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Февраль
2024

Rodéo mortel en 2021 à Clermont-Ferrand : les deux pilotes des motos ont donné leur version

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Elle revenait de faire ses courses à Auchan à Croix-de-Neyrat. Le 10 novembre 2021, à 19 h 28, Marie-Jeanne Charrier, 81 ans, a traversé la rue du Torpilleur-Sirocco. Au feu, à l’angle de la rue du Solayer, elle s’est engagée sur le passage piéton. Elle a d’abord été frôlée par le pilote d’une première moto qui l’a évitée in extremis. Le passage du second pilote, une poignée de secondes derrière le premier, lui a été fatal. Il était en monoroue et a percuté la piétonne dans le dos avant de lui rouler dessus. Elle décédera à 20 h 50 au CHU. Traumatisme crânien et thoracique.

Percutée dans le dos

Au guidon des deux roues - non homologués et non assurés - deux copains. Deux Clermontois, côte à côte, jeudi 1er février, à la barre du tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand dont l’un, 21 ans, second pilote, est jugé pour homicide involontaire. Après l’accident, il a continué sa route : "Je pensais qu’elle se relèverait. Mon allure ne devait pas être élevée, entre 30 et 50 km/h, parce que je ne suis pas tombé. Ça laissait croire que ça n’était pas grave. Je ne savais pas que c’était une dame âgée. Pour moi, le choc n’était pas fatal". Ce n’est que le lendemain qu’il a appris par la presse, raconte-t-il, que la police recherchait deux pilotes. Il s’est présenté au commissariat : "Là, j’ai su la gravité des faits".

Une démarche responsable en apparence que la procureure Françoise Chafefaux a mise à mal. La veille au soir, l’accident alimentait les réseaux sociaux et sa messagerie. Trois heures après le drame, sa moto était retrouvée carbonisée : "Vous aviez peur que l’on remonte à vous ! C’est l’attitude de quelqu’un qui se sent coupable, c’est évident », assène la procureure. Le prévenu, pantalon gris et col roulé blanc, avait affirmé un peu plus tôt, ne pas l’avoir incendiée. Son copain, d’une voix chuchotante, poursuivi pour non-assistance à personne en danger, ne s’est "aperçu de rien". "J’ai jeté un œil en arrière. J’ai juste vu que le feu était vert pour moi".  "Il n’y a pas de preuve qu’il ait eu connaissance de l’accident", a appuyé son avocat, Me Canis. "J’ai le sentiment que l’on veut lui faire porter le poids d’un drame dont il n’est pas responsable".

"Je ne savais  pas que c’était une dame âgée"

La responsabilité de l’accident, Me Renaud Portejoie, avocat du Clermontois qui a percuté la vieille dame, l’a imputée à la victime : "Le signal piéton était rouge. Je suis désolé de dire cela mais si on regarde bien les vidéos des caméras de surveillance, elle traverse au feu piéton rouge, avance d’un mètre, la première moto la frôle, elle reprend son cheminement. Ce comportement dangereux est la cause unique de l’accident". Il a plaidé une relaxe.Les deux jeunes prévenus sont jusqu’alors inconnus de la justice. Casier judiciaire néant. L’un travaille dans une entreprise chargée de l’entretien des voies de chemin de fer, l’autre - qui a percuté l’octogénaire - est étudiant en master à Bourges. La procureure a requis un an de prison dont dix mois ferme contre le premier et deux ans de prison dont dix-huit mois ferme contre le second (*). Elle a aussi demandé l’annulation de leur permis suspendu depuis les faits.

"Tata gâteau"

Sur le banc des parties civiles, il y a les nièces et neveux de la victime. Leur avocate, Me Vaillant, a dit leur douleur d’avoir perdu "une tata gâteau". Et le gâchis d’une vie perdue : "Madame Charrier était en bonne santé, elle n’avait pas de raison de mourir ce jour-là". 

(*) Il a effectué trois mois de détention provisoire.

Le tribunal rendra sa décision le 18 mars.

 

Leïla Aberkane