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Февраль
2024

Les cyclistes sont-ils plus nombreux sur le territoire d'Ambert ?

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Cette année, Mikaël s’est remis en selle. Père de deux enfants, bientôt trois, il a investi dans un vélo électrique (VAE) pour les trajets du quotidien autour de son domicile. "L’idée était de reprendre une activité physique, faire des balades autour de la maison et l’utiliser pour les petites courses."

Une aide à l’achat reconduite en 2024

Pour se procurer ce nouveau mode de déplacement, il a du déboursé 2.600 €, mais l’habitant de Marsac-en-Livradois a profité de l’aide à l’achat de VAE mise en place par la communauté de communes Ambert Livradois Forez (ALF) dans le cadre de son plan vélo. « J’avais l’idée en tête depuis un moment. Je pense que je l’aurais acheté même sans, mais ça a été le déclic », se souvient le néocycliste.

C’est quoi, le plan vélo ? Le projet vise à développer la place des cyclistes sur le territoire d’ALF et à encourager les alternatives à la voiture. Lancé en 2022, il se décompose en plusieurs volets : de la sensibilisation à l’école, un service de location de vélos électriques et une aide à l’achat, entre autres. La communauté de communes lui alloue un budget de 254.000 € sur trois ans.

Depuis un an, pour l’achat d’un vélo électrique, les habitants des 58 communes du territoire peuvent percevoir une somme allant de 150 à 300 € en fonction de leurs revenus. "Nous avons déjà traité 39 dossiers. On sent que les gens cherchent à s’éloigner de la voiture", rapporte Valérie Prunier, élue en charge des mobilités et de la santé sur le territoire d’ALF.

Le vélo comme alternative à la voiture

Il y a ceux qui le font au nom de leurs convictions écologiques, la voiture étant le deuxième émetteur de gaz à effet de serre du territoire. D’autres plutôt dans l’optique de faire des économies.

"Le prix des carburants s’est envolé, et certaines familles se retrouvent vraiment en difficulté"

Bon pour la santé, moins onéreux et plus facile à stationner… Le vélo semble donc avoir toutes les qualités de l’alternative parfaite. Et avant d’en acheter un électrique, les administrés peuvent d’abord en louer via Loc’ALFonce. Le service mis en place en mai dernier est déjà très prisé. Les huit vélos mis à disposition pour un mois de location à 40 € ou trois mois à 100 €, sont empruntés en permanence. "25 personnes ont déjà pu en bénéficier. Il y a même une liste d’attente pour le vélo cargo, sourit Valérie Prunier. Nous allons d’ailleurs bientôt en acheter un de plus."

Des difficultés liées au manque de pistes cyclables

Sandra Trigano, 41 ans et habitante du lieu-dit Theillère, à Tours-sur-Meymont, a testé ce service. Victime de maladies chroniques, l’ethnologue ne peut plus faire de vélo classique à cause de sa condition physique. "J’habite depuis 2-3 ans sur le secteur et j’en avais marre de faire tous mes trajets en voiture."

Même si la quadragénaire a trouvé agréable de grimper sur son vélo pour les courses du quotidien, elle a aussi recensé quelques inconvénients en se mettant dans la peau d’une cycliste :

"Il y a très peu de pistes cyclables sur le territoire alors, on n’ose pas s’aventurer très loin"

Un avis partagé par Ivan Bradski, habitant de Job, qui a, lui aussi, fait appel au service Loc’ALFonce : "On est obligé d’emprunter le plus possible les voies secondaires, sinon c’est très dangereux, et encore plus avec des enfants. Il manque aussi des équipements pour attacher son vélo dans les villages et même à Ambert."

Un groupe de travail pour définir les besoins 

Selon l’élue en charge des mobilités, la communauté de communes est consciente du chemin qu’il reste à parcourir en termes de mobilité. Afin de définir les besoins, un groupe de travail a été constitué au sein d’ALF. Un état des lieux de « ce qui existe et ce qui manque », doit être présenté et une candidature pour le « schéma directeur cyclable du Département » a été déposée. Ainsi, la collectivité pourrait obtenir des subventions pour envisager de nouveaux aménagements cyclables et voir le nombre de vélos se multiplier encore sur les routes du Livradois.

Un manque d’équipements

Une bonne chose pour Mathieu Debarges, directeur de l’Union cycliste Ambert Auvergne. "C’est pareil pour la location, qui permet aux gens de se rendre compte que faire trois kilomètres à vélo pour rejoindre son travail, ça se fait, et c’est comme ça qu’on fait évoluer les mentalités. Mais ensuite, il faut aller plus loin", considère-t-il.Selon lui, ce plan vélo devrait se construire en collaboration avec les industriels. Une enquête sur les déplacements domicile-travail, réalisée il y a deux ans auprès d’une trentaine d’entreprises du territoire, a révélé que seulement 3 % des 455 sondés utilisent le vélo au quotidien pour se rendre au travail.

"Il faut réfléchir intelligemment. Toutes les routes n’ont pas besoin d’être aménagées car 90 % d’entre elles sont calmes, mais il manque des équipements sur des axes majeurs."

Développer le tourisme à vélo

Notamment sur les départementales entre Thiers, Ambert et La Chaise-Dieu. Des bandes cyclables faciliteraient le déplacement des locaux, en plus de développer le tourisme. "Nous avons un territoire adapté aux balades, la preuve, le vélo loisir fonctionne bien. Mais pour aller plus loin, il faut faire des choix, comme dans le Sancy, où l’usage de la moto est interdit sur les routes touristiques."D’après Aurélien Thizy, gérant de l’enseigne Granit Bike (VTT à louer, stages et balades), pour voir le nombre de cyclistes augmenter, il faut surtout passer par beaucoup de sensibilisation. "Les gens prennent la voiture pour faire 500 mètres, c’est dans les mœurs. Il faut tout reprendre à 0."

Découvrir le territoire à VTT avec Granit Bike à Ambert

Sensibiliser à l’école

C’est-à-dire, dès l’école. Le moniteur pilote le dispositif Savoir rouler à vélo, un programme national lancé sur la communauté de communes, toujours dans le cadre du plan vélo. Il intervient dans toutes les classes de collège du territoire pour transmettre les fondamentaux de la pratique, des réglages de la selle aux règles de bonne conduite.

"Les enfants sont réceptifs, et de là, ils peuvent encourager leurs parents à changer leur mode de déplacement."

Même s’il garde l’espoir d’observer un jour moins de voitures sur les routes, il regrette que les changements prennent tant de temps : "C’est démoralisant de voir des camions passer dans le centre-ville d’Ambert et de débattre sur le nombre de places de parking. On aimerait surtout voir des pistes cyclables, voies vertes, aires de covoiturage et transports en commun."

Angèle Broquère