Maraîcher en Haute-Vienne, Thomas Gibert revient sur les échanges avec Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture
Quelques minutes après avoir assisté, ce samedi 24 février, à un petit-déjeuner d'échanges avec Emmanuel Macron, et après une première prise de parole de ce dernier devant la presse, lors d'une matinée sous très haute tension au Salon international de l'agriculture (SIA) à Paris, Thomas Gibert, maraîcher à Coussac-Bonneval, au sud de la Haute-Vienne et secrétaire national de la Confédération paysanne, a accepté de résumer cet entretien.
Qu'est-ce qu'il s'est dit lors de ce rendez-vous ? Comment cela s'est-il passé ?« Déjà, je voudrais revenir un peu sur la situation au Salon, il faut bien comprendre la colère de l'ensemble des paysans et paysannes. On voit qu'il y a des heurts qui débutent et il faut bien que le Gouvernement comprenne la situation dans laquelle on se trouve. Elle est quand même clairement catastrophique. Nous, cela fait bien longtemps qu'on le dénonce. Et on voulait appuyer sur la solidarité avec l'ensemble des paysans et paysannes qui galèrent. Maintenant, comment ça s'est passé, on a eu des propositions d'Emmanuel Macron. Clairement, il y a eu une grosse victoire de la Confédération paysanne qui est l'instauration de prix planchers dans la loi Egalim que nous avons portés dès le début. C'est enfin une mesure structurelle qui devrait tordre le bras à l'agro-industrie et à la grande distribution. Après, nous ne sommes pas dupes, nous allons faire extrêmement attention à ce que ces prix ne soient pas au rabais. Un prix plancher, il doit comprendre le coût de production, notre rémunération et notre couverture sociale. On a envie de payer des cotisations. Et la troisième chose, sur ce prix plancher, on sait très bien qu'il ne concerne absolument pas toutes les productions. Il faut que ces prix planchers puissent englober l'ensemble des productions, notamment les fruits, les légumes, l'apiculture, toutes les filières d'élevage, etc. Donc il y a énormément de boulot encore à faire sur cette loi Egalim pour que vraiment tout le monde puisse avoir un prix rémunérateur et puisse vivre dignement de son métier. »
Ouverture du Salon international de l'agriculture 2024 sous très haute tension [Relire notre direct]
— Jean-Adrien Truchassou (@JA_Truch) February 24, 2024Dans quel état d'esprit êtes-vous ? Cela suffit-il à faire retomber la colère ?« Clairement, on en a gros sur la patate. De cette crise, il faut qu'on ait des actes concrets, on reste combatif. On est le seul syndicat à ne pas avoir démobilisé car on savait très bien que les solutions proposées ne seraient que des pansements au mal profond. Et ce qu'on dit aussi, c'est que si on met des prix planchers et qu'on reste en concurrence sur le marché international, rien n'empêchera la grande distribution à aller acheter ailleurs. Donc il faut aussi que ça soit couplé à une régulation du marché pour que nos productions puissent être vendues. D'ailleurs, on va faire une action pendant ce Salon pour dénoncer l'ensemble des traités de libre-échange qui étranglent notre profession et je pense notamment aux éleveurs et éleveuses de la Haute-Vienne qui sont en difficulté face à ces traités et face à un prix qui ne suffit franchement pas à un revenu décent. »
« Opération de comm'... »Si la Confédération paysanne a accepté d'échanger avec Emmanuel Macron lors du petit-déjeuner entre syndicats, celle-ci n'a, cependant, pas assisté au débat devant la presse avec les autres syndicats. « La Confédération paysanne a refusé de fournir des membres pour une délégation syndicale pour cette opération de comm' du Président de la République », a-t-elle indiqué sur X (ex-Twitter).
Jean-Adrien Truchassou