L’Iran lance une attaque de drones contre Israël : le point sur la situation
C’est une première qui fait craindre une explosion au Moyen-Orient. Le Corps des gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, a lancé dans la nuit de samedi à dimanche une "vaste" attaque de "drones et de missiles" vers Israël, a annoncé la télévision d’Etat. Une heure environ après l’annonce du lancement de cette opération, baptisée "Promesse honnête", l’agence officielle Irna a indiqué qu'"une première vague de missiles balistiques" avait été lancée "profondément à l’intérieur des territoires occupés" [NDLR : Israël].
Au total, "l’armée de l’air de la Force aérospatiale du Corps des Gardiens de la révolution islamique a tiré des dizaines de missiles et de drones sur des cibles spécifiques à l’intérieur des territoires occupés", selon la télévision d’Etat citant le service de relations publiques des Gardiens. Dans les minutes ayant suivi le début de l’opération, le compte X du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a republié un message affirmant : "le régime diabolique va être puni". Le 3 avril, l’ayatollah Khamenei avait déclaré qu’Israël serait "giflé" après les frappes aériennes qui lui ont été imputées sur l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas, dans laquelle ont péri sept Gardiens de la Révolution, dont deux généraux de la Force Qods, qui intervient hors d’Iran.
Dans le même temps, les alliés de l’Iran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis ont mené des attaques anti-israéliennes, le premier en tirant des roquettes sur le Golan occupé par Israël, et les seconds en lançant des drones en direction du territoire israélien. Vers 1h45 (heure locale), plusieurs détonations suivies de sirènes d’alerte ont retenti à Jérusalem. Des sirènes ont également retenti dans le sud d’Israël, dans le Negev, mais aussi dans le nord du pays, a indiqué l’armée. Des détonations ont également été entendu à Damas, la capitale syrienne.
Les Etats-Unis "aux côtés du peuple d’Israël"
Les Etats-Unis n’ont pas tardé à réagir. La défense antiaérienne américaine a intercepté plusieurs drones tirés par l'Iran, ont notamment rapporté les chaînes de télévision CNN et ABC, sans préciser le nombre d'engins abattus et au-dessus de quels territoires ces opérations ont eu lieu.
Fait inhabituel, le président américain a écourté son week-end dans le Delaware, à plus de 150 kilomètres de la capitale Washington, pour une réunion d’urgence de son équipe militaire et diplomatique. "Le président Biden a été clair : notre soutien à la sécurité d’Israël est inébranlable", a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, dans un communiqué. "Les Etats-Unis se tiendront aux côtés du peuple d’Israël et soutiendront sa défense contre ces menaces venues de l’Iran", a-t-elle insisté. L’équipe du président américain est en "communication constante" avec les Israéliens et d’autres alliés des Etats-Unis, a ajouté Adrienne Watson. La défense anti-aérienne américaine a affirmé avoir abattu plusieurs drones iraniens, sans préciser le nombre ni les zones concernées.
En réponse, l’Iran a appelé les Etats-Unis à "rester à l’écart" de cette opération. "Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime voyou israélien, dont les Etats-Unis DOIVENT RESTER À L’ECART !", déclare la mission iranienne à l'ONU dans un message posté sur X. "Menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations Unies relatif à la légitime défense, l’action militaire de l’Iran était une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas", explique-t-elle. "L’affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère", met en garde le message de la mission auprès des Nations unies.
Quelques instants plus tôt, le Premier ministre Benyamin Netanyahou assurait lors d’une allocution télévisée que l’État hébreu était préparé à "l’éventualité d’une attaque directe de l’Iran" et "prêt à faire face à n’importe quel scénario, tant en matière de défense que d’attaque". Les autorités israéliennes ont annoncé fermer l’espace aérien du pays à l’"aviation internationale".
Les défenses aériennes égyptiennes "en état d’alerte maximal"
La Jordanie et le Liban, voisins d’Israël, ont annoncé la fermeture de leur espace aérien, de même que l’Irak, frontalier de l’Iran. Egalement voisine d’Israël, l’Egypte a annoncé la mise en état d’alerte maximal de ses défenses aériennes.
L’Union européenne, de son côté, "condamne fermement" l’attaque, a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dénonçant une "escalade sans précédent" et "une menace grave à la sécurité régionale". La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, accuse également Téhéran de "franchir un nouveau palier dans ses actions de déstabilisation". Dans deux messages postés sur X, le chef de la diplomatie française a dénoncé l’opération "sans précédent" et rappelé "son attachement à la sécurité d’Israël et l’assure de sa solidarité".