Rendez-vous manqués

Et si la comparaison du chef de l’État avec Jupiter renfermait plus de fond que de rhétorique ? En empruntant son « réarmement » à Arès, son « Quoi qu’il en coûte » à Apollon, Emmanuel Macron semble s’être pétrifié, depuis 2017, dans l’incarnation illisible d’un pouvoir brassant toutes les postures. Sherpa durant les crises économiques, père de la Nation lors des turbulences sanitaires, social, écolo, libéral : le Président mouille aux rivages inédits d’une forme “d’omni-présidence”, en rupture avec des prédécesseurs qui ont su construire une relation affective avec le pays, sur le soc d’un cap identifié : l’hyper-présidence volontariste de Sarkozy, la stature providentielle et paternaliste de De Gaulle. Le “en même temps”, dans lequel Emmanuel Macron s’est drapé disqualifie la rencontre de l’homme et du peuple, comme lors de la conférence de presse du 16 janvier, à l’Élysée. Derrière ses ministres, le président est arrivé seul, distant, livrant la partition rodée du sachant que l’on écoute, davantage que du guide que l’on suit. Comme impuissant à habiter et à écrire, depuis son inaccessible Olympe, ce grand récit qui fait le mortier des Nations.

l’éditorial

Sébastien Couratin