La guerre silencieuse

La désinformation ? C’est vieux comme le monde. Ce qui l’est moins, ce sont les moyens dont on dispose pour distiller le mensonge, instiller le doute dans les esprits. Depuis Internet et ses réseaux, la guerre est devenue silencieuse, inodore, invisible à l’œil nu. Une arme de déstabilisation massive qui part comme une traînée de poudre. Dans l’univers numérique, la communication est devenue ce que la dynamite a été à Nobel. L’intention était bonne, en échappant à sa vocation, l’utilisation a péché. Faire machine arrière est désormais illusoire. L’ennemi peut prendre toutes les apparences, même celle de la chanteuse pro-démocrate Taylor Swift en tenue d’Ève. Ce qui nous serait assez indifférent, n’étaient les 47 millions de personnes que l’hypercherie – une « super supercherie », selon un néologisme québécois – a touchées en un temps record et dans un contexte de campagne explosive. Dans une louable résolution de 2016, le Parlement européen disait « contre-productif de lutter contre la propagande par de la propagande ». Reste donc à décréter la mobilisation générale de l’intelligence, si possible humaine, pour rétablir les faits dans leur réalité.

l’éditorial

Sophie Leclanché