Quand Raphaël Quenard, révélation masculine des César 2024, tournait en Limousin

« Vive l’Académie, vive la France ! ». C’est ainsi que Raphaël Quenard a conclu son discours avant de quitter la scène son César sous le bras, devant un parterre du cinéma français quasi debout et hilare, comme la nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati.

Nominé trois fois et ainsi révélé au grand public, il n’était pas un inconnu en Limousin. En août 2019, « il marchait en slip de bain sur les bords de la piscine de La Souterraine », sourit Matthieu Ruyssen, qui réalisait dans la Creuse et au lycée du Mas-Jambost son premier court métrage intitulé Les baleines ne savent pas nager. « Il est agréable et a un talent particulier qui vient d’exploser aux yeux de tous », se réjouit-il. À l’époque, les regards étaient plutôt tournés vers Martin Daquin, à la notoriété alors plus grande, et qui tenait le rôle principal du lycéen complexé par son physique et moqué par ses camarades.

Raphaël Quenard jouait l’entraîneur ultra-rigoureux de l’équipe de natation synchronisée. « Nous n’avions échangé qu’au téléphone en amont avec Raphaël et il m’avait demandé : “Tu es à cheval sur les dialogues ?”. Je lui avais répondu non, et quand il était arrivé, il avait tout réécrit en plus drôle et en gardant l’esprit », se souvient le réalisateur. « Le deuxième jour, il avait fait chanter aux figurants un hymne à la gloire de Virginie Dedieu dans une proposition que je n’ai finalement pas monté, mais j’ai tenu à accompagner sa nature ! »

 

Aujourd’hui, « la région Centre Val de Loire projette régulièrement le court-métrage pour parler du harcèlement aux collégiens, je suis touché qu’il soit devenu pareil outil », explique Matthieu Ruyssen. Un court métrage réalisé en Limousin en guise de point de passage pour Raphaël Quenard, dont l’élocution fût parfois raillée, mais qu’il fit le choix de ne pas changer. Cette authenticité a payé, elle n’a d’ailleurs pas échappé à des réalisateurs comme Quentin Dupieux (Mandibules et Yannick), et pourrait, à l’avenir, lui ouvrir les portes d’un destin encore plus grand.