Salaires : coup de frein sur les augmentations générales en 2024
En 2024, les augmentations de salaire négociées en début d’année ont été moins généreuses que l’année précédente, selon une étude menée par le cabinet de conseil en ressources humaines Groupe Alpha, publiée jeudi 1er février. Cette année, la politique salariale a été "marquée par le recul des budgets d’augmentation" et "la baisse du recours aux augmentations générales", analyse le cabinet à partir des données issues de 420 accords de négociations annuelles obligatoires (NAO) dans le privé.
Cette année, 74 % des entreprises, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, ont eu recours à des augmentations générales de leurs salariés, mais en proportion moins importante que l’année dernière : 64 % chez les cadres (-6 points par rapport à l’année 2023), 79 % chez les professions intermédiaires (-7 points) et 80 % chez les employés (soit -9 points), où la différence est la plus élevée.
Les entreprises ont également eu recours, moins fréquemment, aux augmentations individuelles : 55 % en moyenne en 2024, toutes catégories socioprofessionnelles confondues. Elles concernent davantage les cadres (60 % des accords), et bien moins les ouvriers et employés (51 %).
L’énergie, le transport, et la métallurgie connaissent de meilleures augmentations
Les non-cadres (qui sont également ceux qui ont des salaires plus faibles), ont reçu en moyenne des augmentations un peu plus importantes : 3,6 %, contre 3,4 % pour les cadres. C’est dans la construction, l’énergie, la chimie, les transports et la métallurgie, que les salaires vont le plus augmenté en ce début d’année.
Pas forcément un signe de meilleure santé économique de ces secteurs : il n’existe pas de corrélation entre les taux de marge des entreprises et les augmentations de salaire, selon le Groupe Alpha. "Par exemple, le secteur de la construction est victime d’une conjoncture très dégradée (hausse des taux, ralentissement des transactions) et c’est pourtant celui qui distribue en 2024 la plus forte augmentation sectorielle", remarque l’étude. Dans certaines industries, il s’agit également d’attirer les candidats face à la pénurie de main d’oeuvre.
Néanmoins, il n’existe pas de grands écarts entre les secteurs d’activité : "les deux secteurs aux extrêmes de la distribution des budgets moyens, c’est-à-dire la Construction (3,96 %) et le secteur Médias-Presse (2,81 %), ont une différence de seulement 1,15 point de pourcentage d’écart", souligne le Groupe Alpha. C’est donc entre les catégories socioprofessionnelles que les écarts sont les plus marqués, et non pas entre les secteurs d’activité.
Baisse de pouvoir d’achat
Ce coup de frein sur les augmentations de salaire entraîne une difficulté : celle de la baisse du pouvoir d’achat des salariés, en période d’inflation. Depuis trois ans, les budgets d’augmentation ont suivi l’inflation mais sans la dépasser, ce qui a entraîné "des pertes cumulées historiques de pouvoir d’achat". Les bas salaires sont ceux qui sont victimes des tassements les plus importants.
En 2024, le pouvoir d’achat des salariés dépendra donc de la manière dont va évoluer l’inflation, et de son incidence sur les salaires réels. La Banque de France prévoit une inflation à 2,5 % en 2024, ce qui permettrait aux salariés de gagner "1 point de pouvoir d’achat", selon les calculs du Groupe Alpha. Mais les variations de prix restent dépendantes de la situation économie toujours très instable, et les salariés doivent composer avec l’inflation.