant.
Gardiens de la révolution tués en Syrie
Cette attaque inédite a été justifiée par Téhéran comme une riposte à la frappe ayant détruit une annexe de son consulat à Damas (Syrie) deux semaines plus tôt, que l’Iran attribue à Israël. Ce bombardement a tué sept Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, dont deux généraux de la Force Qods, qui intervient hors d’Iran. Ce dimanche, le chef des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, s’est félicité : l’attaque aurait permis de mettre "hors service" un "centre de renseignement et une base aérienne". Ces deux lieux ont été spécifiquement visés car ils ont servi à mener la frappe qui a détruit, le 1er avril, le bâtiment diplomatique iranien en Syrie.
Israël n’a pas revendiqué cette frappe, ni démenti, mais l’Iran l’accuse. Car depuis le massacre du 7 octobre, l’État hébreu mène régulièrement des raids au-delà de ses frontières contre les alliés de Téhéran, dont le Hamas ou le Hezbollah libanais. Depuis cette frappe en Syrie, l’Iran n’a cessé de promettre qu’elle allait "punir" Israël, faisant craindre un embrasement régional dans le sillage de la guerre déjà à l’œuvre dans la bande de Gaza.
Une opération annoncée
Quelques heures avant son attaque massive sur Israël, l’Iran a arrêté, samedi, un navire "lié à Israël" au large des côtes des Émirats arabes, avec à son bord 25 membres d’équipage. Le contrôle du porte-conteneurs MSC Aries a été opéré par les forces spéciales maritimes des Gardiens de la révolution, selon l’armateur italo-suisse MSC. Les autorités iraniennes n’ont pas indiqué si cette opération était liée à la riposte annoncée depuis de longs jours par l’Iran.
En l’espace de deux semaines, donc, la violence verbale de l’Iran à l’égard d’Israël est montée en puissance… Jusqu’à ce que Téhéran mette ses menaces à exécution. "Le régime maléfique a fait une erreur, il doit être puni et il sera puni", avertissait mercredi le guide suprême d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, en allusion à Israël. Le même jour, Joe Biden a affirmé que l’Iran "[menaçait] de lancer une attaque importante contre Israël", avant de déclarer vendredi s’attendre à ce que l’attaque ait lieu "bientôt". Vendredi encore, la France appelait les Français à ne pas se rendre en Iran, en Israël ou au Liban, craignant une attaque sans précédent.
Ce dimanche, l’Iran a assuré avoir fait part en amont aux Etats-Unis de son intention de mener une opération "limitée" contre Israël. "Nous avons annoncé à la Maison Blanche dans un message que notre opération serait limitée, minime et viserait à punir le régime israélien", a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian. Et si l’Iran a annoncé considérer l’affaire comme "close", reste à savoir quelle position va adopter Israël, déjà mobilisée par le conflit contre le Hamas à Gaza.