Neuf interpellations, "justice pour Wanys"... Ce que l'on sait de l'attaque d'un commissariat en Seine-Saint-Denis
Cocktails molotov sur le commissariat
Selon le parquet de Bobigny, dimanche peu avant 23 heures, une cinquantaine de personnes ont tiré des mortiers d'artifice et lancé des cocktails molotov et des pierres sur le commissariat de cette ville populaire de Seine-Saint-Denis, située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.
Les dégâts se sont limités à une vitre fissurée et quelques traces de brûlures, selon une source policière.
Voir cette publication sur Instagram Neuf personnes interpellées
Neuf personnes ont été interpellées : sept majeurs, âgés de 18 à 21 ans, et deux mineurs, d'après le préfet de police Laurent Nuñez.
Les forces de l'ordre ont fait usage, selon la source policière, de six grenades de désencerclement, 17 grenades lacrymogènes et ont effectué une centaine de tirs de LBD.
La situation a commencé à se calmer à partir de 23 h 30. Deux policiers ont été légèrement blessés au coude.
Dans une vidéo filmée depuis le balcon par une habitante, on distingue un groupe d'une dizaine de personnes lancer des projectiles en direction de l'entrée vitrée du commissariat.
D'autres images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des groupes de personnes tirant des mortiers d'artifice à profusion sur la façade du poste de police.
"Demander justice pour Wanys""On a fait ça pour demander justice pour Wanys même si son grand frère a appelé au calme", a confié un jeune homme, sous couvert d'anonymat, en référence à la mort à Aubervilliers d'un jeune homme de La Courneuve, âgé de 18 ans, lors d'une course-poursuite mercredi soir avec la police.
"Nous allons sécuriser l'ensemble de la commune dans les jours à venir", a annoncé lundi à des journalistes Laurent Nuñez après avoir rendu visite aux fonctionnaires du commissariat de La Courneuve.
D'après une journaliste de l'AFP sur place, la présence policière était visible dès la mi-journée avec de nombreux camions stationnés autour du commissariat.
Les forces de l'ordre se montreront, d'après le préfet de police, "intraitables contre les émeutiers et les violences urbaines".
Des mois après la mort de NahelCette attaque du commissariat n'est pas sans rappeler les émeutes qui ont éclaté l'été dernier après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir de police. Ce drame avait soulevé une vague de colère et de violences qui avait embrasé pendant plusieurs nuits de nombreuses villes du pays.
"C'est de justice dont la famille a besoin, avec elle le pays et tout particulièrement le territoire. C'est de transparence qu'il faut pour favoriser le calme, calme que tout le monde souhaite".
L'avocat de la famille de Wanys R., Yassine Bouzrou, a annoncé lundi à l'AFP avoir déposé plainte pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et violences volontaires aggravées.
"Le fait que le conducteur du véhicule de police, sans gyrophare ou avertisseurs sonores, se soit volontairement déporté à vive allure sur une voie en sens inverse tout en sachant que le scooter arrivait en face permet de qualifier juridiquement ce comportement d'acte de violence volontaire", a estimé Me Bouzrou.
"Dire qu'il l'a percuté volontairement est une contrevérité", a affirmé au contraire Me Jérôme Andrei, avocat des deux policiers à l'avant du véhicule.
Une "mauvaise image" à quelques mois de Paris 2024A bientôt quatre mois des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août), qui se dérouleront en grande partie en Seine-Saint-Denis, les commerçants de La Courneuve interrogés par l'AFP regrettaient "la mauvaise image" donnée de leur quartier après l'attaque du commissariat.
"On va nous coller une mauvaise image et c'est pas bon pour le business", estimait un épicier.
"C'est triste de perdre un enfant" mais il ne faut pas toucher au quartier", abondait Anissa, mère de famille.
Le préfet de police s'est voulu rassurant à l'approche des Jeux olympiques : "Nous n'avons pas de crainte que les quartiers populaires s'embrasent. La police est très présente et elle le sera encore plus au moment des JO".
Avec AFP