Des collégiens de Corrèze planchent sur un album illustré sur les martyrs de Tulle avec les auteurs Didier Jean et Zad
Depuis la rentrée de septembre, ils ont visité le village d’Oradour-sur-Glane, évoqué ses enfants suppliciés avec l’écrivain Régis Delpeuch. Ils ont rencontré des descendants des martyrs de Tulle et cheminé dans le quartier de Souilhac, pour mieux situer le drame du 9 juin 1944. Certains travaillent aussi sur le Requiem d’Oradour, créé à l’occasion des commémorations des 80 ans de ces drames voisins.
Ce matin-là, entourés de leurs professeurs d'histoire-géo et de français Céline Amelot-Roy et Fanny Lacombe, les élèves de 3e1 et 3e5 du collège Clemenceau font face à Didier Jean et Zad. Les auteurs et éditeurs sont venus avec l’album illustré C’était écrit comme ça, remis en lumière à l’occasion du 80e anniversaire du drame du 9 juin qu’il aborde à hauteur d’enfant.
« Est-il inspiré d’un personnage réel ? », interroge un élève. C’est une libraire de Tulle qui leur a soufflé le sujet, qu’ils ont nourri des témoignages de deux témoins, Janine Picard et Pierre Diederichs. « Il y a une partie imaginaire à l’intérieur d’un récit basé sur des faits historiques, résume Zad. Quand ils nous ont raconté, il y avait la même émotion qu’au premier jour. Ils nous ont transmis la responsabilité de faire quelque chose. Grâce à eux, on sait qu’il faut toujours faire quelque chose. »
Des sensibilités nourries par l'histoireQuelque chose pour que l’histoire ne passe pas. « De manière différente, nos deux familles ont été touchées par la guerre. Mon grand-père et ma tante Rose ont été déportés, ma grand-mère a caché des résistants, explique Didier Jean. Le père de Zad a dû se cacher, tout seul, sans ses parents. Grandir avec ces histoires a nourri nos sensibilités. Faire ce livre, c’était un peu leur rendre hommage. Ma manière de résister, c’est de faire des albums et de parler de sujets délicats. »Les élèves ont découvert les carnets de croquis préparatoires à l'album "C'était écrit comme ça".
Il a été difficile à écrire et à illustrer d’ailleurs, cet album. « Comment s’adresse-t-on à des plus jeunes ? », questionne un autre élève. « Il faut rester sur un langage sobre, mais on ne s’interdit pas un vocabulaire riche, parce que même les tout-petits sont ouverts à apprendre, résume Zad. Quand on écrit pour les enfants, on le fait aussi pour les adultes qui vont le lire. C’était écrit comme ça plaît bien aux adultes, c’est un livre sur la transmission aussi. »
Raconter l'aprèsDes conseils précieux pour ces collégiens qui, à leur tour, prendront la plume pour raconter la vie après le drame du 9 juin 1944. Zad et Didier Jean les guideront dans leur écriture, à la manière de C’était écrit comme ça et de Je n’ai jamais dit, un autre de leurs albums emblématiques.
Des écrits qu’ils présenteront lors du festival « Faites des livres » de Saint-Junien, en mai, avant de témoigner à leur tour, pour leurs camarades, lors des cérémonies du 9 juin. Aboutissement d’un an de travail et de rencontres.
Blandine Hutin-Mercier