Enedis : son plan pour embaucher 10 000 personnes d'ici 2027
Électriciens, chargés de projet, ingénieurs big data ou encore analystes cyber… Enedis a besoin de vous ! Le distributeur d’énergie, qui détaille ce lundi 26 février sa nouvelle campagne de recrutement, prévoit d’embaucher 10 000 personnes d’ici à la fin 2027, dont 2 800 dès cette année, du CAP au Bac + 5. Le groupe compte ainsi augmenter ses effectifs de 25 % dans les 3 ans qui viennent, avec des postes à pourvoir dans l’ensemble des régions françaises. L’électrification, nouveau moteur de l’emploi ? Trois leçons peuvent être tirées de ce recrutement hors normes.
Tout d’abord, la France sortira transformée de sa transition énergétique. On sait déjà que notre pays comptera de nouveaux réacteurs nucléaires, ainsi que de nouvelles lignes électriques à très haute tension… Mais ce n’est qu’une petite partie du futur maillage. L’an dernier, Enedis a réalisé 200 000 raccordements de sources renouvelables - du photovoltaïque essentiellement - au réseau. Et ce n’est qu’un début. "Il va falloir continuer d’accompagner les besoins de nos clients, qui concernent aussi les infrastructures, toujours plus nombreuses, de recharge pour véhicules électriques", explique Fabien Blanc, directeur Transformations Emplois Compétences. Chez Enedis, les salariés parlent désormais de deuxième électrification du pays. Celle-ci peut se résumer en deux chiffres, précise Fabien Blanc. "Aujourd’hui, l’électricité représente 25 % de la consommation finale d’énergie. En 2050, cette part devrait monter à 55 %".
Deuxième leçon, la France et ses grandes entreprises doivent faire leur mue rapidement en matière de ressources humaines. La faute à l’immobilisme passé ? Chez Enedis, on assure être sensibilisé depuis longtemps à la question des nouveaux recrutements. Ces derniers ont même démarré il y a 2 ans. "Si on tient le rythme de 2022 et 2023, on devrait atteindre notre objectif de 10 000 postes", soutient Fabien Blanc. Cependant, certains métiers deviennent difficiles à trouver. C’est le cas par exemple des électriciens, plus habitués à travailler à leur compte qu’à œuvrer pour le réseau national. Conscient du problème, Enedis a mis en place l’an dernier des classes spéciales dans une cinquantaine de lycées professionnels, où 30 % des enseignements portent sur les réseaux. Ce dispositif devrait bientôt monter en puissance. Pouvait-on mieux anticiper ? La presse évoquait déjà une pénurie d’électriciens… en 2006. Sauf qu’à l’époque, le changement climatique n’était pas vraiment dans le radar de l’Etat et des multinationales. Cette histoire rappelle celle de la filière nucléaire, elle aussi confrontée aux difficultés liées à sa relance tardive. A une différence près : pour Enedis, il s’agit d’une question de volume d’embauches, pas d’une perte de savoir-faire.
Dernière leçon, dans cette nouvelle France qui se dessine, les salariés prennent le pouvoir. Pour tenir ses ambitions RH, Enedis déroule le tapis rouge à ses futurs employés. "Nous valorisons mieux notre contrat social. Par exemple, un accord permet d’avoir jusqu’à 10 jours de télétravail par mois. Les horaires de travail deviennent également plus flexibles le matin. Par ailleurs, nous travaillons beaucoup sur des plans de carrière : 30 % de nos techniciens deviennent agent de maîtrise au bout de 10 ans. Et un cadre sur deux ne l’était pas en rentrant dans l’entreprise. Enfin, nous investissons beaucoup dans la formation qui représente 7 % de la masse salariale", détaille Fabien Blanc. Ces éléments, Enedis les porte jusque sur les réseaux sociaux, afin de sensibiliser les plus jeunes. "Il faut réenchanter le métier d’électricien", résume le directeur. Dans son dernier spot publicitaire, Enedis ne recherche donc pas des techniciens mais "des acrobates, des magiciens, des explorateurs"… Le message passera-t-il ? "On s’en donne les moyens", assure Fabien Blanc. Apporter la lumière dans les foyers : la promesse n’est pas exempte de ce fameux "sens" que la jeune génération réclame à longueur d’enquêtes.