Pourquoi Courtney Lawes a choisi le CA Brive : entretien exclusif avec l'international anglais aux 105 sélections
Du haut de son double mètre, Courtney Lawes a la poignée de main franche mais le sourire aux lèvres et l’œil rieur. Le statut de légende du rugby anglais n’ébranle en rien la simplicité qui se dégage de l’international aux 105 sélections, arrivé à Brive dans la nuit de jeudi à vendredi avec sa femme et leurs quatre enfants.
Vendredi matin, avant de passer sa visite médicale de contrôle puis de parapher officiellement son contrat de deux ans, Courtney Lawes a accepté de se poser pour expliquer son départ de Northampton et les raisons qui l’ont poussé à s’engager à Brive.
Pendant ce temps, madame Lawes et les enfants étaient en visite dans le centre-ville, ils ont déjà découvert les madeleines Golfier, ont déjeuné dans un restaurant de Brive, avant d’assister à la rencontre face à Valence Romans. Ce week-end, toute la famille est en recherche d’un futur logement avant de rentrer en Angleterre.
Son départ des Saints
À Northampton, Courtney Lawes a tout connu. Son premier match en… 2007, son premier titre de champion d’Angleterre de… deuxième division en 2008 avant de remporter le championnat de première division six ans plus tard et deux Challenge Cup.
Alors forcément, « la décision de quitter mon club de toujours a été dure à prendre. Très dure. Avec du recul, c’est même d’ailleurs assez fou de me dire que je quitte Northampton parce que je n’ai jamais connu autre chose, aucun autre fonctionnement. Mais j’avais envie d’un dernier défi. D’un dernier challenge », explique le 2e ou 3e ligne qui se verrait bien terminer l’aventure avec un nouveau titre outre-Manche, les Saints étant actuellement premiers du championnat.
Pourquoi Brive ?
Courtisé par Montpellier, Provence Rugby et même un club du… Japon, Courtney Lawes a finalement choisi Brive. Et s’il ne cache pas que c’est au CAB qu’il a reçu la meilleure proposition financière, l’argent n’a pas été sa seule motivation.
« Lors de ma journée passée à Brive en janvier, j’ai vraiment senti qu’on me voulait. J’ai eu un très bon ressenti avec tout le monde, un très bon accueil. Andy Goode m’avait parlé du club, j’ai aussi longtemps joué avec Bruce Reihanna à Northampton et les échanges avec Pierre-Henry Broncan m’ont plu », commente Lawes qui avait un lien particulier avec son ancien sélectionneur Eddie Jones.
« J’étais très proche d’Eddie et je sais que pour travailler avec lui, il faut être assez psychopathe dans le boulot (rires). Quand tu travailles plusieurs fois avec lui, comme l’a fait Pierre-Henry, ça veut dire beaucoup. Le vestiaire est aussi très anglophone cela facilitera mon intégration dans un premier temps même si je compte bien apprendre le français », confie le futur briviste qui accorde aussi une importante toute particulière au cadre de vie qu’il veut offrir à ses enfants.
« Brive, c’est une ville à taille humaine, une ville qui nous correspond. Il y a des terres agricoles, pas de circulation pour amener les enfants à l’école ou à leurs activités sportives, cela ne va pas nous dépayser même si c’est évident qu’on va débuter une nouvelle vie. J’aime aussi la passion qu’il y a autour du club. Tu sens une forte unité des supporters. Certains sont âgés et viennent toujours au stade encourager l’équipe. C’est quelque chose de fort. »
Ses objectifs
À 35 ans, Courtney Lawes ne débarquera pas en Corrèze en préretraite même si Brive sera le dernier club de sa carrière. Compétiteur dans l’âme, ce dernier compte bien « gagner des titres à Brive. Lors de mes échanges avec Pierre-Henry, Simon Gillham et Ian Osborne (l’actionnaire majoritaire du CAB), je voulais être sûr que le club ait de l’ambition et j’ai compris que c’était le cas. Jouer en Pro D2 l’an prochain ? Ce n’est pas un problème pour moi, bien au contraire, ce sera un défi de participer à la remontée. Brive est un club historique et je veux participer à faire de belles choses ici », explique celui qui sort d’une coupe du Monde impressionnante et qui aura aussi dans ses missions la saison prochaine un rôle de grand frère dans un vestiaire rajeuni.
« Être un leader par l’exemple, c’est ma façon de faire au quotidien. Cela ne sert à rien de parler, ce qui compte, ce sont les performances à l’entraînement et sur le terrain. Je vais m’efforcer d’être un bon exemple pour les jeunes du club, les aider à grandir, j’ai toujours fonctionné comme ça. »
Les attentes
Attendu par les supporters qui peuvent être partagés au sujet de son recrutement, entre satisfaction d’attirer un joueur d’un tel CV et interrogations quant à son âge et son statut de non-JIFF, l’Anglais est plutôt du style à aimer la pression.
« Toute ma carrière, j’ai généré beaucoup d’attentes, que ce soit avec Northampton ou avec l’équipe d’Angleterre lorsque j’étais capitaine. Je suis ok avec ça, ça me pousse à me dépasser. »
Vendredi soir, pour sa première dans les travées du Stadium, Courtney Lawes était déjà un peu comme chez lui entre les applaudissements nourris lorsqu’il est apparu sur les grands écrans du stade et les très nombreuses photos prises après la rencontre avec les supporters. « J’aime être proche des fans, signer des autographes et prendre le temps avec eux. Ce sont des moments importants. »
Benjamin Pommier et Pascal GoumyPhotos : Stéphanie Para