"J'étais un peu au fond du trou" : les confessions de Renaud, en pleine tournée
C’est qu’il nous a fait pleurer, Renaud. Rire, aussi. Et chanter à tue-tête. Poète rebelle, virtuose engagé, Renaud. Le blondinet en bandana et Perfecto a traversé la vie et ses épreuves. Aujourd’hui, il reste cet homme qui aime toujours la vie d’un amour fou. Renaud cultive cette aura, ce quelque chose de doux-amer, entre l’enfance et la révolte, la jeunesse et les excès. Il est cet artiste sensible qui, en deux vers, nous dit tout du monde. Ça vient du cœur et c’est en argot. Fidèle à lui-même, Renaud ne cache rien. De cœur à cœur.
Grand prix de l’Académie Charles Cros en 1992, Grande médaille de la chanson française en 2004 par l’Académie française, plusieurs victoires de la musique, Grand prix de la Sacem en 2018, NRJ Award d’honneur en 2022… Vous vous êtes distingué à bien des égards au cours de votre carrière, vous êtes même cité dans Le Petit Larousse de votre vivant. Ça vous fait quoi, tout ça?? Je suis toujours infiniment reconnaissant, envers ce public qui me soutient, ces Prix qu’on me donne. Ce sont des distinctions qui m’honorent. Mais je préfère les bonheurs aux honneurs.
Vous êtes actuellement en tournée, pourquoi est-ce important pour vous, ce rendez-vous avec votre public?? J’ai envie de rendre au public tout l’amour qu’il me donne. Ça me touche toujours parce qu’ils m’en donnent tellement. C’est l’essence de la scène. Ce don d’amour, ça réchauffe le cœur. Parfois certains fans viennent me voir, après le concert. Me dire qu’ils me suivent, me soutiennent, m’ont connu par mes démarches politiques. Ça me touche infiniment.
Monter sur scène chaque soir, c’est un bonheur éternel. J’ai un public formidable, qui me suit depuis près de 50 ans maintenant. On est devenus amis. Et c’est toujours un grand bonheur de se retrouver chaque soir.
Vous célébrerez, en 2025, vos 50 ans de carrière. Quelque chose de prévu?? Oui, pour fêter ça, j’aimerais sortir le concert de la Cigale que j’ai fait en 2009, qui dure 6 heures. J’avais chanté 70 chansons.
Vous avez sorti un duo avec Vianney, à l’automne 2023, Maintenant. Le jeune artiste s’interroge sur la vieillesse. En vaut-elle la peine?? Vianney semble préférer vivre mieux à vivre vieux. J’ai beaucoup aimé travailler sur ce duo que je viens de faire avec Vianney, j’ai adoré la chanson et j’ai adoré chanter avec lui. C’est un type formidable. Un grand artiste. Quant au propos… Je ne suis pas tout à fait d’accord avec lui. Je préfère vivre vieux. Dans “vivre vieux”, il y a “vivre”. Ça, ça m’intéresse.
Chevalier de la pléiade pour avoir défendu les idéaux de la francophonie, qu’est devenu le Renaud militant des années 1980?? Je ne défends plus beaucoup d’idéaux… Je suis un peu désabusé avec l’âge, un peu désespéré. J’ai l’impression qu’on ne peut plus faire grand-chose. En politique, j’en ai plus beaucoup, des idéaux à défendre.
Il reste le sucre de l’enfance au fond de votre café : votre album Les mômes et les enfants d’abord est double disque de platine. Pourquoi, toujours, revenir à l’enfance?? Parce que j’ai la nostalgie de mon enfance, à moi, cette enfance disparue. J’aime l’innocence des enfants, leur sensibilité. Ça me touche toujours infiniment. Ils n’ont que faire du passé, de la mort. Ils vivent, simplement, dans une forme de pureté. Ça me révolte, quand on s’en prend aux enfants.Photo : Jérémie Fulleringer
Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous porte?? L’amour, essentiellement. Cerise… Nous avons un projet de mariage, en mai 2024. C’est elle qui m’a fait renaître. J’étais un peu au fond du trou quand j’ai connu Cerise. Je sortais d’une longue période d’alcoolisme. Je m’en suis sorti miraculeusement, par la force de l’amour.
Propos recueillis par Anna Modolo
Tournée Dans mes cordes : le 1er mars à Vichy, le 2 mars à Poitiers, le 8 mars à Niort, le 9 mars à Aurillac, le 12 octobre à Vierzon, le 23 novembre à Chartres. Plus d’infos sur son site.