Le jeune "intérimaire" des points de deal clermontois est parti en prison pour la première fois de sa vie

Ce jeune habitant d’Évreux, âgé de 18 ans, scolarisé, sans casier judiciaire et issu d’une famille sans histoires, n’avait, a priori, aucune raison de se retrouver sur un point de deal du quartier de La Gauthière, à Clermont-Ferrand, ville où il n’avait jamais mis les pieds.

Jusqu’au 4 avril dernier. Ce jour-là, il est interpellé en début d’après-midi, rue de La Grande-Combaude, en possession de 15 g de coke et après avoir conclu trois transactions de stups en l’espace de sept minutes.

Trois jours pour violer son contrôle judiciaire

Déféré au parquet à l’issue de sa garde à vue, il passe ensuite devant le juge des libertés et de la détention, qui lui notifie son placement sous contrôle judiciaire jusqu’à sa comparution devant le tribunal correctionnel clermontois, le 16 septembre prochain. Avec, d’ici cette audience, interdiction de quitter son département natal de l’Eure.

Il ne lui faudra que trois jours pour violer cette mesure : le 7 avril, il est à nouveau appréhendé sur un point de deal du même quartier de La Gauthière, après avoir tenté de prendre la fuite et de dissimuler de la coke et 420 euros en liquide sous une voiture en stationnement. Les policiers saisiront aussi 240 euros sur lui, provenant sans l’ombre d’un doute de nouvelles transactions. Il n’en fallait pas plus pour qu’il prenne le chemin du tribunal bien plus vite que prévu…

Il quitte Evreux pour Clermont-Ferrandsans rien dire à personne

Jugé dès ce lundi 8 avril en comparution immédiate, ce tout jeune majeur (il est né en mars 2006) a expliqué, selon un mode opératoire désormais très bien rodé, avoir été recruté via les réseaux sociaux pour venir "travailler" dans la capitale auvergnate, tous frais payés par les gestionnaires des points de deal. Sans rien dire à personne. Ses parents l’ont ainsi cherché, en vain, à travers Évreux, pendant des jours, pensant qu’il lui était arrivé un accident…

Arrivé le 2 avril, il n’aurait dû rester qu’une journée sur place. Mais son interpellation, deux jours après, et la saisie des stupéfiants qu’il n’avait pas eu le temps de vendre et de l’argent du deal, l’ont mis à l’amende au sein du réseau.

Afin de régler sa "dette", il aurait donc été contraint de "charbonner " une journée de plus, gratuitement. Ce qui a conduit à sa seconde arrestation.

"D'abord une victime du trafic"

"Pour expliquer sa présence à La Gauthière, a détaillé la procureure de la République, Agathe Bord, le prévenu a d’abord affirmé n’être qu’un simple consommateur venu se fournir en résine de cannabis, puis un simple guetteur, avant de reconnaître finalement être venu faire du deal". Elle a requis dix mois de prison, dont la moitié assortie d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec mandat de dépôt.

"Ce très jeune homme est d’abord une victime de ce trafic, a ensuite insisté son avocate, Me Camille Savoye. Il est tombé dans le piège de ces annonces sur les réseaux qui promettent monts et merveilles aux “petites mains” des réseaux".

Son jeune client a été condamné à six mois de prison, dont quatre assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Il est aussitôt parti en détention (pour la première fois de sa vie), afin de purger les deux mois ferme.

Christian Lefèvre