Pire attaque d'Europe, le Clermont Foot n'a plus le choix : marquer pour se sauver
0,68 but inscrit par match. C’est peu. Mais c’est pourtant la (dure) réalité du Clermont Foot cette saison. Un ratio rachitique à nulle autre pareille en Europe. Depuis des mois, Pascal Gastien, entraîneur du club pour quelques semaines encore, maugrée contre « ce manque de finition alors qu’on a les occases ». Car si la défense n’est pas bien fameuse, c’est bien devant que le bât blesse prioritairement.
Il n’est d’ailleurs pas besoin de remonter très loin pour comprendre pourquoi Clermont est dans une telle panade au classement, à huit points de Nantes, l’actuel barragiste. Ainsi, sur les sept derniers matchs - en faisant abstraction des revers logiques à Lille, Rennes et face à Marseille - c’est bien en attaque que Clermont « a bouffé la feuille », se désole un joueur.
Trop d’occasions ratéesIl y a d’abord eu Strasbourg fin janvier. Pour son malheur, le CF63 est tombé ce soir-là sur un Matz Sels exceptionnel - comme souvent - avant qu’on apprenne son départ pour l’Angleterre juste après. Depuis, son successeur est à la peine… Malgré le point pris, et à des années-lumière de la première confrontation en Coupe de France où le Racing s’était baladé, Clermont a eu ce jour-là de grosses occases. Et lâché finalement deux points précieux dans sa situation précaire.
On continue ? Ce fut encore le cas contre Brest. A 1-1, Kyei a raté le but de la victoire. Et que dire du déplacement à Nice ? Clermont a eu quatre énormes occasions de scorer par Boutobba, Nicholson (penalty), Virginius et Nicholson encore. Montpellier, la semaine passée, n’a pas été en reste et s’est imposé sur la Côte d’Azur.
On en mettra enfin une dernière couche avec la sortie encore à vide à Metz où Clermont l’a pourtant emporté aux points. Mais la maladresse colle tellement aux basques auvergnates qu’on se demande ce qu’il faudrait faire pour casser cette spirale.
À l’évidence, les pointes auvergnates ne sont guère aiguisées. Nicholson a peu à peu écarté Kyei du poste de titulaire depuis son arrivée à la fin de l’été. Il a certes inscrit quatre buts mais en a raté des pelletés qui auraient pu rapporter gros. Depuis deux mois, il est surtout décevant. Et depuis un moment, il traîne une lassitude que traduit sa gestuelle. Quant à Kyei justement, auteur de dix buts la saison dernière, il semble du coup avoir perdu la confiance comme en témoignent encore ses deux ratés majuscules en Lorraine.
Reste Andric. Le Serbe a été placardisé ces derniers mois. Le club a essayé l’été dernier puis cet hiver de le dégager. Sans succès. Si Gastien loue son « professionnalisme extrême », il ne lui fait pas davantage confiance. La donne peut-elle évoluer au regard de la situation critique ?
Les joueurs offensifs à l'arrêtSi marquer ne dépend pas seulement du buteur patenté, les autres éléments - notamment offensifs - sont aussi à l’arrêt. Ni Allevinah, ni Rashani, ni Boutobba, sans parler de Bela, et pas davantage la recrue de l’hiver, Alan Virginius, n’ont vraiment apporté leur écot à cette entreprise souvent collective.
À Metz, Clermont a souhaité montrer un visage plus offensif avec un 4-3-3 ne disant pas son nom. Cela n’a pas été couronné de succès. Faut-il pour autant abandonner cette « audace » alors que les occasions se sont finalement présentées, à défaut d’être concrétisées ? On y revient…
Peut-on revoir un duo devant, comme ce fut rarement le cas avec Kyei et Andric ? Une chose est sûre, le gardien havrais et ex-Clermontois Arthur Desmas dès dimanche, puis l’espoir toulousain Guillaume Restes à la fin du mois, devront aller chercher le ballon au fond de leurs filets. C’est à ce prix, et seulement à ce prix, que Clermont peut imaginer avoir une mince chance de salut. Avec qui ? Comment ? C’est aussi au duo Gastien-Bichard de trouver la bonne martingale. Même s’ils ne seront pas sur le terrain pour « claquer » au moment opportun…
Valéry Lefort