Comment le secteur de la coutellerie a-t-il évolué ces dernières années ? Une étude répond
La filière française de la coutellerie étudiée au scalpel. C’est ainsi qu’on pourrait résumer l’objectif de la deuxième étude (*) dédiée au secteur pour la Fédération française de la coutellerie. Le point sur les enjeux de cette étude avec son président Stéphane Guillaumont.
Cette seconde étude va permettre d’observer les évolutions du secteur ?
Effectivement, aucune mise à jour n’avait été faite depuis 2019. La première étude c’était une photo instantanée, la seconde aussi mais elle nous permet de regarder un peu dans le rétroviseur. L’autre motivation, en refaisant cette étude, c’est de connaître le poids économique de la filière dont les intérêts peuvent être menacés par certaines prises de décisions.
Quel est donc le poids économique de la coutellerie en France selon ce deuxième volet ?
On se rend compte que notre secteur est représenté par 113 entreprises principales, avec un chiffre d’affaires cumulé hors taxes de 278 millions d’euros, en hausse de 13 % par rapport à 2018. Il faut noter que 51 % de ce chiffre d’affaires est réalisé par sept entreprises. À cela il faut ajouter 1.200 artisans et une trentaine d’entreprises sous-traitantes.
Nous sommes arrivés à un chiffre de 660 millions d’euros de CA global, mais on estime que c’est un chiffre sous-évalué.
Le marché global de la coutellerie française est lui aussi en hausse entre 2018 et 2022 ?
Nous sommes arrivés à un chiffre de 660 millions d’euros, mais on estime que c’est un chiffre sous-évalué. Il y a beaucoup de filières très opaques dont on ne peut pas connaître les chiffres. Cela pourrait monter jusqu’à un milliard d’euros, mais c’est très difficile à évaluer.
Le nombre d’emplois est en hausse de 10 %, c’est une bonne nouvelle ?
On compte 1.600 emplois au sein des 113 entreprises principales. Mais si on regarde la pyramide des âges, nous avons une légère hausse chez les 30-49 ans. Mais là où on augmente le plus c’est chez les 60 ans et plus, on passe de 5,2 à 9,6 % de l’effectif. Signe qu’à défaut de recruter des jeunes, on garde les plus âgés. Certaines entreprises veulent garder ces salariés expérimentés pour former la relève. Les plus jeunes s’installent majoritairement en entreprises unipersonnelles, mais ils sont tout seuls.
Cette étude avait vocation à relever les chiffres, mais aussi à travailler sur les différents facteurs impactant notre secteur.
Plusieurs indicateurs sont en hausse entre 2018 et 2022, c’est plutôt positif ?
Vous soulignez une problématique à laquelle nous avons été confrontés. L’étude a été entamée fin 2022, à un moment où toutes les entreprises vivaient une sorte de “boom” à la sortie du Covid. Chacune venait de boucler une très bonne année. En 2023, beaucoup d’entreprises sont en difficulté, légère ou plus sérieuse. Il y a notamment des difficultés à écouler la production, car la consommation est au ralenti. Il ne faut donc pas se laisser complètement porter par les chiffres de l’étude.
Législation, études et nouvelles normes : les actualités de la Fédération française de coutellerie
Quels sont les enjeux soulevés par cette deuxième étude ?
Elle avait effectivement vocation à relever les chiffres, mais aussi à travailler sur les différents facteurs impactant notre secteur. On peut citer notamment les tensions sur les matières premières, le coût des énergies, l’accroissement concurrentiel des importations qui ne sont pas soumises aux mêmes normes, la stagnation de la demande en articles de coutellerie, la raréfaction du tissu de sous-traitants et l’analyse des métiers en tension.
(*) Étude réalisée par le cabinet Katalyse et financée par l’Union des industries et métiers de la métallurgie.
À venir. Un dossier pour présenter les détails de cette étude sur la coutellerie française sera à lire dans les éditions de La Montagne et de La Gazette de Thiers et Ambert le jeudi 29 février.
Thomas Loret