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Апрель
2024

Yanis Poppe, animateur nature : "Ce n’est pas du militantisme, ce n’est pas politique, c’est naturel de protéger le milieu dont on dépend"

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Yanis Poppe, animateur nature :

Depuis deux ans, Yanis Poppe est animateur nature pour l’association Les Pieds à terre, à Chilhac (Haute-Loire). Son rôle est simple : expliquer le fonctionnement de la nature, en particulier la terre et les milieux aquatiques, à tous les publics. Car pour mieux la respecter, et la préserver, il est primordial de la connaître. Rencontre.

"Ce que je fais, ce n’est pas du militantisme, ce n’est pas politique, c’est juste humain. Il y a de l’humanité dans l’éducation à l’environnement, c’est naturel de protéger le milieu dont on dépend." En ces termes, Yanis Poppe, jeune homme de 27 ans, définit son rôle d’animateur nature pour l’association Les Pieds à terre, basée à Chilhac. Pour parler de lui, il a choisi de s’installer dans la cour de l’école des sœurs, face à cette nature qu’il aime tant, avec une vue imprenable sur l’Allier, un de ses sujets de prédilection. Et pour cause. "Je suis né à Angers. J’ai grandi et vécu au bord de la Loire, à La Daguenière, un petit village situé sur le même bassin-versant que celui sur lequel nous sommes à Chillac."

S’il a quitté sa région natale pour la Haute-Loire, ce n’est pas dû au fruit du hasard. "Je suis venu en vacances avec mes parents il y a 14 ans, à Lavoûte-Chilhac. On a visité le Conservatoire national du saumon sauvage, à Chanteuges, et cela a pas mal marqué nos esprits à tous les trois." Après des études en maintenance industrielle qui ne lui apportent pas satisfaction, il décide de changer de vie "à 23 ou 24 ans, je ne sais plus trop". Il se lance dans des études en Gestion et protection de la nature à Angers. "Je cherchais un stage et mon père m’a dit : “Tu te rappelles du Conservatoire du saumon à Chanteuges ? Ils pourraient peut-être te prendre.” "

Une opportunité à Chilhac

Ni une ni deux, souvenirs d’enfance aidant, il tente sa chance. "Ils m’ont dirigé vers Les Pieds à terre, qui faisait les visites du Conservatoire à l’époque, et j’ai mis un premier pied à terre à Chilhac." (Rires) Après ces quelques semaines, les liens avec l’équipe se tissent. L’année suivante, il revient comme bénévole et, un an plus tard, un poste se libère. "Il y avait plusieurs emplois qui s’offraient à moi en France, mais j’ai foncé car le lieu et les gens me plaisent." Aujourd’hui, son quotidien est rythmé par ses interventions dans les écoles ou auprès d’adultes avec lesquels il partage son savoir et sa passion pour l’environnement.

Je suis pas mal spécialisé dans l’eau car je suis pêcheur. Ce qui m’a amené à faire ce métier, c’est le temps que j’ai passé au bord de la rivière, à essayer de comprendre le milieu, les oiseaux qui le peuplent, le fonctionnement des espèces que je voulais capturer.

Face à l’Allier, il multiplie les gestes avec ses mains pour bien faire passer le message qu’il véhicule. "Sur la planète, toute forme de vie dépend de l’eau. C’est un bien commun qui est en péril et c’est une chose dont j’adore parler par plein de biais différents." Mais il est aussi passionné par les arbres, les oiseaux et… le sol. "C’est une grande famille d’écosystèmes extrêmement complexes par lesquels tout passe. La défense du sol, avec ce que l’on en fait aujourd’hui, c’est un vrai cheval de bataille. Par exemple, la semaine dernière, je suis allé au lycée Bonnefont pour parler de la gestion de l’eau en milieu agricole et, le mois dernier, j’étais à Mazerat-Aurouze pour faire découvrir le sol à des petites et moyennes sections."

Yanis Poppe fait régulièrement des interventions dans les écoles, comme ici à Vergongheon, où nous l'avions suivi en novembre 2022. 

Les exemples fusent, les chiffres aussi. "Dans une poignée de terre forestière, il y a 7 à 8 milliards d’êtres vivants, bactéries et champignons compris. Cela démultiplie l’intérêt que l’on peut avoir pour cette grande famille de milieu."

Pour autant, malgré le climat ambiant, Yanis Poppe est un optimiste. Son regard vers l’avenir, il l’aborde avec le sourire. "La société dans laquelle on vit a fait que ces sujets sont devenus quelque chose de politique. Mais il ne faut pas trop se prendre la tête. Préserver l’environnement, c’est juste quelque chose de normal et qui va de soi pour notre expérience et notre bien-être." Voilà ce qu’il souhaite transmettre au quotidien aux personnes qu’il rencontre.

On voit qu’il y a des métamorphoses qui se font parfois en peu de temps. J’ai un souvenir de cet été avec des jeunes qui n’étaient pas à l’aise avec le dehors. Elles ont dormi deux nuits en tipi et elles se sont rendu compte que ça s’est bien passé. Elles avaient peur des bêtes, mais elles ne savaient pas lesquelles.

Une peur qui a vite été dépassée par ces adolescentes grâce à un accompagnement et une connaissance du monde dans lequel elles se trouvaient. "Cela n’a pas été simple, elles pleuraient littéralement au départ. Mais à la fin, elles étaient bien et avaient presque l’envie de revenir."

Un exemple qui conforte Yanis Poppe dans sa volonté de permettre aux gens d’apprendre de la nature et de s’y confronter. "Dans notre société, il faudrait que les gens prennent le temps. Nous n’avons plus l’habitude de rester une heure ou deux devant la rivière à observer les espèces. Pourtant, c’est un meilleur moyen de la comprendre que de se fier systématiquement aux réseaux sociaux et à l’intelligence artificielle."

Nicolas Jacquet