Jean-Pierre Lenoir peint le blanc
Certains ne peignent que sur de la toile appropriée. D’autres sur du contreplaqué ou du Canson®. Jean-Pierre Lenoir, professeur d’arts plastiques honoraire, collectionne les calendriers, les agendas, toutes dimensions. Sur la suite des jours, le défilé des mois, sur les illustrations, il superpose des couches de blanc, plus ou moins blanc, mais toujours du blanc.
« Elle est eau, elle est vie »Après une longue parenthèse avec les coquelicots en bord de Loire, il loue la neige. « Parce que comme une passion ou les coquelicots, elle est éphémère. Parce qu’elle égalise les reliefs, qu’elle recouvre les choses, les paysages avant de les laisser revivre. Parce qu’elle est riche de symboles. Elle est eau, elle est vie. » Alors Jean-Pierre, depuis son moulin sur les hauteurs de Nizerolles en bordure du Jolan, la fige sur ses supports. Avec des collages, des aquarelles. Il incruste parfois des mots poétiques, des citations, des dictons qui lui tombent dessus, tels des flocons.
Jean-Pierre montre patte blanche. Il nourrit son imaginaire des « paysages somptueux de la Montagne bourbonnaise, de balades, de photos. Je suis quelque peu sauvage. Ces étendues m’apaisent. » « Au point parfois de prendre son sac à dos et de partir une semaine à l’aventure. Je suis un voyageur immobile. » Jamais bien loin de son clocher.
Sur un tout autre carnet, il consigne les jours et heures où il a neigé. Les épaisseurs, la consistance, des anecdotes liées à ces chutes de neige. À chaque fois, il fait une boule bien ronde, et entasse un peu de cette neige fraîche dans un bocal qu’il met au congélateur. « Nous n’avons plus de place pour les surgelés déplore mon épouse. »
« Carottes » glacées, mémoire d’un jour, traces d’un monde qui s’efface. « Il arrive que la neige se transforme en gaz subitement, même à moins 5. On dit qu’elle se sublime. » On n’enferme pas le temps.
Jean-Pierre travaille à un roman graphique. Son deuxième après « A perte de neige ». Il n’édite pas, ne vend pas. Il poétise sa neige. « Il en tombe si peu de nos jours… » Peintre et poète de l’éphémère toujours. Soulages y reconnaîtrait un des siens. À l’autre bout de la palette…
Pratique. Jean-Pierre Lenoir expose à la librairie A la page jusqu’au 17 février, « parce qu’une librairie, c’est un lieu chargé d’émotions. » Site : jplenoir.worlpress.com