Pourquoi Alexis Phelut est revenu métamorphosé de son stage au Kenya [épisode 3 de notre série Le pari olympique]
Alexis Phelut a accepté que La Montagne le suive au plus près, tout au long de sa préparation pour obtenir une qualification aux Jeux Olympiques de Paris. Entraînements, rendez-vous médicaux, stages, retour dans son Cantal, compétitions… Le steepler ouvre les coulisses de son quotidien d’athlète de haut niveau.>> Lire l'épisode 1>> Lire l'épisode 2
Libéré. À la fois physiquement et mentalement. Alexis Phelut ne pouvait guère espérer mieux de son stage de cinq semaines au Kenya, dont il est revenu le 15 février dans une forme qu’il n’avait plus connue depuis des mois. « Cela fait huit ans que je vais à Iten, je n’ai jamais fait un stage aussi bon, se réjouit le spécialiste du 3.000 m steeple. Mon niveau de forme actuelle n’est vraiment pas loin d’être similaire à celui que j’avais avant toutes mes galères. »
La dernière en date, une pubalgie à la hanche révélée à l’automne, avait nécessité une infiltration pour qu’il puisse continuer de s’entretenir. Une seconde avait été envisagée avant son départ au Kenya, histoire d’être sûr de pouvoir s’entraîner. Il n’en a finalement rien été. Sans regret, la gêne ayant fini par disparaître.
« Je reprends du plaisir à me faire mal à la g… »« Là-bas, je n’ai pas changé grand-chose à ce que je fais d’habitude. Si ce n’est que j’ai fait en sorte de garder un peu de marge à chaque séance, explique Phelut. Déjà, parce que j’avais un peu d’appréhension, je n’avais pas beaucoup d’entraînement à pied derrière moi, puis parce qu’à 2.400 m d’altitude, c’est toujours plus difficile. J’avais vraiment besoin de faire du volume et donc d’effectuer cinq semaines complètes. D’habitude, j’ai toujours un petit coup de mou entre la troisième et la quatrième semaine. Là, rien du tout. »
Entouré de son entraîneur Jean-François Pontier, de son kiné Yohann Levadoux et de ses partenaires d’entraînement Baptiste Coudert, Nuru Kangogo et Elias Kiptoo, le Cantalien a avalé les kilomètres, à raison de six jours d’entraînements par semaine. Aux footings se sont rapidement succédé les séances de fartlek (alternance de phases de sprint anaérobies et de phases calmes aérobies) et les sorties longues avec seuils (changements d’allure). Il a même repris la musculation. Ou quand les jambes font du bien à la tête.
« Depuis, mentalement, c’est le jour et la nuit. Je reprends beaucoup de plaisir à m’entraîner. Franchement, l’athlé me faisait plus de mal que de bien depuis deux ans, reconnaît-il. Mes entraînements étaient saccadés, toujours perturbés par les blessures. Je cogitais en permanence, je n’étais concentré que sur les douleurs et non sur ce que j’avais à faire. Là, je reprends du plaisir à me faire mal à la g… Après toutes les galères que j’ai connues, j’ai pris conscience que c’était une chance, et j’avoue que je ne m’en étais jamais rendu compte avant... »
Un cross décevantÀ son retour en France, les espoirs de performer aux championnats AuRA de cross-country d’Aix-les-Bains, le 18 février, étaient légitimes. Parti fort pour jouer la gagne, Alexis Phelut a finalement déchanté peu avant le deuxième kilomètre de course, à court de jus. Résultat : une décevante 19e place, à 38 secondes du vainqueur. « J’ai pris une sacrée claque, je ne m’y attendais pas du tout et honnêtement, je n’ai pas vraiment d’explications. C’était un jour sans. »
Sonné et l’ego touché, le pensionnaire d’Envol accuse le coup. Il doit évacuer sa frustration. Mais plutôt que de « faire n’importe quoi pendant trois jours, à voir des potes et manger n’importe quoi comme je pouvais le faire », l’athlète préfère se tourner vers d’autres proches, l’ex-président du Clermont Athlé Maxime Millot et sa compagne Meriem (ex-Sahnoune), spécialiste du 800 mètres.
« On a beaucoup discuté, ils connaissent le sport de haut niveau et savent ce que j’ai pu vivre. Ces échanges m’ont fait du bien et m’ont permis de relativiser. Puis, si je veux aller aux Jeux, je n’ai plus de temps à perdre. »
Vincent Balmisse