Face aux lecteurs : Dominique Rocheteau a marqué les esprits

Et soudain un ange passe. Vert au cœur et gris aux tempes. Trente-cinq ans ont passé depuis le dernier match de Dominique Rocheteau et pourtant rien ne semble avoir changé. Le joueur iconique de l’AS Saint-Étienne et ses trois titres de champion de France (1974-1975-1976), du Paris Saint-Germain (100 buts inscrits) ou encore de l’équipe de France (49 sélections), n’a pas pris une ride, ou presque, à en croire nos heureux lecteurs sélectionnés pour venir échanger durant plus d’une heure avec l’ex-attaquant.Et sur ce canapé, comme avant sur le terrain, Dominique Rocheteau n’a rien du joueur solitaire. Absolument rien. Son « je » est tourné vers les autres, le collectif avant tout, telle est sa vision du football. Loin du star-système et des ego de millionnaires. D’ailleurs, c’est sans doute une des raisons du sentiment d’éternité qui a toujours laissé ses couleurs vives et éclatantes aux Verts de 76. « Nous avons grandi ensemble, nous étions tous au centre de formation avec seulement deux étrangers. Et puis il y avait le supplément d’âme de cette ville minière et de ses supporters. »

Les heureux élus ont pu questionner leur idole.Sous le maillot bleu, l’Ange vert est vainqueur de l’Euro 84 aux côtés de Michel Platini et participe à trois Coupes du monde consécutives. Mais d’ailleurs ce surnom de l’Ange Vert, qu’en pense-t-il ? « Je ne l’ai jamais aimé, ça ne me correspond pas. Je ne suis pas un ange, j’aimais plutôt le rock’n’roll et les voyages. Mais bon, avec le temps, je l’ai pris comme une forme de reconnaissance… »

Une immense carrière et des valeurs

À 69 ans, dans son livre Foot sentimental comme face à nos lecteurs, Dominique Rocheteau se confie sur sa vie, ses entraîneurs, sa carrière, bien sûr, mais revient sur ces valeurs humaines qu’il considère comme particulièrement ébréchées dans le football moderne. Lui qui n’a jamais reçu le moindre carton rouge dans sa carrière, il les sort bien volontiers pour déplorer l’omniprésence de l’argent, de la violence et de la pression médiatique. « J’ai tenté d’apporter ma pierre à la présidence du comité d’éthique de la Fédération française de football pendant dix ans. Mais j’ai arrêté… Nous n’étions pas écoutés. »

Mais à ces constats qui lui font apprécier de plus en plus le rugby et La Rochelle, son équipe de toujours, les souvenirs de « la belle époque » reviennent immédiatement. Voir, approcher, échanger, les yeux dans les yeux, avec Dominique Rocheteau c’est, presque nécessairement, évoquer ce quart de finale retour légendaire de la Coupe d’Europe des clubs champions. Ce soir de mars 1976, au bout d’une prolongation insoutenable, Dominique Rocheteau fait exploser le Chaudron de Geoffroy-Guichard en inscrivant le but de la victoire à huit minutes de la fin du match sur un centre de Revelli. Les Verts s’inclineront en finale contre le Bayern et ses poteaux carrés.

 

« J’aime le rock’n’roll et les voyages »

Le joueur aux cheveux longs, intenable sur son côté droit, a fait exulter ses supporters, a fait vibrer la France. Impossible à oublier pour ce Clermontois qui, tel un défenseur du foot d’avant, ne lâche pas des yeux son attaquant préféré. Il est là, solidement au marquage de ses souvenirs impérissables, presque extatique. « J’étais parti au match avec un car Michelin pour Saint-Étienne - Kiev. On était dans le kop derrière les buts. On est revenu dans la nuit pour reprendre le boulot à 5 heures du matin. Quelle émotion ! »En plus de 90 minutes de rencontre, Dominique Rocheteau a dévoilé une autre facette que celle du joueur virevoltant, celle d’un homme pudique et simple. Et dans le monde du football d’aujourd’hui, très franchement, ça fait un bien fou. 

Carole Eon

Les Verts de 76 seront réunis le 27 avril, de 11 heures à 12 h 30, à la Halle aux grains, à Issoire, pour une séance d’autographes. De 14 h 30 à 18 heures, à la  médiathèque François-Mitterrand, à Brassac-les-Mines, puis dîner de gala, à la halle aux grains d’Issoire, à 20 heures (sur réservation). Le 28 avril un buffet campagnard est organisé, au musée de la mine de Brassac, de 10 h 30 à 14 heures, avec les Verts de 76 (nombre de places limité). Réservations sur le site www.lalegendedesverts.fr.