ru24.pro
World News in French
Февраль
2024

Thierry Meunier, originaire de Haute-Vienne, a été mis en examen pour le meurtre de sa seconde épouse Véronique Duchesne

0

« Il a floué tout le monde. Partout où il est passé, il a piqué de l’argent. » Thierry Meunier, 61 ans, originaire de Bellac, dans le nord de la Haute-Vienne, a été mis en examen et placé en détention provisoire le vendredi 22 décembre 2023 pour le meurtre de son épouse, survenu en 2010.

Âgée de 47 ans, Véronique Duchesne a disparu le 6 octobre 2010 à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor) et son corps a été retrouvé trois jours plus tard à une quinzaine de kilomètres par des pêcheurs.

De multiples escroqueries

Si, dans un premier temps, l’hypothèse du suicide prime, les médecins légistes révèlent que Véronique Duchesne est morte étranglée et présente une fracture du nez, ainsi que de nombreux hématomes au visage et un traumatisme du cou. Trois mois après la découverte du corps, son mari, Thierry Meunier, est placé en garde à vue, mais relâché, faute de preuves matérielles. Treize ans plus tard, il est finalement désigné comme le suspect numéro 1.

Ce dimanche 25 février 2024, l’émission de TF1 Sept à Huit est revenue sur ce rebondissement de l’affaire qui fait parler jusqu’à Bellac, ville qui a vu grandir Thierry Meunier. Mais aussi où il a commis ses premières escroqueries. « Il n’avait pas bonne presse. Partout où il est passé, il a piqué de l’argent », se souvient un commerçant. Issu d’une famille de classe moyenne, et fils d’un major de gendarmerie, Thierry Meunier se lance dans les assurances avec sa première épouse, rue Thiers à Bellac.

« Il avait un sacré train de vie. Il roulait dans de belles voitures, c’était l’époque des premiers cabriolets. Mon père me disait : “J’aurais dû faire assureur” », relate l’un de ses anciens amis. Mais en quelques années, Thierry Meunier est accusé d’avoir détourné de l’argent. Le cabinet ferme. « Il voulait épater la galerie, il louait des grosses voitures. Il a arnaqué beaucoup de monde avec les assurances. Quand ils l’ont appris au Lion’s Club, dont il était membre, ils l’ont radié », révèle un Bellachon.

Thierry Meunier se lance alors dans la gestion de l’Intermarché de la commune au début des années 1990. Mais en 1993, l’homme est condamné à huit mois de prison avec sursis et une amende de 100.000 francs pour banqueroute, dissimulation et détournement. Il lui est interdit de gérer une entreprise pendant vingt ans.

« C’était un flambeur »

Une condamnation qui ne l’arrête pas. Thierry Meunier se lance dans l’immobilier et crée, toujours à Bellac, une SCI et place à la tête de celle-ci sa première épouse. Quelques années plus tard, les biens sont vendus aux enchères. Pendant quinze ans, sa femme aurait remboursé les dettes du couple. Ils divorcent en 1999. « C’était un flambeur. Il se baladait dans sa Golf cabriolet, avec les clubs de golf à l’arrière. Je le voyais ne faire que ça. Mais quand il venait au bistrot, il buvait ce qu’il y avait de moins cher », raconte un habitant.

« Un jour, l’un de ses meilleurs amis a dit à mon père : “Tu interdis à ton fils d’approcher Thierry Meunier, tu ne l’approches plus”. Je n’ai pas compris à l’époque, car j’étais jeune. Moi, j’ai passé des bons moments avec lui au tennis. Quand j’avais une galère, j’allais voir Thierry », se remémore l’un de ses anciens amis.

Après ces déboires avec la justice, Thierry Meunier ne fait plus que de rares apparitions à Bellac, notamment pour rendre visite à ses parents. « Parfois, il venait lire au bord du Vincou dans sa voiture. Il était très isolé depuis sa première histoire avec la justice. Certains de ses amis, même les plus proches, ne veulent plus entendre parler de lui », confesse une riveraine.

Endetté à hauteur d'un million d’euros

En 2005, Thierry Meunier se marie avec Véronique Duchesne qu’il a rencontrée dans un bar à Poitiers et s’installe dans les Côtes-d’Armor. Celle-ci vend sa maison et, ensemble, ils investissent dans deux bars à Poitiers. Un an plus tard, ils font faillite. Quatre ans après leur union, le couple est endetté à hauteur d'un million d’euros.

Thierry et Véronique sont finalement embauchés dans une agence immobilière où l’homme aurait continué ses malversations en détournant des dossiers de vente. Un an plus tard, le corps de Véronique Duchesne est retrouvé. Thierry Meunier est entendu, mais est finalement placé sous statut de témoin assisté en 2011.

Depuis, le sexagénaire a refait sa vie à plusieurs reprises. Deux mois après la mort de Véronique Duchesne, il rencontre sa nouvelle compagne. Une femme possédant un important héritage. Le couple investit dans un hôtel et dans un restaurant au Sénégal. En quelques années, sa compagne est ruinée et le couple se sépare. Thierry Meunier poursuit sa vie au Sénégal et n’est jamais mis en examen pour le meurtre de sa seconde épouse, Véronique Duchesne.

Interpellé au Sénégal

Mais, en octobre 2022, un mandat d’arrêt est décerné par la quatrième juge d’instruction en charge du dossier. Le jeudi 24 novembre 2022, il est interpellé par la police sénégalaise à la station balnéaire de Saly, à une centaine de kilomètres de Dakar. Thierry Meunier est finalement remis aux autorités françaises, plus d'un an après, mercredi 20 décembre 2023, dans le cadre d’une procédure d’extradition. Depuis, Thierry Meunier est incarcéré provisoirement à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis et doit faire l’objet d’une expertise psychiatrique.

Son avocat, Me Richard Forget, dénonce dans les colonnes de nos confrères de Ouest-France « la construction d’un coupable par la justice ». Thierry Meunier clame son innocence depuis treize ans, tout comme Me Richard Forget : « Il est totalement étranger au meurtre de sa femme. »

Toujours dans les colonnes de Ouest-France, l’avocat indique que « personne, ni aucun fait, ne m’a fait douter de son innocence, ni ne m’a prouvé sa culpabilité. Il n’y a pas de mobile. Personne ne parle de dispute épouvantable entre les époux, ni de violence, personne ne l’a vu aller sur la plage le 6 octobre 2010 » et « qu’il n’y a pas une ligne sur des faits nouveaux ».

Mais à Bellac, les soupçons persistent. 

 

Émilie Montalban