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Февраль
2024

La fonderie Ucelia reprise voilà un an à Ussel en quête désespérée d'ouvriers

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«Nous sommes au premier tiers de notre transformation. On est bien parti. On a déjà gagné 70 % de notre indépendance… » Pour Jean-Baptiste Foisel, le président d’Ucelia, la fonderie usselloise (ex-Constellium) rachetée voilà tout juste un an par le fonds d’investissement Noe industries, est sur de bons rails. En un an, du chemin a été parcouru. Mais il reste encore des difficultés à surmonter dont celle, majeure, de la difficulté à recruter.

Ucelia, rachetée voilà un an, gagne doucement son autonomie

 Jusqu’en février 2023, date du rachat de la fonderie par Noe Industries, cette dernière appartenait au groupe Constellium. « À Ussel où nous faisons des pièces pour l’aéronautique, nous n’étions pas dans le cœur de métier de Constellium, résume le président Foisel. Eux, ils fondent et laminent, nous on met de l’alu dans des moules. Donc depuis des années, le site ussellois perdait de l’argent et Constellium devait nous recapitaliser régulièrement. » Finalement mise en vente par le groupe, la fonderie usselloise a changé de propriétaire le 2 février 2023. « Quand on sort d’un grand groupe, on perd en assise financière mais notre but n’était pas d’être à la roue d’un grand groupe », ajoute-t-il. Depuis un an, Ucelia est donc autonome. Mais pour cela, il a fallu mener un lourd travail.

Travailler à l’autonomie totale

Avant son rachat, le site ussellois était dépendant du siège de Constellium pour certains services. « C’était le cas pour le marketing. Quatre mois après le rachat, nous étions au salon du Bourget. Pour cela, il a fallu faire des supports de communication, on en a fait une partie, l’autre a été externalisée… Avant, sur le site internet de Constellium, il fallait beaucoup chercher avant de trouver le site d’Ussel. Maintenant nous avons notre site propre depuis juin. Nous avons embauché deux personnes à plein temps pour l’informatique. Idem, pour les achats d’énergie, avant tout passait par le groupe, maintenant, c’est à nous de trouver des fournisseurs. C’est un long travail… »L'intérieur des pièces est ausculté via une fibre optique afin de détecter les éventuelles malformations.

Les clients sont restés ainsi que la charge de travail

Ucelia produit des pièces moteur pour avion et hélicoptère, civils comme militaires. Des pièces pour le Rafale, les Airbus A320, A350, des portes passagers pour le Falcon, des charnières de portes d’A320 mais aussi des carters de booster pour Ariane 6… Une activité de précision qui reste soutenue mais qui doit faire face à un manque de main-d’œuvre.

Vingt postes à pourvoir, sans succès...

C’est la difficulté majeure à laquelle est confrontée Ucelia : trouver des ouvriers. Actuellement et depuis de longs mois, la fonderie est en quête d’une vingtaine d’ouvriers. « Il nous faut du monde pour faire les moules, des assemblages d’éléments de moules et il nous faut des contrôleurs en aval. Cela fait huit mois que je cherche un contrôleur de gestion. Il nous arrive de dire à nos clients qu’il nous faut plus de temps pour honorer la commande, faute de bras », s’inquiète Jean-Baptiste Foisel qui liste les freins : « Nous souffrons d’un déficit d’image. On ne parle de la métallurgie que quand ça ne va pas… Ce sont des métiers difficiles mais nous les accompagnons avec des primes d’insalubrité. On a surtout un problème d’attractivité. À Ussel, l’usine a perdu pendant tellement d’années de l’argent que les gens pensent qu’on ne va pas bien, alors que c’est l’inverse. Cette année, le chiffre d’affaires est de 30 millions d’euros, il est revenu au niveau d’avant Covid. Pour la première fois depuis des années, les salariés vont avoir de l’intéressement financier et probablement une participation aux bénéfices… C’est plutôt bon signe mais nous devons trouver des solutions pour attirer les jeunes, les loger, les rendre mobiles. On fait tout un travail en interne d’attractivité mais il faut que Haute Corrèze communauté et la ville d’Ussel nous aident… »  Le scanner laser 3D permet de vérifier si la pièce est conforme au cahier des charges du client.

13 Millions d'investissements sur 3 ans. La fonderie usselloise a connu peu de travaux sur les trente dernières années. Et cela va changer. « On a prévu 13 millions d’euros d’investissements sur 3 ans, dont 5 millions cette année. Les équipements thermiques ont 30 ans. Nous allons donc changer le four de régénération du sable. Un moule est à usage unique mais on recycle le sable. Or, notre installation est ancienne avec de vieux brûleurs qui consomment. Nous allons donc avoir une nouvelle installation pour 1,7 million d’euros. » Viendront s’ajouter une seconde imprimante 3D sable, une sableuse robotisée, une unité d’ébarbage robotisée… Des travaux de toiture et de végétalisation du site sont aussi prévus. Enfin, Ucelia va procéder à des investissements qui permettront de produire autant de pièces alors que des postes sont à pourvoir. « Il nous arrive de devoir ralentir l’activité parce qu’on ne trouve pas de main-d’œuvre, annonce Jean-Baptiste Foisel. Je me bats pour produire davantage avec les salariés que j’ai. On fait donc de l’investissement au long cours pour augmenter la capacité de produire de 15 à 20 %. On se projette en recherche et développement, on réfléchit à comment l’intelligence artificielle (IA) peut nous aider à davantage produire. Parce que trouver des ouvriers dans un territoire qui a le plein-emploi, cela devient un casse-tête ».

Estelle Bardelot