Quels sont les 5 meilleurs livres de cet hiver ?
Beata Umubyeyi Mairesse : Le Convoi (Flammarion)
Elle a été l’une des grandes révélations de janvier avec Le Convoi, récit de sa fuite du Rwanda en 1994, en plein génocide. Celle qui en a déjà parlé dans des romans s’attaque ici à la narrative non fiction pour traiter de front l’horreur qu’elle a elle-même vécue, âgée de quinze ans. En se lançant, des décennies plus tard, dans une enquête pour retrouver les photos des enfants que ce convoi humanitaire transportait grâce auquel, sa mère et elle, cachées, ont été sauvées, prises par des reporters et des journalistes de la BBC, elle va reconstituer le quotidien de sa survie, le quotidien d’un génocide. Et c’est ce qu’on a lu de plus fort depuis Triste tigre de Neige Sinno.
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Hisham Matar : Mes Amis (Gallimard)
Peu connu en France, l’écrivain anglo-lybien est devenu une voix qui compte en Grande-Bretagne, où il vit depuis des décennies dans un “exil” dont il fait l’enjeu magnifique de Mes Amis. Le temps d’une promenade à travers cette ville qui a fini par devenir sa vie, Khaled, 48 ans, se souvient. Et c’est toute sa vie qui défile, encapsulée dans deux heures, mélancolique, cruelle aussi, solitaire, dans un roman pourtant lumineux aux accents sebaldiens.
Lire notre édito Pourquoi il faut lire l’Anglo-Libyen Hisham Matar
Nicolas Mathieu : Le Ciel ouvert (Actes Sud)
Jamais on aura aussi bien dit l’amour que dans ce nouveau texte, cette fois autobiographique, de Nicolas Mathieu. L’amour fou, avec son lot d’attente, de tensions, de nuits passionnées, de soirées alcoolisées, de nuits solitaires et blanches ; l’amour d’un couple vivant ensemble, avec ses détails quotidiens, ses attentions réciproques ; l’amour d’un père pour son petit garçon, d’un fils adulte pour son propre père. Avec au centre de toute une vie, le temps. Le temps qui passe et à l’aune duquel, au tamis duquel, on se rend compte qu’une seule chose était essentielle : l’amour.
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Phoebe Hadjimarkos Clarke : Aliène (Le Sous-sol)
On retrouve des animaux massacrés : Fauvel a perdu un œil à la suite d’un tir de LBD, Mitch est un jeune sociologue, Hannah le clone d’une chienne nommée Hannah, aujourd’hui empaillée. Bienvenue dans l’un des romans les plus ambitieux de cette rentrée d’hiver : entre faux thriller et roman d’anticipation halluciné, Phoebe Hajimarkos Clarke signe le conte très noir de notre temps.
Marie Darrieussecq : Fabriquer une femme (POL)
En reprenant deux personnages de Clèves, deux filles qui se sont connues enfants au Pays Basque, Marie Darrieussecq retrace deux parcours féminins différents, des expériences de jeunes filles dans les années 1980, la découverte du sexe, les déceptions, les risques, des virées aux Bains à Hollywood en passant par Paris. Une écriture distancée pour ne laisser échapper aucun détail, drôle ou triste. Un roman, on le devine, en forme de double autoportrait.