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Февраль
2024

"Ce mois-ci, cinq infirmiers ont mis la clef sous la porte dans le Cantal" : le cri d’alarme des infirmières libérales

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« Ce mois-ci, cinq infirmiers ont mis la clef sous la porte dans le Cantal. Dans les cinq ans, plus d’un infirmier sur deux fermera son cabinet. » Samedi 10 février, Claire Gratacap et Évelyne Cassan, infirmières à Aurillac, portaient avec d’autres professionnels du Collectif infirmiers libéraux en colère, une action de sensibilisation au marché couvert d’Aurillac. « Notre profession n’a pas été revalorisée depuis 2009. 60 % de ce que nous percevons sont consacrés à nos charges de fonctionnement : essence, cabinet… », déplore Claire Gratacap. Si les infirmiers libéraux ont bénéficié d’une augmentation de 25 centimes brut sur les frais de déplacement en 2024, le collectif estime cette revalorisation bien insuffisante, au regard de l’inflation.

« Dans un département comme le Cantal, les infirmières font beaucoup de route, indique Évelyne Cassan. Elles sont indemnisées à taux plein jusqu’à 300 km, à moitié entre 300 et 400 km, et au-delà, c’est gratuit. Or, ici, c’est régulier. Chez certains patients, nous passons matin, midi et soir. » Infirmière depuis près de 25 ans à Aurillac, Évelyne Cassan assure travailler deux fois plus pour gagner la même chose qu’à ses débuts. « Nous sommes sur le pont entre 12 et 13 heures par jour. Nos actes ont été revalorisés à la baisse, certains ne sont pas comptés, le bilan de soins infirmiers est dramatique pour la profession, car c’est un forfait pour un jour, même si nous passons plusieurs fois, et qu’importe le temps que nous y passons. »

Une hiérarchisation des soins

Conséquence : pour être rentable, les infirmières priorisent certains actes, par rapport à d’autres. « Une injection plutôt qu’un soin dépendance. Ces soins sont pourtant essentiels. Mais il faut qu’on puisse arriver à vivre de ce qu’on fait », illustre Claire Gratacap. « Tout ça, c’est contre l’ADN de notre profession, contre notre mentalité, complète Évelyne Cassan. C’est un métier tourné vers l’humain, vers le soin, et c’est pour ça que nous sommes en colère. Nous ne pouvons plus faire notre métier correctement. Nous sommes la seule profession de santé à ne pas avoir été augmentée. »Soutenu publiquement par le Syndicat minoritaire Onsil, le collectif espère une reconnaissance. « On assiste également à un glissement de nos compétences vers d’autres professionnels, qui peuvent désormais vacciner à domicile ou administrer des pansements de première intension. C’est là l’essence du métier d’infirmier, nous sommes capables de voir si une plaie a besoin de points, de soins en plus… »

Premiers acteurs du maintien à domicile, les infirmiers libéraux craignent pour l’avenir d’un département déjà en mal de médecins.

Dans les Hautes-Alpes, il existe déjà une commune où il n’y a plus d’infirmiers. Les gens se font leurs soins entre eux… Au début, les infirmiers libéraux de plus loin faisaient la route, mais au prix du carburant, c’est devenu trop cher.

Le tout, dans un contexte de réduction du temps d’hospitalisation. « Les gens sortent des urgences et des services de chirurgie de plus en plus tôt, observe Claire Gratacap. Ils ont besoin de soins importants à domicile. Comment les assurer, s’il n’y a plus d’infirmiers ? » 

Anna Modolo

Comment les aider ? La pétition en ligne « infirmiers en colère », sur Change.org a déjà recueilli 116.879 signatures. Il est possible de la signer sur ce lien.