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Март
2024

Tous les bienfaits du sport adapté avec la Station Sports Nature Haute-Corrèze, à Ussel

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Pierrick a 14 ans, Mathieu bientôt 18. Un rayon de soleil éclaire le parc accrobranche de la Diège, à Mestes, ce vendredi matin, lorsque, avec Daniel et Raphaël, ils grimpent au premier arbre du grand parcours. Thomas et Antonin les guident et les encouragent avec bienveillance et ce qu’il faut d’humour pour dédramatiser leurs craintes.

Le premier est éducateur à l’IME PEP d’Ussel, le second animateur sportif à la Station Sports Nature Haute-Corrèze. « L’an dernier, ils ne connaissaient pas du tout le système, ni ne savaient manipuler les crochets. Désormais, ils sont autonomes, en sécurité et ils prennent du plaisir », saluent-ils avec enthousiasme.« Pierrick, par exemple, avait très peur de la hauteur. Aujourd’hui, il est venu sans son éducatrice référente, cela prouve qu’il a plaisir à venir et confiance dans les activités. »

Deux fois par semaine, même si le temps n’est pas au beau fixe, une douzaine de jeunes de 6 à 20 ans, atteints, à divers degrés, de troubles du spectre autistique, profitent des installations du parc accrobranche. Des activités qui rentrent dans le volet Sport Santé développé par la Station Sports Nature Haute-Corrèze et qui complètent à loisir la prise en charge de ces jeunes à besoins particuliers (*). 

Vaincre ses peurs et appréhender son environnement

« Notre accompagnement est quasiment individuel. C’est avec eux que la progression est la plus marquante », apprécie Antonin. « Avec ces circuits d’accrobranche, il y a un début et une fin. Pour des jeunes, c’est idéal de pouvoir borner l’activité, poursuit Thomas. Ils savent qu’une fois qu’ils sont lancés, ils devront finir. »L'animateur Antonin encourage Pierrick à traverser entre deux arbres sur la corde de singe.

Sur le petit parcours, à 30 cm du sol, sur le parcours intermédiaire, à 1 mètre de haut, puis sur le grand, Pierrick, Mathieu et leurs camarades enchaînent échelle, pont de singe et tyrolienne, presque sans embûches.

Chaque fois, ils repoussent leurs limites et toutes les difficultés rencontrées sur le parcours sont forcément résolues au fur et à mesure.

« Ces parcours sont parfaitement adaptés au monde du handicap, reprend Thomas tout en guidant Daniel entre deux arbres. Progressivement, ils découvrent leur environnement ; ils apprennent à grimper, à se laisser porter, à avancer sur un autre support que la terre. Chaque fois, ils repoussent leurs limites et toutes les difficultés rencontrées sur le parcours sont forcément résolues au fur et à mesure. C’est idéal pour travailler le dépassement et la valorisation de soi. »

« Allez, essaie de trouver une solution, enchaîne ! », incite Antonin à Mathieu, en confiance dans les airs. « Si tu veux faire du trampoline, vas-y ! », lance-t-il à Raphaël, arrivé au bout du parcours. « Bah, pourquoi tu veux tomber… », glisse-t-il à un Pierrick soudain apeuré à l’entame d’une tyrolienne. « Après avoir côtoyé un public tel, on sait qu’on restera calme en toutes circonstances face à un public classique, sourit l’animateur. Cela nécessite plus d’empathie. On sait qu’on leur demande beaucoup, mentalement et cognitivement. »

« Le handicap s'efface »

« En plus des activités cognitives et scolaires, ces jeunes pratiquent quasiment tous les jours une activité physique, précise leur éducateur. Cela fait partie de leur équilibre, ils ont besoin de se dépenser. Cela leur apprend aussi à se socialiser et c’est l’occasion de voir le monde extérieur. »

Pour leurs familles aussi, c’est valorisant ; elles n’imaginaient pas avoir accès à de telles activités.

«  Par ces activités, on arrive à passer outre leurs difficultés ; leurs stéréotypies sont atténuées par l’effort, le handicap s’efface. Et pour leurs familles aussi, c’est valorisant ; elles n’imaginaient pas avoir accès à de telles activités, elles savent maintenant qu’elles peuvent les emmener dans d’autres parcs accrobranche. »

Tour à tour, Mathieu, Raphaël, Pierrick et Daniel sont redescendus des arbres et ont enlevé leur baudrier. C’est l’heure de rentrer à l’IME. Avant lundi et quel que soit le temps, ils demanderont à « grimper dans les arbres » !

(*) Des groupes de l’IME et de la maison d’accueil Vallée pré Saint-Jean de Peyrelevade, de l’IME Estia à Saint-Setiers, du foyer Les tamaris à Sornac et Les Albizias à La Courtine profitent aussi des animations sport santé proposées par la Station Sports Nature.

Accrobranche, escalade, mais aussi disc golf, sarbacane ou canoë-kayak… Sur les installations de la Station ou dans les établissements, lors de journées spéciales tir à l’arc, paddle géant ou slackline ou d’événements comme le championnat régional de canoë sport adapté.

10 % du chiffre d'affaires

« Le programme Sport Santé représente environ 10 % de notre chiffre d’affaires. En tout, nous touchons 80 résidents sur 900 participations, soit 9 à 10 groupes chaque semaine, de 7 établissements. Nous sommes remontés, voire, nous avons dépassé les chiffres d’avant-Covid. »

Un succès qui tient à la qualité des animations et aux bienfaits qu’elles procurent aux résidents, mais aussi à leur tarification. 5 € par personne et par séance grâce à un subventionnement de l’Agence régionale de santé, dans le cadre du plan Nutrition Santé en 2015. « Cela nous permet de proposer des activités à tous les résidents possibles, selon leur niveau », apprécie Clément, et de « maintenir pour la Station une activité en hiver, alors que pas mal de périscolaires arrêtent ».

Une fois par semaine, la station propose des activités aux résidents de l’EHPAD d’Eygurande. Frisbee, jeux de ballon, sarbacane, swimgolf ou boccia, une pétanque avec des balles molles inscrite au programme des Jeux Paralympiques. Des activités qui travaillent gestuelle, mémoire, souffle et sociabilité.

Blandine Hutin-Mercier