L’hôpital Cœur du Bourbonnais peut démarrer son premier gros chantier à Saint-Pourçain-sur-Sioule
« En 2024, on se lance pour construire ! »Le centre hospitalier Cœur du Bourbonnais a longuement étudié, puis réétudié, ses options avec l’équipe chargée des travaux du CHU de Clermont-Ferrand, pour une refonte de ses sites dans une vision globale territoriale et en lien avec tout son réseau.Le CHCB, « hôpital d’aval », « rural », « de proximité », avec ses sites sur quatre communes au centre de l’Allier (Tronget, Rocles, Buxières-les-Mines et Saint-Pourçain-sur-Sioule), se positionne comme « un trait d’union entre les trois centres hospitaliers du département et partenaire de toutes les structures médico-sociale, ainsi que le réseau ville-hôpital », a souligné le directeur Marcel Grand lors des vœux de l’établissement.
Avec l’hôpital de proximité de Bourbon-l’Archambault, en direction commune, ce sont « 800 lits et places au centre de l’Allier ».
Alors que Cœur du Bourbonnais a déjà lancé les travaux de suppression de ses chambres double en Ehpad à Rocles, c’est surtout sur le site de Marie-Laval à Saint-Pourçain-sur-Sioule que se cristallise la première phase, et non des moindres, de ses chantiers en cascade.Le directeur Marcel Grand. Photo Séverine TREMODEUX
Le bâtiment Marie-Laval, qui deviendra un tiers-lieu, est entouré d’un beau terrain et d’un parc. Une partie de ce terrain deviendra (pas tout de suite), un Ehpad nouvelle génération, mais surtout à plus court terme, un bâtiment de 34 lits, riche en plateau technique et en salles de consultations (voir aussi ci-dessous), sur lequel mise beaucoup l’hôpital et pour lequel il a « reçu » 3 M€ de la part de l’agence régionale de santé. Cette première enveloppe permet de démarrer un chantier clé.
Un pôle nutrition de référence pour tout l’Allier, voire plusLà, dans le « nouveau Saint-François », le CHCB veut notamment développer son pôle nutrition, qu’il aimerait voir devenir « pôle d’expertise », souligne la Dr Rebecca Ritacco, présidente de la commission médicale d’établissement et nutritionniste.Dr Ritacco. Photo Séverine TREMODEUX
« Nous sommes deux médecins, dont la psychiatre de Sainte-Marie (Clermont) Alix Crouzet-Toulemonde, qui va revenir bientôt. Le médecin généraliste Mayeul Merchier, qui s’est positionné pour travailler sur les troubles du comportement alimentaire, est devenu responsable de l’accueil de jour. On avait sept patients par jour, on monte à 10. Et on a des demandes qui arrivent de partout. Actuellement, en hospitalisation, on est coincés avec treize places. À terme, on veut monter en puissance, pour la prise en charge des obésités enfants et adultes, dont l’obésité complexe avec différentes pathologies, notamment psychiatriques, qu’on voit de plus en plus ». Le service fête ses 10 ans cette année.
Addictologie : cherche médecinDans les activités « comportements pathogènes », on demande l’addictologie, à Tronget. Le service se cherche un médecin, après le départ annoncé de la praticienne. Le service travaille en lien avec les médecins de Bourbon-l’Archambault et de l’hôpital de Moulins-Yzeure, dans le but de créer une filière addictologie et éducation thérapeutique, via une fédération médicale interhospitalière (FMIH).
Travail en étroite collaboration avec les médecins généralistesLe CHCB renforce ses partenariats étroits avec les médecins libéraux. L’hôpital compte sept médecins, entre praticiens hospitaliers et attachés (dont deux étrangers qui viennent de valider leurs épreuves de validation des connaissances)… ainsi que dix médecins généralistes qui interviennent sur le pôle ville-hôpital de Saint-Pourçain avec, pour certains, des spécialités, telles que les soins palliatifs ou le suivi en Ehpad.
La Dr Pauline Becaud s’est proposée pour coordonner l’activité entre hôpital et exercice libéral, qui devrait muter et s’étoffer dans le nouveau bâtiment Saint-François, la maison de santé étant à quelques pas.
Exemple, certes encore embryonnaire, mais à suivre, avec l’évaluation gériatrique à domicile (EGS), qui va permettre de développer, entre médecins généralistes, CHCB et le centre hospitalier de Moulins, la « récupération (ou réhabilitation) améliorée après chirurgie. Moins de temps d’hospitalisation pour des sujets âgés et une reprise d’autonomie espérée plus rapide. Cœur du Bourbonnais recherche ainsi un profil de gériatre.
Des médecins de l’hôpital de Vichy à Saint-Pourçain : quelles sont les consultations avancées à venir ?C’est vers le centre hospitalier de Vichy que l’hôpital Cœur du Bourbonnais se tourne désormais pour organiser des « consultations avancées » de praticiens jusqu’à Saint-Pourçain.« Nous pouvons déjà proposer des rendez-vous avec un rhumatologue, un chirurgien viscéral, un orthopédiste adulte et enfant, un thérapeute et un allergologue », liste Marcel Grand, directeur du CHCB.En discussion avec le centre hospitalier de Vichy toujours, de nouvelles consultations avancées pourraient être mises en place en néphrologie. « Et en cardiologie », précise Jérôme Trapeaux, directeur de l’établissement. « Notamment pour le suivi des pathologies cardiaques chroniques ».
En parallèle, Cœur du Bourbonnais développe un projet innovant « de suivi cardiologique avec des infirmières formées au bilan cardiaque, en lien avec un médecin de Savoie, qui va se déployer directement dans les Ehpad, dans cette année 2024, en direction des gens qui sont ainsi loin d’un cardiologue, sans besoin de transport », précise la Dr Rebecca Ritacco, présidente de la commission médicale d’établissement.
Et puis, à plus long terme, c’est un ORL qui est attendu, « dans le nouveau bâtiment », espère Marcel Grand. « Nous réunirons toutes les consultations avancées à Saint-François à Saint-Pourçain, d’ici cinq ans, veut-on croire. Aujourd’hui, on est limité pour développer ces activités, c’est la crise du logement ! Il faut de la place et de la connexion ».
Cœur du Bourbonnais a longtemps travaillé avec les médecins du centre hospitalier de Moulins, notamment dans les années 2010 en chirurgie viscérale avec le Dr Cattan. Mais ce n’est plus le cas depuis deux ans environ, face aux difficultés en démographie médicale de l’établissement.
Soutien aux Ehpad, « en difficulté financière »« L’ensemble des Ehpad de l’Allier sont en difficulté financière », s’inquiète la direction du centre hospitalier Cœur du Bourbonnais, qui a décidé de « faire quelque chose » à son échelle, en soutien.
L’hôpital essaie de trouver « les leviers à mobiliser en évitant que le reste à charge ne soit trop important pour les familles ».
Trois infirmières de nuit ont été recrutées par l’hôpital et mises à disposition d’une dizaine d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes du secteur de référence du CHCB pour les soins de nuit.
Dans le détail, elles sont « basées à Saint-François, à Tronget et elles rayonnent à trente minutes de route, à Montmarault, Cosne, Souvigny, Cérilly, Hérisson, Saint-Pourçain… précise l’hôpital. « C’est effectif depuis juin. Elles ne font pas que des déplacements, elles font aussi du téléconseil ».
Au-delà de ce coup de pouce en ressources humaines, l’hôpital souligne aussi son implication dans le maintien à domicile avec la mise en place du portage de repas pour les personnes âgées à Treban et au Montet.
Développer et renforcer le maintien à domicile« Pourquoi l’hôpital développe du maintien à domicile, on pourrait se poser la question », avance Marie-Françoise Lacarin, présidente du conseil de surveillance.
« Il faut dire qu’il est important d’arriver à l’hôpital de façon coordonnée et préparée, entre la ville et l’hôpital, entre le domicile et l’établissement, que ce ne soit pas un passage obligé et contraint ».
Dans ce cadre, le centre de ressources territorial Cœur du Bourbonnais, le premier de l’Allier, a été inauguré en mai 2023. Via « prévention », « accès aux soins », « lutte contre l’isolement », il a pour objectif de « permettre aux personnes âgées de vieillir chez elles le plus longtemps possible grâce à un accompagnement renforcé à domicile. Sa mission est de proposer une alternative à une entrée en établissement ».
Le CHCB note aussi que devrait être bientôt signé (en mars) le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) avec l’ARS et le Département « qui va définir l’ensemble des dotations sur les cinq ans à venir, sur la base du projet régional de santé, de l’évaluation des résidents et leur accompagnement lié à leur niveau de dépendance, via les outils Aggir et Pathos ».Et tous d’appeler à une nouvelle loi « grand âge » ou « bien vieillir » (avec des moyens), mais « qui paraît aujourd’hui en panne ».
Cœur du Bourbonnais a reçu une délégation départementale d’évaluation dans ses Ehpad, notamment composée des élues Marie-Françoise Lacarin et Évelyne Voitellier, qui devaient faire le tour de tous les Ehpad de l’Allier, leur situation aujourd’hui et les perspectives.
Mathilde Duchatelle