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Март
2024

Pôle "cold cases" de Nanterre : un quatrième juge d'instruction et des moyens supplémentaires annoncés

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Pôle

Alors que la juridiction fête ses deux ans, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a promis des moyens supplémentaires au pôle "cold cases" de Nanterre, jeudi 7 mars. Très attendue, l'arrivée d'un quatrième juge d'instruction a été annoncée.

L'annonce de sa création le 1er mars 2022 avait suscité des attentes immenses chez les familles de victimes, pour certaines sans réponses depuis des décennies après la disparition ou la mort violente d'un proche.

Deux ans après son installation entre les murs du palais de justice de Nanterre (Hauts-de-Seine), le pôle des crimes sériels ou non élucidés devrait bénéficier de moyens supplémentaires, avec l’arrivée de deux magistrats, dont un juge d'instruction, "à l'horizon 2025". 

Une "montée en puissance" annoncée jeudi 7 mars par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, lors d'un déplacement au sein de la juridiction spécialisée.

Le pôle saisi de 105 dossiers

Réclamé depuis des années par des avocats et des associations de victimes, le pôle "cold cases" a été sollicité depuis sa création pour 385 procédures, ont détaillé, lors d'une conférence de presse, Pascal Prache et Benjamin Deparis, respectivement procureur de la République de Nanterre et président du tribunal judiciaire de Nanterre.

Toutes ces procédures n'ont pas été acceptées : le pôle est aujourd'hui officiellement saisi de 105 dossiers non élucidés, dont trois ont débouché ces deux dernières années sur des mises en examen de suspects, comme en janvier 2024 dans l'affaire Caroline Marcel. Le meurtre de la joggeuse, étranglée sur les bords du Loiret le 22 juin 2008, restait non élucidé depuis quinze ans.

Éviter de reproduire les mêmes erreurs

L'annonce d'un quatrième juge d'instruction était très attendue, alors que les cabinets des trois magistrates installées (Sabine Khéris, Nathalie Turquey et Emmanuelle Ducos) ont à leur charge en moyenne aujourd'hui, chacun, une trentaine de dossiers. L'idée étant de ne surtout pas "surcharger les juges d'instruction du pôle, en reproduisant des erreurs qui ont pu conduire, ailleurs, à ce que certaines enquêtes arrivent ici", prévient Pascal Prache.

Sur certains dossiers, les trois juges d'instruction travaillent en binôme. Un seule enquête non élucidée, la tuerie de Chevaline, est aujourd'hui instruite "en collégialité" par les trois magistrates, a indiqué Pascal Prache.

Enquête sur des "parcours criminels"

Autre innovation portée par le pôle : l'élaboration de parcours criminels, une méthode d'investigation qui consiste à retracer la "trajectoire de vie" de personnes susceptibles d'être impliquées dans des crimes sériels. "On prend le contre-pied de ce que l'on fait habituellement en matière d'enquête, à savoir partir d'un "fait" qui a été commis ; ici, on tente de dégager une trajectoire de vie qui pourra ensuite, peut-être, être rattachée à des faits non élucidés."

La défi de la "mémoire criminelle"

Le défi pour les années futures : l'élaboration d'une "mémoire criminelle", alors qu'il n'existe en France aucun chiffre officiel sur le nombre de crimes restés non élucidés. Un manque, avait déploré l'avocat spécialiste des cold cases Didier Seban, lors d'une conférence de presse à son cabinet, le 5 mars.

Le conseil avait salué la création du pôle mais déploré un manque de moyens, sur le front des effectifs et des outils informatiques notamment. Un frein là encore à l'établissement d'une "mémoire criminelle", avait déploré l'avocat.

Sarah Bourletias