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Март
2024

Tony Cornelissen, un engagé volontaire de la profession agricole en Corrèze

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La récente crise du monde agricole, Tony Cornelissen l’a vécue d’un peu loin cette fois. Pour une fois, pourrait-on dire, car en 40 ans de vie syndicale, il en aura vu des manifestations, des actions « coup de poing », de ces grosses colères de paysans qui remontent périodiquement du pays profond.La vie syndicale, c’était écrit : « J’étais déjà président des Jeunes Agriculteurs de mon canton quand je faisais mon service militaire, se souvient Tony Cornelissen, il fallait attendre que j’ai des “perm” pour tenir les assemblées générales ».

Le goût des autres

Quatre décennies plus tard, à l’heure de la retraite, celui qui vient de quitter la présidence de la Chambre d’agriculture ne se retourne pas volontiers sur son passé. Tony, il regarde devant. C’est un tempérament, une énergie, la somme de tous ses engagements. Et d’abord, donc, la défense du monde agricole : « Peut-être parce que j’ai vu la souffrance de nombreux agriculteurs, peut-être parce que mon père s’est installé ici à Ussel avec trois fois rien… il est venu des Pays-Bas avec une couveuse, c’était nouveau à l’époque, et juste le contenu d’un fourgon, il a commencé sur une ferme en location, à Aix ».

« Les déceptions, ça ne dure pas, le lendemain, il repart… »

Tony Cornelissen s’est enraciné très vite à Ussel. École Notre-Dame, BTS agricole en production animale, jeunesse à la JAC (Jeunesse agricole catholique) et le goût de l’engagement, l’envie de se mettre au service des autres. La constance également, la fidélité. Tiens ! Par exemple, (c’est sa femme Isabelle qui le révèle) : Tony Cornelissen est toujours président de l’amicale des Anciens de Notre-Dame à Ussel.« Ohhh, ça me prend pas beaucoup de temps ». Mais il rajoute en plaisantant que « si ça fait plaisir aux anciennes élèves... ».Toujours joyeux, jamais abattu, l’éleveur de Saint-Fréjoux a connu les coups durs de la vie publique. Forcément. Mais son épouse et complice témoigne : « Chez lui, les déceptions, ça ne dure pas, le lendemain, il repart… ».Toujours un combat à mener, un dossier à pousser… et l’art de la négociation prend différents chemins. On ne passe pas 40 ans à dresser des barrages et à murer nuitamment les perceptions des impôts. Comme d’autres syndicalistes agricoles avant lui, il a troqué l’esprit des barricades pour la diplomatie. Une diplomatie offensive et argumentée.« À un moment, il faut que votre interlocuteur soit convaincu par votre discours ou votre proposition, sinon ça ne marche pas », dit-il.Pourtant, « Tony » ne l’a pas toujours joué fine. Quand on lui rappelle un certain barrage en 2010 à Égletons où il est allé s’allonger devant les roues d’un camion espagnol… « Ah oui mais non, ça, faut pas en parler », réagit-il, pudique. Au final, une première fracture du bassin et plusieurs semaines alité. Blessure de guerre. Et il rit encore de bon cœur devant la photo parue dans La Montagne un jour de mars 2008 : encadré par deux solides gendarmes, le futur président de la Chambre embarqué manu militari sur une manif.

« Ah oui mais ça, faut pas en parler ! »

La cause à défendre ce jour-là était certainement juste et bonne pour un homme « qui n’a pas peur de la confrontation ». « Et puis c’est vrai que j’ai mon franc-parler ». Une franchise qu’il partage avec son bon ami, le président du département, Pascal Coste, et qui fait parfois s’arrondir les yeux des préfets au moment des allocutions.Il a eu sur le chef quelques casquettes. Il a siégé dans des commissions, des instances, des groupes de réflexion où le développement agricole était chaque jour à l’ordre du jour.« C’est sûr qu’avec mes mandats successifs, je ne me suis pas toujours occupé de l’exploitation comme il aurait fallu », reconnait-il. Et même, admet-il à demi-mot, que sa famille, ses quatre enfants et ses trois petits-enfants, ont pu en pâtir parfois. « J’ai un peu honte, je connaissais pas bien le chemin de l’école ! ». Aujourd’hui, il est toujours adjoint au maire d’Ussel et vice-président d’un cluster dédié à la valorisation des produits agricoles issus des zones herbagères. Et depuis peu, la présidence de La Foncière, une structure qui veut soutenir les agriculteurs grâce au photovoltaïque. 

On n'a pas réussi tout ce qu'on voulait...

Son meilleur souvenir son élection à la Chambre d’agriculture, malgré les chausse-trappes. L’un des plus mauvais, une grève des agents de la Chambre quelques semaines après son arrivée : « Je l’ai pas bien vécu mais, modestement, je crois que j’ai pas mis onze ans à redorer mon blason ».Ses penchants politiques ne font mystère pour personne. Mais les pieds de nez en politique, ça existe. Le voilà qu’il se présente aux élections cantonales à Ussel en 2011 avec une co-listière de gauche, Frédérique Fraysse… contre la liste officielle de l’UMP. « J’ai l’impression qu’on me prenait un peu pour un c..  mais j’ai fait 20 %, du coup, certains m’ont subitement trouvé très estimable… bah, c’est comme ça. »

Il a bataillé mordicus contre le loup

Qu’on partage ou non sa vision de l’agriculture, Tony Cornelissen aura « fait le job » à la Chambre d’agriculture. Défendu la profession, et particulièrement l’élevage, porté des projets pour l’avenir, encourager les bonnes pratiques et la diversification, soutenu l’installation des jeunes, bataillé mordicus contre le loup et gérer les dotations d’Etat maigrichonnes à la chambre consulaire : « On n’a pas réussi tout ce qu’on voulait », avoue-t-il.Il y a un an, une balle de paille de 300 kilos lui tombe sur le paletot. Nouvelle fracture du bassin et la hanche méchamment déboîtée. « Ça faisait mal rien qu’à regarder les radios ! », se souvient son épouse.Pour un homme plus actif que contemplatif, repos total exigé et la conscience plus vive du bien précieux de la vie, de la santé. Tony Cornelissen a choisi de mettre « sur pause. »« Aujourd’hui, ma priorité, c’est la transmission de la ferme à mon fils, la famille, mes petits-enfants et puis La Foncière aussi, parce que j’y crois ».  Bref, l’action continue.

Arnaud Besnard