C'est quoi le faux-indigo, cette plante envahissante qui colonise la peupleraie d'Iloa, à Thiers ?
Un joli feuillage, de belles fleurs violettes, un arbuste qui peut monter jusqu’à trois ou quatre mètres de haut… C’est beau, le faux-indigo. Beau, mais très envahissant. Cette plante a colonisé la peupleraie d’Iloa, cet espace de nature qui se trouve à droite du parking et correspond aux anciennes sablières de Courty. Elle a notamment jeté son dévolu sur l’un des étangs, dont les berges sont totalement asphyxiées par cet arbuste qui n’aurait jamais dû arriver là.
"D’après les informations que l’on a, le faux-indigo avait été planté par des paysagistes, pour le compte de la Ville de Thiers", souligne Thomas Barnérias, maire de Dorat et vice-président de Thiers Dore et Montagne (TDM). D’ailleurs, il est toujours vendu dans le commerce. Mais ce n’est plus l’heure de regarder en arrière : Thiers Dore et Montagne se met en ordre de marche pour lutter contre cette espèce invasive dont la présence à Iloa est la seule connue du Puy-de-Dôme en milieu naturel, d’après le Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne.
Le problème de cette plante envahissante, c’est qu’elle prend tout l’espace, il n’y a plus qu’une seule espèce autour d’elle, cela pose un vrai problème de biodiversité, poursuit-il.
Une étude au préalableUne action d’arrachage avait déjà été menée en 2020 par le CEN au bord de la Dore, pour éviter la dissémination des graines à travers le cours d’eau. Mais la tâche qui reste à accomplir pour se débarrasser de "l’Amorpha fruticosa" est immense. Il faut forcément commencer par une étude. "Une fois qu’on l’aura, il y aura du travail pour dix ans. Ça va être le tonneau des Danaïdes", se prépare Thomas Barnérias, en référence à ces filles de la mythologie, condamnées à remplir sans fin un tonneau percé ! Mais pour le faux-indigo, il y a encore de l’espoir que le travail porte ses fruits : "On peut encore faire quelque chose !"C’est une des premières actions qui va être menée sur ce site naturel pour lequel la communauté de communes a plusieurs projets, depuis qu’elle l’a racheté, en 2018. L’intercommunalité avait acquis ces douze hectares de parcelles pour compenser la destruction de zones humides lors de l’aménagement de la zone d’activités de Matussière à Thiers, quelques années plus tôt.
Un plan de gestion à valider
Aujourd’hui, le site fait l’objet d’un plan de gestion biodiversité, commun entre Thiers et TDM, mené par le Conservatoire d’espaces naturels. Plusieurs projets sont en gestation, qui doivent encore être votés en conseil communautaire pour être validés. Mais l’idée qui se détache est de valoriser cette zone des anciennes gravières, pour en faire un espace encore plus naturel que l’autre partie d’Iloa, davantage aménagée pour le loisir et le tourisme.
À côté de la lutte contre le faux-indigo, une des premières mesures qui devraient être prises est l’interdiction de l’accès aux voitures dans la peupleraie. "Parce qu’il y a des dépôts sauvages", constate le vice-président. Une autre urgence est de faire tomber les arbres morts qui surplombent les chemins qu’empruntent les piétons, pour leur sécurité.Arbres morts à faire tomber, Iloa, Thiers.
Au-delà, si le vote le confirme, la communauté de communes aimerait mettre en place un observatoire de la faune et de la flore ; valoriser un verger qu’elle a racheté ; faire revenir la végétation naturelle en bord de Dore ; favoriser le pâturage tournant, le fauchage tardif, les pollinisateurs ; aménager un parcours découverte qui ferait tout le tour d’Iloa ; ou encore créer un site de pêche éco-responsable…
Pour faire d’Iloa, site Natura 2000, un sanctuaire de biodiversité.
FredonLors du conseil communautaire du 1er février, les élus de Thiers Dore et Montagne ont validé l’adhésion de la communauté de communes à la Fredon Auvergne Rhône Alpes, un organisme qui intervient sur des missions de surveillance du patrimoine végétal, de gestion des espèces nuisibles à la santé humaine, végétale et environnementale. « Cela va nous donner accès à de la formation et de la documentation », explique Thomas Barnérias, vice-président de TDM en charge de la gestion de l’eau. Cet organisme va donc aider la communauté de communes, avec le Conservatoire d’espaces naturels, à lutter contre le faux-indigo, mais aussi contre l’intégralité des nuisibles, à l’échelle de tout le territoire. Coût de l’adhésion : 1.000 € par an.
Alice Chevrier