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Февраль
2024

Conférence de Munich : Kamala Harris a rendez-vous avec l’Histoire

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Kamala Harris s’apprête à prononcer le discours de sa vie. Non pas le "Discours d’un roi", comme George VI surmontant son bégaiement pour annoncer l’entrée en guerre de l’Angleterre. Mais l’allocution d’une vice-présidente qui a besoin de surmonter son impopularité pour s’imposer dans la campagne auprès de Joe Biden et augmenter sa stature internationale. A l’occasion de la 60e conférence de Munich sur la sécurité, du 16 au 18 février, c’est elle qui représente les Etats-Unis, au moment décisif où les incertitudes sur l’avenir du monde sont accentuées par l’âge de Joe Biden et par les menaces de Donald Trump sur la solidarité des Etats-Unis au sein de l’Otan. Kamala Harris doit faire résonner la voix de l’Amérique, réaffirmer son rôle en Europe, rassurer ses partenaires du Vieux Continent, impressionner – si possible – la Russie et alerter ses compatriotes sur la dangerosité de Donald Trump, "ingénieur du chaos" toujours fasciné par Vladimir Poutine et Viktor Orban.

Y parviendra-t-elle ? Rien n’est moins certain. Son discours de l’année dernière à Munich, lors de la 59e conférence, n’a laissé aucune trace. Plus généralement, ses prises de paroles laissent souvent perplexe, comme sur la question de la frontière mexicaine – un dossier brûlant dont Biden l’avait chargé en début de mandat, et dont elle s’est désintéressée. Il est vrai la position de n° 2 est inconfortable. Selon la Constitution américaine, sa principale raison d’être consiste à remplacer le président en cas de décès ou d’empêchement (c’est arrivé neuf fois en deux siècles). Son rôle consiste aussi à présider le Sénat. Généralement, le vice-président est choisi pour des raisons électoralistes : ainsi, Kamala Harris est censée attirer l’électorat issu des minorités. Souvent, le "veepee" (prononcer "vipi") apporte une expertise internationale. Ce fut le cas de Richard Nixon pour "Ike" Eisenhower, de Bush père pour Ronald Reagan, de Dick Cheney pour Bush fils, de Joe Biden pour Barack Obama. Mais pas de Kamala Harris pour l’expérimenté Biden. "Impopulaire ou incomprise, cette ex-sénatrice et procureure de Californie souffre paradoxalement d’un manque de charisme alors que, sur le papier, elle en impose", note la politologue Barbara Perry, experte de la Maison-Blanche et biographe de Kennedy. Absence de charisme ? Une infirmité qui peut lui faire rater le train de l’Histoire.