Un jeu plus direct, un changement d'attitude, une attaque recomposée... l'évolution est en marche au Clermont Foot
Il y a un mois, on n’est pas certain que le Clermont Foot aurait réussi, dans des conditions similaires - notamment en jouant plus de trente-huit minutes (temps additionnel compris) en infériorité numérique - à battre Le Havre (2-1). Mais depuis, force est de reconnaître que bien des choses ont changé.
« Il n’y a pas de révolution », avait souligné Pascal Gastien, l’entraîneur en chef du CF63 alors qu’on le questionnait sur ses premiers échanges avec le nouvel entraîneur principal adjoint, puisqu’il en va ainsi de la terminologie officielle, Sébastien Bichard. Mais si ce n’est pas une révolution, l’évolution est tout de même notoire et en marche.
Des changements qui sautent aux yeux à plusieurs niveaux. Comme si de l’air frais était entré dans le vestiaire… et dans les têtes. Il y a d’abord l’attitude générale. Là, la différence est flagrante. On a vu des garçons plus impliqués, plus audacieux, plus concernés. Parfois trop même, à l’image d’un Rashani logiquement expulsé après avoir éructé à la face de l’arbitre.
« J’ai vu un degré d’investissement supérieur », pointait Pascal Gastien au sortir de ce duel éprouvant pour les nerfs.
Car sur le terrain, on a constaté des attitudes volontaristes similaires à celles des deux dernières semaines… à l’entraînement. Le fameux « tu t’entraînes comme tu joues » ? On dirait bien. Sur le terrain, la méthode est aussi différente. « Sans doute tournait-on un peu trop en rond », a admis Pascal Gastien, surtout heureux de l’issue de la partie et du comportement général.
Une évolution, donc, qui fait bien évidemment écho à la recomposition de l’attaque, avec le très mobile et rapide Virginius en pointe. Sur ce match, il a clairement fait oublier les pivots que peuvent être Nicholson ou Kyei. À ce duo de se remettre en selle pour monnayer autant que faire se peut les deux mois restants.
Toulouse, un passage obligé pour y croire plus que jamaisAutre symbole fort de ces ajouts bénéfiques, le match de Johan Gastien. On a retrouvé le roi Soleil, le métronome qui sert de baromètre à l’équipe. Toujours généreux, il sait aussi utiliser à merveille ses qualités dans un jeu plus directement porté vers l’avant. C’est lui qui sert Borges d’un bijou de transversale sur le premier but de Cham (31e). C’est encore lui qui met Virginius sur orbite sur le penalty de la délivrance (45e+3).
Fatalement, cette métamorphose rejaillit sur l’ensemble. Derrière, Borges a retrouvé le sourire et de son allant au-delà même d’un capitanat qui, nécessairement, l’oblige. Matsima continue de monter en puissance, complémentaire d’un Pelmard qui avait aussi beaucoup à se faire pardonner de sa pâle sortie messine.
Alors non, on ne criera pas ni au génie ni à la transformation radicale. Car Clermont reste solidement scotché à la dernière place du classement, avec encore trois points de retard sur Metz, et cinq sur le barragiste du moment, en l’occurrence le Nantes du Kita Circus (*).
Clermont le sait, et le coach l’a rappelé, son salut ne viendra - éventuellement - que si l’équipe continue de cravacher à l’unisson. Ce qui ne sautait pas nécessairement aux yeux ces derniers temps, au-delà d’une implication qui flirtait avec un certain fatalisme, fatalement inconscient.
A minima, une douzaine de points à capterIl reste vingt-quatre points en jeu sur huit représentations. Après ce second succès de la saison à domicile, Clermont va devoir sans doute capter a minima une douzaine de points pour attraper le barrage ou mieux, se sauver directement. Cela passera par des victoires à domicile lors des deux prochaines réceptions de Toulouse et plus encore Montpellier. Reims viendra aussi à Clermont, tout comme Lyon. Il faudra aussi grappiller à Paris juste avant qu’il n’affronte le Barça, à Lens ou Monaco. Que du très lourd ! Avant, qui sait, de faire peut-être tapis lors de la dernière journée à Lorient…
Ça, et on ne pourra pas le lui enlever quoi qu’il arrive, c’est un scénario que Pascal Gastien a en tête depuis longtemps. Ça aurait de la gueule, Reste à l’écrire.
(*) Le président Waldemar Kita et son fils, Franck, ont limogé Gourvennec pour rappeler Kombouaré, qu’ils avaient licencié il y a un an. C’est le 19e entraîneur du FCN en seize ans de gouvernance Kita.
Valéry Lefort