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Февраль
2024

Le lycée saint-Vincent de Saint-Flour multiplie les échanges culturels

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«Mais pourquoi il a cette couleur le maïs ? ». Alice, résidente camerounaise du Cada de Saint-Flour, est perplexe devant l’épi précuit qui lui servira à confectionner un sanga, plat typique de son pays d’origine. Comme le sont les élèves de première Sapat du lycée Saint-Vincent au moment de les couper : « d’habitude, ils sont déjà en grain dans la boîte. » Ainsi s’est passée cette journée : il y eut des découvertes, de tous les côtés.

Découvertes

Car les lycéens avaient convié des résidents du Cada pour discuter, et cuisiner ensemble. « C’est un projet qui nous avait été proposé par notre professeur, Laurent Turquat, explique Soann. Cela correspond bien à notre cursus de service à la personne, et cela nous permet de nous ouvrir aux autres. » Ainsi, ils ont discuté avec les résidents, afin d’en connaître plus sur leur parcours. Et ensemble, ils ont cuisiné. Car, précise leur enseignant, « c’est un bon moyen de découvrir la culture de l’autre, de manière détendue, informelle. » Au menu du déjeuner qu’ils ont partagé ensemble, sanga donc, l’occasion pour les Français de découvrir aussi la noix de palme, puis quiches au cantal et au bleu, avec ou sans lardon pour respecter la culture de l’autre, et enfin cookies.

Précieux

Une initiative précieuse pour les élèves comme pour les demandeurs d’asile. « Ce genre de moment est essentiel pour eux, apprécie Julien Bonnet, salarié du Cada. Parce que 

c’est un bon moyen d’intégration : pour comprendre la culture française, il faut cuisiner. On le fait d’ailleurs chaque mois avec le Centre social, mais avec un public plus âgé. Et puis, au Cada, on est preneur de toute occasion de faire sortir nos résidents. Cela leur permet d’éviter de ressasser le passé parfois lourd qu’ils ont connu, mais aussi de tromper l’ennui, puisqu’ils ne peuvent pas travailler. Alors toutes les activités sont les bienvenues, la cuisine, mais aussi le sport, ce qui est plus simple pour ceux qui ne sont pas francophones. 

Des résidents tellement demandeurs de ce genre d’échanges que « parfois, on est obligés de les tempérer. On en a deux en ce moment, elles appellent tous les jours le secours populaire, le secours catholique ou le don du sang pour savoir s’ils n’ont pas besoin de bénévoles ! Mais ce n’est pas évident pour les associations, parce qu’il faut du monde pour les encadrer. En fait, à Saint-Flour, on n’a pas assez d’associations pour combler les envies de nos résidents ! »

Le lycée Saint-Vincent de Saint-Flour (Cantal) s’ouvre sur les résidents du CADA

Au long cours

Le lycée Saint-Vincent pratique aussi des échanges au long cours. En particulier avec la Slovaquie, et ce depuis des années. Cette année, six élèves ont été accueillis.

Jakub, Dominik et Emma ont beaucoup appris ici.Si Mikaelia, Natalia et Barbora ont déjà regagné leur pays d’origine depuis les vacances de Noël, après l’avoir présenté à leurs camarades lors d’un moment dédié, trois étaient encore à Saint-Flour cette semaine. Jakub, qui s’apprête à faire ses valises après six semaines sur place, Emma, qui a profité d’un séjour au plus long cours, et Dominik, le dernier arrivé. Tous sont venus ici « pour apprendre la langue », résume Emma, dont la moitié de la famille est française. « L’an passé, j’étais allé aux États-Unis, et j’avais perdu de mon Français, il fallait que je le réactive », ajoute Jakub.

Difficultés

Qui, même s’il est inscrit dans un lycée bilingue en Slovaquie, avoue avoir eu « pas mal de difficultés au début. Cela n’a rien à voir avec suivre des cours toujours en Français. En particulier pour les matières techniques, la physique, la biologie, j’ai dû souvent utiliser le traducteur ! » Autre écueil pour les Slovaques : « le lycée, ici, ça n’a rien à voir, note Emma. Les cours sont plus longs, les journées finissent beaucoup plus tard… c’est plus fatigant que chez nous. » Pour autant, les trois sont unanimes : ils aiment leur séjour. Si Dominik n’avait « aucune attente » Jakub est, lui, agréablement surpris : « ceux qui étaient venus en début d’année m’avaient dit que Saint-Flour était petit, mais je m’attendais à plus petit que ça. »Des échanges enrichissants pour ces derniers « mais aussi pour nos élèves, qui se confrontent à la différence », apprécie la directrice de l’établissement, Florence Boyer-Hermantier. Elle entend donc poursuivre ce programme, « mais pour cela, on recherche des familles d’accueil pour les loger les week-ends, c’est essentiel. »

Yann Bayssat