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Февраль
2024

Timing, méthode, critères... Comment le Clermont Foot opère pour trouver son futur entraîneur

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C’est très loin d’être seulement une « intention », mais bien une décision prise depuis longtemps et actée par tous, l’intéressé comme le club, qui lui a d’ailleurs rendu un hommage appuyé lors de son gala annuel, voilà déjà trois semaines, au Casino de Royat, associant sa famille, son joueur de fils au premier chef, comme ses amis, et tous les cadeaux qui vont avec : Pascal Gastien prendra bien sa retraite à l’issue de la présente saison.

Précision importante : comme coach du Clermont Foot 63. Pour le reste, la porte reste ouverte, le président Ahmet Schaefer le voyant bien « comme l’Arsène Wenger ou le Gérard Houiller » du projet général qu’il conçoit pour le CF63… et les clubs partenaires de sa holding, que sont Lustenau (Autriche) et Biel-Bienne (Suisse).

Concernant le rôle actuel de Pascal Gastien, la 18e place du CF63 et son passage catastrophique par Lille (0-4) n’ont rien changé, a priori, d’autant moins que si le match suivant contre Brest a débouché sur un nul (1-1) et a montré qu’il restait du travail à effectuer pour combler certaines faiblesses, les attitudes ont rassuré. De quoi alimenter la thèse que le ciment joueurs-coach tient bien assez pour que les recherches concernant le remplaçant de ce dernier soient, comme depuis le début, toujours axées sur… la saison prochaine.

Une ligne, qui nous a d’ailleurs été confirmée cette semaine et respectant le portrait du coach « idéal » tel qu’Ahmet Schaefer et son conseiller Yannick Flavien nous l’avaient brossé voilà quelques semaines.

Le timing

Tout dépend de quoi on parle : en considérant que la recherche du coach vient de commencer… en pleine disette de points ? Ou qu’elle remonte réellement à… plusieurs mois. En fait, le cas du coach est tout sauf nouveau : Pascal Gastien a annoncé, l’an passé, et de lui-même, sa décision de… prolonger d’une saison, alors qu’initialement, il comptait partir l’été dernier.

Expliqué de la façon des plus claires sur notre site le 6 juin dernier, Pascal Gastien n’est resté que pour des questions de droits à la retraite : « Je suis légaliste […] Après, j’aimerais bien, évidemment, laisser le club en Ligue 1. Mais une descente ne m’amènerait pas à prolonger. Et peut-être que je serai viré avant (sourire). »

Et deux mois après, à la reprise : « Je n’ai pas changé d’avis. J’aurai mes annuités avec cette saison. »

L’important dans ce dossier est que ce timing a été apprécié par les dirigeants du Clermont Foot et au premier chef, par le président Schaefer :

« Cette transparence d’avoir annoncé publiquement qu’il arrêtait, nous a donné ce temps et cette possibilité de proactivement rentrer dans le marché pour chercher son successeur. Si on avait voulu être discrets et attendre, on sait qu’il y aurait eu des fuites, et ça aurait été compliqué à gérer vis-à-vis des médias et du grand public, pour se justifier. Là, c’est clair : “Oui, on cherche un nouveau coach !” Et c’est une vraie réflexion. La plus importante, en fait. À mon avis, c’est plus important qu’un joueur. »

La méthode

Une réflexion qui passe par un « process rigide et très structuré », selon l’expression du président clermontois, mis en place par les équipes du CF63 : « Il faut prendre le temps de bien viser. Aujourd’hui, des présidents dépensent des millions sur des joueurs et le coach, tu le mets à la fin, en lui disant : “Débrouille-toi !” Nous, on analyse ce que font les coachs et ça va presque beaucoup plus loin que ce qu’on fait avec les joueurs. »

Notamment sur la base des data : « Des heures et des heures de match sont analysées. C’est très complexe, un système impressionnant avec des filtres et à la fin, après avoir coupé et recoupé, tu as une longue liste, puis une “short list” puis tu entres dans des entretiens individuels. Et là, tu vois comment ils se comportent, tu vois l’ego. C’est très important l’ego. »

Alors, quelle était l’avancée en début d’année 2024 ?

« Là, on a deux profils qui ressortent, on va les écouter. On a eu des entretiens, juste pour voir un peu, prendre la température, les dispos, qu’est-ce que tu fais ? Quel est ton projet de jeu ? Mais c’est surtout des prises de contact, pour voir la personnalité, on est encore à la longue liste, allez, à la mi-longue, on va dire… »

Les critères

Le jeu et la méthodologie. « Ça, c’est mesurable, objectivement tangible », relève le président. Mais un coach, c’est bien évidemment beaucoup plus : « Il y a toute la partie du comment il va se comporter avec l’intégration des jeunes du centre de formation, comment il va s’impliquer dans le système de l’alliance, comment il parle à la presse, comment il parle à la direction : en fait mille autres choses “psychologiques” qui sont aussi importantes que “Ah oui ? Il joue en 4-4-2 ? C’est bon, on le prend !”  »

Le fonctionnement. Là-dessus, les options restent ouvertes. « Un entraîneur peut venir en disant “Je n’ai pas de staff en particulier”, un autre “Je viendrais bien avec mon analyste vidéo”, ça peut arriver, un autre “Je viens avec du monde” : aujourd’hui, on ne s’est pas posé la question. »

La personnalité. « On bosse déjà beaucoup la partie technique, tactique. Mais derrière cet aspect-là, elle va être importante. On a besoin de quelqu’un qui a de la personnalité, qui a du caractère. »

L’ancrage dans le projet club. Là, les contours sont des plus dessinés : « On recherche quelqu’un qui croit au projet, qui puisse s’ancrer, un entraîneur qui ne vient pas pour rester un an. Ce n’est pas ce qu’on recherche.

« On n’est pas là pour mettre en péril tout ce qu’on a mis en place, en changeant tous les deux ans ou en prenant un coach qui joue le catenaccio et pas comme Pascal (Gastien). C’est impossible. »

Et les dirigeants de préciser : "Il faut, si on veut avoir une logique, qu’on puisse continuer sur un projet de jeu qui, sans faire de mimétisme, soit relativement similaire avec ce qu’on met en place au centre de formation et même à l’école de foot avec la préformation. Sinon on va mettre dehors plusieurs générations parce qu’elles ne vont pas correspondre au coach qu’on va vouloir. »

Dans leur recherche de nouvel entraîneur pour la saison prochaine, la position actuelle de lanterne rouge, très loin d’un maintien assuré, n’est pas un atout dans la manche des dirigeants clermontois. Ahmet Schaefer ne le cache pas : « Si on poussait nos entretiens maintenant, la question serait, en théorie : “Qui est prêt à jouer en Ligue 2 ?” Mais plus on avance, plus ça va se préciser. Des coachs vont nous dire : “OK si vous restez en Ligue 1”, comme d’autres diront “J’ai mon projet, peu importe, je veux m’inscrire dans la durée, même en Ligue 2.” »

D’ailleurs, de son côté, le CF63 cherche-t-il vraiment un profil spécifique selon Ligue 1 ou Ligue 2 ? « Non, tranche sans ambages le président. Parce que dans ce cas-là, on aurait déjà rompu avec Pascal en lui disant : “Tu gagnes en Ligue 2, tu nous a fait monter mais tu n’as pas le profil de Ligue 1.” » Alors qu’il a maintenu Clermont dans l’élite par deux fois… À ce jour, du moins.

Jean-Philippe Béal et Laurent Calmut