ru24.pro
World News in French
Февраль
2024

Un restaurateur de Montluçon condamné pour avoir agressé et harcelé sexuellement plusieurs de ses employées

0
Un restaurateur de Montluçon condamné pour avoir agressé et harcelé sexuellement plusieurs de ses employées

Le gérant du restaurant Le Chanzy à Montluçon (Allier) a été condamné, ce mardi 13 février, pour avoir agressé et harcelé sexuellement trois de ses employées, sur une période de plusieurs années. Il a également été reconnu coupable d'outrage sexiste envers une jeune fille de 15 ans en stage dans son établissement.

Un enfer. C'est ce qu'ont vécu quatre employées du restaurant Le Chanzy à Montluçon. Car sur une période allant de septembre 2017 à septembre 2023, trois auraient été victimes tour à tour d'agressions sexuelles et de harcèlement sexuel de la part de leur employeur, Nicolas Rodrigues.

La quatrième, 15 ans au moment des faits, aurait, elle, été victime d'outrage sexiste. La jeune fille était alors en stage dans l'établissement.  

Des agressions sexuelles quotidiennes

Les trois premières femmes - deux ont depuis démissionné et la troisième est en arrêt maladie - décrivent les mêmes agissements quotidiens de la part de leur employeur : des mains aux fesses, sur les seins, dans le soutien-gorge, dans le pantalon pour l'une d'elles... Le restaurateur aurait même, à plusieurs reprises, coincé deux d'entre elles dans un couloir ou dans le vestiaire pour les embrasser de force. 

Lors de l'audience de ce mardi, la présidente du tribunal relève : "Dans son audition, l'une de ces femmes va dire : "il était persuadé qu'il pouvait faire tout ce qu'il voulait avec ses employées".

Au quotidien des jeunes femmes, se seraient ajouté les propositions à connotation sexuelle. "Vous leur dites que vous avez envie d'elle, vous leur demandez de vous sucer...", liste la magistrate. 

Les employées auraient ainsi dû développer des stratégies pour ne jamais rester seules trop longtemps avec leur patron. 

Des faits reconnus... en partie

À la barre, Nicolas Rodrigues reconnait les agressions sexuelles et le harcèlement sur deux des trois femmes. Pas sur la troisième - il soutient lui avoir "peut-être effleuré la poitrine au moment de passer les plats" -, malgré des témoignages venant le contredire. Et se défend : "À l'époque, je pensais que c'était du jeu, de la séduction. Elles auraient dû me repousser". Les propositions sexuelles ? "Des bêtises, des blagues", pour le restaurateur qui évoque un problème d'alcoolisme. 

"Vous les bloquez dans un couloir ou un vestiaire. Vous êtes imposant, vous payez son salaire, elles pleurent, elles développent des combines pour ne pas rester seules avec vous... Vous estimez que si elles ne vous repoussent pas, c'est parce que c'est consenti ? Comment vous pouvez penser que c'est un jeu ? "

Le prévenu estime : "Elles n'étaient pas consentantes de leur point de vue". 

"La jeune fille en stage, qui voit toutes ces choses, a expliqué également que vous lui auriez dit : "je vais te pincer les tétons"", poursuit la présidente. "Non, je n'ai jamais dit ça. Ce n'est pas moi. C'est un de mes employés", assure l'homme de 39 ans. 

"Un prédateur, un pervers sexuel"

Le procureur de la République lance : "Nous sommes face à un homme qui ne voit pas le problème. Je suis sidéré par ça. On a quelqu'un qui vient nous dire : c'est de la drague un peu lourde. Mais on est bien au-delà !" Revenant sur l'expertise psychiatrique - une expertise largement critiquée par l'avocate de la défense, Me Salas - qui évoque "un prédateur, un pervers sexuel", il lâche : "Cet homme, je l'ai face à moi !"

Deux mille euros d'amende délictuelle (pour l'outrage sexiste), l'inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais), ainsi que trente mois d'emprisonnement dont six avec sursis probatoire de deux ans (avec différentes obligations) étaient requis. Le procureur demandait également, pour la partie d'emprisonnement ferme, un mandat de dépôt. 

"C'est la première fois qu'il se retrouve devant des juges. C'est la première fois qu'il était placé en garde à vue. Il n'y a pas de dangerosité. Il a eu une prise de conscience depuis."

L'avocate évoque également la consommation d'alcool de son client et "un contexte personnel perturbant" avec une rupture sentimentale en juillet 2023. 

"J'ai fait un cheminement sur moi-même", assure ainsi Nicolas Rodrigues, qui est, au terme de l'audience, finalement condamné. 

La peine

Il écope d'une amende de 2.000 euros pour l'outrage sexiste. Pour les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel, il est condamné à trente mois d'emprisonnement dont dix-huit avec sursis probatoire de deux ans. Pendant ces deux ans, il aura l'obligation de suivre des soins, de travailler, de réparer les dommages causés aux victimes, interdiction de fréquenter les débits de boissons (sauf son propre établissement).

Il aura également l'interdiction d'être en contact avec des mineurs et aura donc l'interdiction de prendre des apprentis mineurs dans son établissement. La partie ferme de sa condamnation sera exécutée à domicile sous bracelet électronique. Enfin, Nicolas Rodrigues est incrit au Fijais.

Laura Morel