La maquette du Deperdussin 334 de René Bouchy va rejoindre les collections du Musée de l'air et de l'espace au Bourget
La caisse est prête. Elle patiente, dans le garage. Dans quelques jours, un camion l’emportera pour l’emmener au Musée de l’air et de l’espace, au Bourget. René Bouchy, qui habite Marsat, verra ainsi s’éloigner l’œuvre sur laquelle il a travaillé un nombre incalculable d’heures : sa reproduction de l’avion Deperdussin 334 à l’échelle 1/3,2.
Pour le modéliste amateur, âgé aujourd’hui de 75 ans, c’est une très longue aventure qui s’achève. Celle-ci a débuté il y a 20 ans, lorsque ce passionné d’aviation visite le Musée de l’air du Bourget. Il est alors tombé en admiration devant le Deperdussin 334 qui y est conservé, le seul encore existant. « J’ai été séduit par sa ligne, par sa pureté. », raconte René Bouchy.
Il faut dire que l’appareil dénote de ses contemporains, Farman et autres Blériot. C’est un monoplan. Il est fuselé. Et ses courbes aérodynamiques sont d’une incroyable audace par rapport à ce qui se faisait alors. C’était un avion de course qui a battu le record du monde de vitesse à l’heure aux mains de Maurice Prévost, en septembre 1913.
Penché des heures sur l’avion originalReste que, si l’avion a été conservé, il n’existe que très peu de documentation s’y rapportant. Les plans, notamment, ont disparu. René Bouchy part donc d’une feuille blanche pour réaliser le modèle réduit dont il rêve.
Heureusement, grâce à une connaissance parmi le personnel du musée, il peut approcher de l’avion.
« J’y ai passé une journée entière pour faire des relevés, prendre des cotes… et j’y suis retourné moult fois pour des détails et des photos complémentaires. Pour le train d’atterrissage, j’ai pris un gabarit sur l’avion du Bourget. »
Ses albums regorgent de photos portant les dimensions des différents organes de l’avion, des gros plans sur un bout d’aile ou sur une fixation particulière. « J’ai passé beaucoup d’heures à la planche à dessins », sourit-il.
René Bouchy a toujours été bricoleur. Mouler des pièces, les usiner ou les monter ne lui a jamais fait peur. « Il n’y a absolument rien qui vient du commerce, à part la visserie », assure-t-il. À l’entendre, ce qui lui aurait donné le plus de mal serait la peinture du petit drapeau qui orne le gouvernail de l’avion.
René Bouchy, passionné par l'aviation, a réalisé une maquette au 1/3,2 du Deperdussin 334
Deux mètres d'envergureMais le résultat final est impressionnant. Le modèle réduit mesure deux mètres d’envergure. Il pèse près de dix kilos. Il est équipé pour être fonctionnel. Avec un moteur adéquat, il pourrait voler. Les ailes peuvent se gauchir (se déformer légèrement, NDLR) pour permettre à l’appareil de virer, comme elles le faisaient sur l’original. Les gouvernes de profondeur bougent également. Ces actions, ordonnées via une télécommande, se traduisent par le mouvement des commandes dans l’habitacle, volant et palonnier.
Dorénavant, le modèle réduit fera partie des collections du Musée de l’air et de l’espace. Ce don a été accepté après que deux commissions d’acceptation se sont prononcées favorablement, et à l’unanimité. L’avion sera exposé occasionnellement, lors d’expositions temporaires sur le thème des avions d’avant la Première Guerre mondiale, par exemple, ou sur les machines de la coupe Gordon-Bennett. « Cette maquette fera partie du patrimoine national : elle y est rentrée, elle n’en ressortira plus », sourit le modéliste, légitimement fier de cette reconnaissance.
Jean-Baptiste Ledys