Pour l'ex-ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, « il manque une orientation générale »
« Quand on fait de la politique, c’est pour préparer l’avenir, pour les jeunes. » L’ex-ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll était ce mercredi et ce jeudi à Limoges, où il a notamment rencontré des élèves du lycée Léonard-Limosin, jeudi matin.La veille au soir, le Parti socialiste l’avait convié à une réunion publique sur son thème de prédilection, lui, qui a occupé la rue de Varenne, pendant cinq ans.
— Lysandre Merlier (@lmerlier_) March 7, 2024
« Avec la crise agricole, qu’on a traversée, on a vu que tout le monde avait un avis sur le sujet, souligne la première secrétaire et candidate aux Européennes, Gulsen Yildirim. Mais c’est un sujet complexe qui nécessite un peu de maîtrise. » Et l’actuel maire du Mans n’en manque.
« Fausse bonne idée »Ces difficultés, Stéphane Le Foll « les a vues arriver », même si comme il dit, il « n’est plus aux responsabilités depuis sept ans ». Il n’en a pas perdu une miette, « des panneaux inversés » au « discours sur les bottes de paille » de Gabriel Attal jusqu’au Salon de l’agriculture, où « les agriculteurs ont normalement demandé des comptes au Président » et il en tire aujourd’hui une certitude, en forme de bilan. « La crise est toujours là et il manque un cap et une orientation générale au gouvernement. Il faudrait des grandes orientations, notamment pour concilier les questions écologiques et économiques. »
En la matière, l’ex-ministre de François Hollande voit dans les prix planchers, « une fausse bonne solution ». « Des prix fixés, sans parler de quantité, ça n’existe pas, analyse-t-il. Ça n’a pas de sens s’il n’y a pas de quotas. » Sur les traités de libre-échange, une sortie est envisageable, « mais intelligemment », dit-il.
« Ces traités bilatéraux sont liés à l’arrêt de l’OMC, qui permettait d’avoir des stratégies sur 15-20 ans et plusieurs pays. En bilatéral, un jeu de troc se met en place, ce qui est souvent très mauvais pour l’agriculture. »
Alors que le débat des Européennes pourrait à nouveau tourner autour des enjeux agricoles, Stéphane Le Foll refuse tout nationalisme obtus. Il veut au contraire se servir de la PAC pour « verdir » l’agriculture. « C’est-ce qu’on avait fait en 2013, où on était passé de 10 à 30 % des sommes PAC liés à des critères de verdissement. Le problème, c’est qu’on a renvoyé cela à des stratégies nationales qui favorisent la concurrence entre les pays. »
« Toujours opposé à la Nupes »Dans son discours, une ligne claire, européenne et sociale-démocrate se dessine. Alors que le retour de François Hollande a été évoqué, cette semaine, son fidèle lieutenant, veut croire que la chance de la gauche se situe sur cette ligne. « J’ai toujours été opposé à la Nupes, conclut-il. La seule question que la gauche doit se poser, c’est “Veut-elle gouverner ou non ?”. Or, la social-démocratie a cette vertu qui va permettre de chercher le consensus. Il faut un programme qui soit admis par 50 % des citoyens et ça ne peut pas être une ligne radicale. »
Sébastien Dubois