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Февраль
2024

“Il n’y a pas d’ombre dans le désert” : l’héritage traumatique en question

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C’est le récit d’une fugue, menée depuis les bancs d’un procès en train de juger un criminel de guerre nazi, vers le désert israélien. Au cœur de ce tableau aux formes rocailleuses blanchâtres, qui fait glisser Il n’y a pas d’ombre dans le désert vers la tragédie antique, Anna (Valeria Bruni Tedeschi) et Ori (Yona Rozenkier) vont se rencontrer et raconter la douleur de cette transmission.

Le film de Yossi Aviram fait de cet aparté dans le désert, et non du lieu qui rend la justice, le véritable théâtre permettant la prise de parole et la potentielle réparation de la deuxième génération de survivant·es de la Shoah.

Préserver une trace

Elle, essaye de convaincre son père de se rendre à Jérusalem pour témoigner au procès, lui, est le fils d’une victime du nazisme qui vient de passer à la barre. De par leur héritage traumatique, un autre lien plus souterrain relie les deux personnages. Anna est écrivaine, soucieuse de donner une forme à la mémoire, tandis que lui voue une obsession pour un squelette anonyme, qu’il souhaite absolument identifier.

Le film figure l’importance pour les deux êtres d’enregistrer et de préserver une trace (manière de contrecarrer ce à quoi l’entreprise de la Shoah était dédiée : l’effacement). Hélas, ce commentaire sur ses personnages peine à se transcender à l’écran et à trouver une véritable incarnation dans leur corps. En musique, une fugue se clôt lorsqu’elle a trouvé sa résolution. Le film aurait gagné, pour sa part, à donner à ses âmes égarées un avenir moins tracé et filmer davantage l’horizon irrésolu qui se dresse devant eux.

Il n’y a pas d’ombre dans le désert de Yossi Aviram, avec Valeria Bruni Tedeschi, Yona Rozenkier et Germaine Unikovsky. En salle le 28 février