Reconnu coupable de viols sur mineur, un septuagénaire condamné en Corrèze
L’accusé n’a jamais nié les agressions sexuelles et les viols qui pesaient sur lui. Dès l’ouverture de son procès devant la cour criminelle de la Corrèze, mercredi 14 février, Jean-Claude Coudert s’était tourné vers les bancs des parties civiles pour dire sa culpabilité, et demander pardon. À Matthieu (les prénoms ont été modifiés), aujourd’hui âgé de 23 ans, que l’ancien aide-soignant a abusé sexuellement de l’âge de ses 12 ans à l’orée de ses 15 ans. Au père de Matthieu, aussi, abusé quelques dizaines d’années plus tôt, mais dont les faits sont désormais prescrits.
« Dix ou quinze » autres victimesSi ce dernier avait gardé ce terrible secret comme un poids étouffant, Matthieu a révélé les faits en 2019, donnant lieu à l’ouverture d’une procédure criminelle. « L’innocence d’un enfant définitivement volée », avait tonné Me Pradier, conseil du jeune homme.
Aux aveux de la première journée d’audience avaient succédé d’autres révélations, jeudi 15 février. Alors que des soupçons se portaient sur d’autres faits similaires, l’avocate du père de la victime, Me Crouzillac, avait pressé le retraité : « Monsieur, c’est le moment de dire les choses : combien d’autres jeunes hommes ont été victimes ? » La réponse de l’accusé avait laissé place à un silence glaçant : « Dix ou quinze, je ne sais pas exactement… »
L’avocate générale avait alors poursuivi et obtenu d’autres aveux concernant un mineur, entendu comme témoin en visio depuis le Chili. Il y a quelques années, deux plaintes pour corruption de mineur avaient été déposées, puis classées sans suite faute d’éléments. Cheveux gris portés ras, un sweat-shirt un peu trop ample pour cette silhouette mince, Jean-Claude Coudert avait fini par concéder l’avoir lui aussi agressé sexuellement. Comme son père.
« Un pédophile qui organise ses pièges »Un « schéma » qui, jusqu'à aujourdhui vendredi 16 février, a parcouru les débats comme une trame de fond, une « toile d’araignée », le désormais septuagénaire la tissant avec un mode opératoire constant : « Vous étiez proches des familles des victimes, donc on vous faisait confiance. Puis vous abattiez votre désir sur le fils, puis la génération suivante, le petit-fils », a analysé l’avocate générale.
De son côté, le médecin psychiatre avait, ce matin, alors que s’ouvrait la dernière journée du procès, décrit une personnalité particulièrement inquiétante. « Il y a chez lui un côté prédateur, quelque chose d’ancré, d’installé dans sa tête et de très organisé », avait estimé l’experte, évoquant, derrière une vie hétérosexuelle et rangée « de façade », « un pédophile qui organise ses pièges ». Prenant acte de l’extrême gravité des faits, le Ministère public avait requis dix-sept ans de réclusion criminelle.
À ce lourd réquisitoire, comme au portrait au vitriol qui s’est esquissé lors des débats, l’avocat de la défense Me Canis a opposé le discernement : « J’ai entendu des cris d’indignation, la haine parfois, s’exprimer envers cet homme que je défends. Ses crimes, il les a reconnus. J’espère que la raison l’emportera. » Saluant les aveux de son client, il a insisté : « Il n’est pas jugé aujourd’hui pour autre chose que les faits sur Matthieu. J’aimerais qu’on reste sur le débat. » La cour a pris acte, mais aussi du contexte général au-delà du dossier, que les révélations multiples ont noirci. Jean-Claude Coudert a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, avec un suivi socio-judiciaire de 6 ans et une interdiction définitive d’entrer en contact avec des mineurs.
Julien Bachellerie