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Февраль
2024

"C'est vraiment pénible d'avoir à se justifier !" : de plus en plus de couples font le choix d'une vie sans enfants

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« Je ressens une forme de déchirement avec d’un côté ce que me dicte mon cœur et de l’autre, ce que me souffle ma raison. » Élodie, 35 ans, a pour le moment décidé de faire une croix sur la maternité. Avec son compagnon Tanguy, la Clermontoise a développé une forme d’écoanxiété face au réchauffement climatique et à ses conséquences.

« Nous sommes pessimistes quant à l’avenir de la planète. Aujourd’hui, les scientifiques se bousculent pour nous démontrer que nous sommes bien trop nombreux par rapport aux ressources disponibles », détaille la trentenaire, avant de poursuivre son argumentation.

Avec le temps passé au travail, on a également peur de ne pas avoir assez de temps pour s’occuper correctement d’un enfant. On a d’ailleurs des tas d’amis qui se sont séparés, qui n’ont pas trouvé d’équilibre à trois.

Une prise de position qui pèse parfois lourd sur les épaules de la Puydômoise. « Si mes amis comprennent, c’est en revanche plus difficile pour ma famille. On m’a déjà dit que j’étais égoïste alors que c’est tout l’inverse ! Et puis, pour être honnête, il m’arrive de douter. Il y a la théorie, mes convictions et ma réalité de femme qui ne le vit pas toujours comme une évidence. » Pour Élodie, un Noël entouré d’enfants ou une naissance sont autant de moments difficiles à passer.

« La société entrave les mères dans leur carrière »

Sans regret, Sylvie, 39 ans, revendique haut et fort son refus d’enfant. « On en fait une norme, un passage obligé, mais je n’en ai jamais ressenti l’envie », lance cette responsable de recrutement dans l’agroalimentaire. Quatrième d’une famille nombreuse, la presque quadragénaire regrette « qu’il faille sans cesse se justifier. La pression sociale est très forte et c’est vraiment pénible d’avoir à justifier son non-désir de maternité. » Face à cette intrusion permanente dans son intimité, Sylvie a coupé les ponts avec une partie des siens. « Ils ne comprennent pas, chaque repas ressemblait à un tribunal, on avait perdu le plaisir d’être ensemble… »

Interpellée par le discours du président de la République sur la nécessité de repeupler le pays, Marie, 33 ans, trouve le propos « rétrograde ».

Moi je suis sûre à 90 % de ne pas en vouloir, et c’est ma volonté.

Tout juste diplômée, la trentenaire pointe les inégalités au sein du couple. « C’est très souvent la mère qui s’en occupe, qui prend un mi-temps, qui se lève la nuit, qui met sa carrière entre parenthèses. » En atteste cet ami de la jeune fille « mal jugé par son patron car il voulait un peu trop s’investir auprès de ses enfants. »

Pour Marie, « la société bloque les pères dans leur investissement » et « entrave les mères dans leur carrière. Les études démontrent à quel point l’ascension professionnelle des femmes chute après la naissance du premier enfant. »

 Comme nombre de ses amies du même âge, l’Auvergnate d’adoption assume sa liberté de pensée. « Peut-être que je regretterai de ne pas avoir eu d’enfant comme je pourrais aussi regretter d’en avoir eu. C’est tabou de l’avouer mais oui, je connais des couples qui aujourd’hui s’en mordent les doigts… » 

Carole Éon