"Éviter que l'église tombe" grâce aux dons : la lutte pour le petit patrimoine en Creuse
« On n’a plus le droit de faire sonner la cloche car il y a une chance sur deux qu’elle chute sur quelqu’un. » Damien Weiss, secrétaire de mairie à Lizières, résume ainsi la situation de l’église au centre de sa commune creusoise. Seulement voilà, le village d’environ 230 habitants ne peut se permettre des travaux. Alors, ils s’en sont remis à la Fondation du Patrimoine.
Face à l’inflation, un gros investissementProlifération d’algues et de champignon, instabilité structurelle des murs du bâtiment… « Le but, c’est d’éviter que l’église tombe sur les maisons d’à côté », récapitule Damien Weiss. Le premier diagnostic a été posé en 2016-2017 avec un « danger clair et identifié ». Suite à cela, la mairie avait obtenu une première enveloppe assez conséquente grâce au loto du patrimoine. En 2022, une collecte de dons a suivi grâce à la Fondation du patrimoine.
Toutes les démarches prennent du temps et de l’argent. « La mairie doit avancer les frais pour se les faire justifier après car pour avoir des financements, il faut un devis. » Seulement, l’inflation passe par là entretemps. « Il y a eu une mise à jour du dossier car les prix des matériaux ont bien augmenté depuis le premier diagnostic. »
La petite commune tente de trouver d’autres fonds avec l’organisation de repas ou animations. « On doit aussi continuer d’assurer l’entretien des routes pour les Liziérois après tout. »
Selon le délégué départemental de la Fondation du patrimoine, Philippe Cholley, l’organisme permet justement de « rassurer les communes, leur montrer qu’elles ne sont pas isolées et qu’il y a toujours des aides ». Certains maires peuvent se sentir dépassés par l’ampleur des travaux à réaliser.
« Moi, si je vois une église en mauvais état, il m’arrive de démarcher la commune. » Avant de lancer une souscription publique, les bénévoles comme lui échangent avec les maires pour les renseigner sur toutes les aides à leur disposition. « Nous, on est le reste à charge. »
Le délégué de la Fondation du Patrimoine nuance :
Il y a bien un coût mais c’est un investissement. Le bâtiment peut devenir un lieu d’exposition, attirer des touristes, voire de nouveaux arrivants
Il sait que la population locale reste attachée à ce patrimoine, même quand elle ne reste pas sur place. « Sur la liste des donateurs, on voit passer des chèques de Lille, Strasbourg… La diaspora creusoise souhaite préserver son souvenir du département. »
Passer par la Fondation du Patrimoine est une étape inévitable aux yeux de Sylvie Nicoulaud, investie pour le bâti ancien sur deux plans. Tout d’abord comme adjointe à la mairie d’Auge, commune de moins de cent habitants dans le nord est de la Creuse. « Auge n’a que très peu de moyens pour mettre en valeur son patrimoine alors la seule solution est de trouver un bénévole passionné. » Si un habitant peut aider à faire vivre un lieu, ce n’est pas lui qui y effectuera des travaux. Or l’église communale en a bien besoin.
Également déléguée départementale des Maisons Paysannes de France, elle s’intéresse à l’église d’Aubusson. Selon le maçon traditionnel Laurent Defemme, des travaux sont nécessaires car les enduits en ciment enferment l’humidité avec les peintures et fresques des lieux.
Charlotte Mathiot