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Февраль
2024

"Une nouvelle saignée pour le département" : dans le Cantal, la colère monte face au projet de carte scolaire

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Alors que le Cantal perd des habitants et des enfants, l’Éducation nationale fait, chaque année, évoluer ses moyens en conséquence. Un temps protégé, le département paye un lourd tribut depuis deux ans. Cette année, le département doit rendre treize postes. Seize écoles sont concernées.

Deux chiffres étaient à entourer en rouge pour la préparation de la carte scolaire dans le Cantal, version 2024-2025. En premier : 13 comme le nombre de postes que doit rendre le département au rectorat, baisse démographique oblige.

Et également le chiffre de 24 élèves par classe qui serait la « norme » vers laquelle « il faudrait tendre », note, en désapprouvant, Carine Gomez, représentante du syndicat minoritaire SE-UNSA. Le rectorat, à Clermont-Ferrand, a mis en avant un taux d’encadrement particulièrement élevé dans le Cantal, le plus haut de l’ex-région Auvergne, au moment de communiquer sur ces chiffres.

Vendredi, en comité social d’administration (CSA), la direction des services de l’Éducation nationale a présenté aux syndicats une mouture de la prochaine carte scolaire, prenant en compte ces deux chiffres (lire ci-contre). Contactée, Maryline Lutic, la directrice académique des services de l’Éducation nationale, n’a pas souhaité s’exprimer sur ce projet, qui doit encore être présenté, en comité départemental de l’Éducation nationale (CDEN) à l’ensemble des partenaires de l’école dans le Cantal, notamment les maires.

« Cela va augmenter les disparités,  le sentiment d’injustice  et les difficultés d’exercice »

La FSU déplore « une nouvelle saignée pour notre département » Plusieurs écoles concernées ont déjà fait l’objet de manifestations en amont du CSA. D’autres se préparent, mais les réactions sont parfois timides. « Il y a un peu de résignation, note Stéphanie Lavergne (FSU). Certaines se sont battues récemment, ont sauvé un poste mais reviennent dans le projet cette année… »

« Les écoles ciblées sont de grosses écoles, constate de son côté Julien Barbet (FSU). Ce sont des établissements à plus de trois classes. Enlever un poste sur une école à deux classes, ça révulse les parents. Dans les plus grosses structures, c’est vu comme une dégradation, mais ce n’est pas la mort… »

De fait, il n’y a pas de fermeture d’école. La Châtaigneraie paye cher un maillage plus serré que le reste du territoire. Quant à Massiac, « son problème, c’est d’être une grosse école », soupire Julien Barbet, alors que la FSU en a fait un combat. « Cela va augmenter les disparités, le sentiment d’injustice et les difficultés d’exercice dans ces écoles, analyse le syndicat. Comment sortir de ce double impératif ? Ne pas fragiliser encore plus le maillage territorial tout en maintenant des conditions de travail acceptables dans les écoles de taille plus importante. »

Ainsi, la convention qui a protégé le Cantal pendant plusieurs années est regrettée. « Il est temps que nos supérieurs […] fassent preuve de courage et entrent en résistance pour défendre cette école, notamment sur des territoires ruraux comme le nôtre », préconise SE-UNSA.

« Il faut arrêter de dire que cette convention était un cadeau fait au Cantal, tance Julien Barbet. C’était dix postes par an, le Cantal représente à peine un quartier d’une grande ville. Mais ces dix postes, à l’échelle du département, avec notre maillage territorial, c’est réellement très important… »

Autant d’arguments à fourbir le 15 février en comité départemental de l’Éducation nationale (ou le 4 mars, s’il est boycotté par les syndicats comme ces dernières années). Cette instance, consultative, entérine régulièrement les décisions présentées en CSA, avec, parfois, de bonnes surprises. Cela laisse trois semaines aux écoles concernées pour se mobiliser. 

Mathieu Brosseau et Pierre Chambaud