Raphaël Gaillard : "L’implant Neuralink d’Elon Musk va bouleverser notre rapport au monde"
Einstein et Edison avaient raison ! Des études scientifiques ont apporté la preuve qu’une méthode simple, que ces deux génies pratiquaient déjà en leur temps, peut renforcer notre créativité. Leur secret ? Faire la sieste pour le premier sur un tabouret et pour le deuxième avec des boules en métal dans les mains, pour profiter de la toute première phase d’endormissement de notre cerveau, ce bref moment où les idées nous viennent sans que nous nous en rendions compte si nous nous endormons ensuite profondément…
Dans son récent essai sur L’Homme augmenté (Grasset), le psychiatre Raphaël Gaillard apporte un éclairage passionnant sur l’amélioration de nos capacités cognitives par la science et la technologie. Au moment où Elon Musk annonce le succès de la première implantation chez un patient de sa puce neuronale, le spécialiste explique pourquoi l’augmentation globale de l’Homme par des interfaces cerveau machine reste et restera un fantasme. Pour autant, il raconte aussi comment les avancées de la recherche vont permettre de renforcer les capacités de notre encéphale. Il y est question d’électrodes, de médicaments, de psychédéliques, mais aussi de vélo bureau. Fascinant, au moment où les progrès de l’intelligence artificielle nous exposent à de nouveaux défis. Entretien.
L’Express : Pourquoi le psychiatre que vous êtes a-t-il décidé de s’intéresser à ce concept d’homme augmenté ?
Raphaël Gaillard : L’homme augmenté a longtemps été un fantasme, une figure récurrente de science-fiction. Mais aujourd’hui c’est une réalité, et c’est ce que j’ai voulu raconter dans mon livre. Cela me concerne directement en tant que psychiatre, car cette réalité commence par le soin : des interfaces cerveau machines sont déjà utilisées pour soigner. C’est largement le cas dans le domaine de la neurologie, et désormais le vaste continent des troubles mentaux est concerné. Or il faut bien comprendre que l’augmentation de l’homme n’est jamais loin, car la frontière entre réparation et amélioration s’avère difficile à établir.
En même temps, et c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de votre livre, vous remettez en question l’idée que l’on puisse un jour améliorer nos fonctions cognitives en "branchant" notre cerveau à l’informatique, comme prétend le faire Elon Musk avec sa biotech Neuralink. Pour quelle raison ?
Ce qui reste du fantasme, c’est l’homme augmenté total, avec un cerveau globalement augmenté. Cela va généralement de pair avec le rêve de digitaliser nos pensées, c’est-à-dire de transférer le contenu de notre encéphale vers un support informatique. Cela n’est pas possible, pour une raison simple : nous ne pouvons pas accéder à l’ensemble du cerveau par une puce de silicium. Nous parlons d’un organe composé de 85 milliards de neurones entremêlés avec un degré de complexité inouï. Il n’y a pas de port USB dans notre encéphale, un endroit spécifique du cortex qui donnerait accès à la totalité du cerveau, et donc pas d’augmentation globale ou de digitalisation de l’esprit possibles.
En revanche, et je reviens là à la réalité du soin, nous savons implanter des puces en regard du cortex moteur pour permettre à une personne paralysée de commander un bras robotisé. La marche a pu être restaurée chez des patients paraplégiques grâce à des implants cérébraux couplés à des stimulateurs posés sur la moelle épinière. De la même façon, une puce posée en proximité de certaines structures cérébrales liées à l’écriture peut offrir à un patient tétraplégique, voire atteint de locked-in syndrome, la possibilité d’écrire et donc de communiquer en imaginant des lettres retranscrites par l’ordinateur. Pour le moment, Elon Musk consacre son énergie et sa fortune à des développements de ce type, et c’est évidemment de nature à changer la donne. Il vient d’annoncer sur X, le 29 janvier 2024, que le premier être humain vient d’être implanté par sa biotech Neuralink avec une puce de silicium pour commander un membre paralysé. Cette forme de télépathie, puisque c’est le terme qu’Elon Musk utilise, va bouleverser notre rapport au monde.
Je pourrais prendre un autre exemple dans le champ de la neurologie, avec la maladie de Parkinson. L’équipe du scientifique grenoblois Alim-Louis Benabid a inventé la méthode consistant à implanter des électrodes dans les régions du cerveau qui régulent la motricité fine des malades. Cette technique, qui améliore la mobilité et réduit les tremblements, est aujourd’hui largement diffusée dans le monde.
Qu’en est-il en psychiatrie ?
Nous avons de très belles publications montrant que l’on peut soigner des dépressions ultrarésistantes avec des électrodes intracérébrales en mesurant l’activité du cerveau à un endroit et en envoyant un courant à un autre endroit, pour restaurer l’humeur des patients. Des stimulateurs très similaires à ceux utilisés dans la maladie de Parkinson permettent de traiter les troubles obsessionnels compulsifs. Nous allons probablement pouvoir soigner de la même façon les hallucinations auditives dans la schizophrénie.
Ces mêmes technologies qui servent à corriger des dysfonctionnements, à réparer l’homme, sont aussi celles qui pourraient amplifier, améliorer ses capacités. Car si on ne peut augmenter globalement l’homme, on peut accroître certaines de ses compétences dans des domaines spécifiques. Nous allons alors créer des excroissances, des hypercompétences. Mais, ce faisant, nous devons avoir conscience que nous allons, en quelque sorte, rompre l’harmonie de l’homme.
Très concrètement, qu’imaginez-vous comme "augmentations" ?
Le champ des possibles est immense. Je vais vous donner un exemple qui est de pratique courante aujourd’hui, mais dont, curieusement, on ne se représente pas à quel point il s’agit d’une révolution : celui des patients présentant une destruction congénitale ou secondaire du nerf auditif, et pour lesquels on met en place ces implants qui vont court-circuiter cette perte de l’audition. Vous avez certainement déjà vu ces vidéos d’un bébé qui entend pour la première fois la voix de sa mère. C’est très impressionnant. Vous vous rendez bien compte qu’en faisant cela, on restaure un sens qui était défectueux. Mais rien n’empêche de donner à ce sens une acuité supérieure à la normale.
Je cite dans mon livre un exemple beaucoup plus simple encore, celui de la transplantation cardiaque. Rappelez-vous du très beau roman de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants. Quand Claire reçoit à 51 ans le cœur de Simon, qui avait 19 ans à sa mort, est-ce juste de l’ordre de la réparation, ou est-elle augmentée par ce cœur de trois décennies plus jeune qu’elle ?
Vous voyez qu’en médecine, on ne sait pas bien faire la différence. Force est de constater que souvent, quand on répare, on répare généralement un peu en dessous de la situation antérieure. Mais quand je prescris du méthylphénidate (de la Ritaline) à un jeune qui présente un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, et que je répare ainsi son déficit attentionnel, je me demande parfois si je ne lui donne pas des capacités supérieures à celles de ses camarades. En réalité, il est très difficile de savoir où l’on se situe.
C’est tellement difficile que même l’OMS a inventé une définition incroyable de la santé en nous disant qu’il s’agit d’un "état de bien-être physique mental et social". C’est assez mégalomane : on aurait tout aussi bien pu reprendre la vieille définition de Leriche pour qui la santé, c’est le silence des organes. L’OMS, elle, vise le bien-être : mais qu’est-ce que le bien-être ? Où fixe-t-on la limite ? On voit ainsi que le projet de la médecine porte en germe l’augmentation de l’homme. Aujourd’hui, nos technologies le permettent pour l’organe qui fait de nous ce que nous sommes dans le règne du vivant, qui nous donne notre puissance, c’est-à-dire le cerveau.
Mais en quoi les technologies d’implants cérébraux, que vous évoquiez un peu plus tôt, pourraient permettre une augmentation de nos capacités ?
Dans une publication impressionnante, des chercheurs ont montré qu’ils pouvaient corriger les troubles attentionnels, ces petits moments de déficit d’attention qui nous concernent tous. Ces baisses de régime où l’on rate quelque chose. Cette publication montre que des électrodes intracérébrales peuvent enregistrer en continu l’activité neuronale, repérer ces moments où l’on décroche et injecter alors un tout petit peu de courant électrique pour compenser. Un peu comme un onduleur vient corriger les baisses de courant dans votre maison. Alors bien sûr, on parle là de dispositifs invasifs difficilement utilisables en pratique : tout l’enjeu est de développer des techniques similaires mais non invasives. Vous imaginez alors le bénéfice de cette hyperattention pour un militaire affecté à la surveillance d’un site ou pour un pilote de chasse qui ne doit rien rater ?
Aujourd’hui déjà, en appliquant des dispositifs de courant alternatif sur le crâne, on peut mesurer et amplifier, renforcer certaines oscillations cérébrales. Nos cerveaux, en effet, oscillent selon différentes fréquences, dont certaines sont liées à la concentration, en particulier le rythme thêta. En l’amplifiant on peut améliorer vos capacités de concentration. Chez un patient souffrant d’un déficit attentionnel, les études montrent un effet similaire à celui de la ritaline. Un sujet sans déficit attentionnel devient, lui, plus performant.
Peut-on aussi imaginer une augmentation de nos capacités par des médicaments ?
Il existe déjà toute une pharmacologie de l’augmentation, au travers des psychostimulants. Parmi les plus basiques on pense au café, à la nicotine, ou parmi les substances interdites à la cocaïne. Mais évidemment, on va vers des substances plus puissantes, plus spécifiques, et il y a une capacité d’innovation majeure en la matière, avec des molécules qui permettront une meilleure concentration, plus de rapidité ou de réactivité.
Les psychédéliques aussi sont en cours d’évaluation, avec de nombreux protocoles en cours de lancement. Un essai démarre à Nice dans la dépendance à l’alcool, et nous allons également en porter plusieurs à Sainte-Anne. Bien sûr, il faut redire qu’en France, ce sont des substances interdites et que leur consommation sans surveillance médicale est dangereuse.
En quoi exactement est-on avec les psychédéliques dans l’augmentation, plutôt que dans le "trip", le moment de déconnexion et d’extase conféré par une drogue ?
On pense toujours à l’augmentation de soi en termes de capital à renforcer : sa mémoire, sa concentration, sa rapidité, son attention… Mais au fond, augmenter sa présence au monde, sa connexion aux autres, sa capacité à éprouver du bonheur, son lien avec la nature, pourquoi ne serait-ce pas aussi une forme d’augmentation ?
Pour cela, il faudrait sans doute que les effets en soient durables. Qu’en est-il ?
C’est une bonne question. Pour une part ils ne sont effectivement pas durables, mais pour une part si. Ce qui a été bien décrit, c’est l’effet chez des personnes en fin de vie, atteintes de maladies incurables, avec des échéances parfois à plusieurs mois. Ces sujets sont sortis de cette expérience, la prise de psychédéliques, avec un rapport transformé à la mort. Ces effets ont été mesurés de façon tout à fait scientifique. Les patients étaient rassérénés, n’étaient plus dans l’effroi de la perspective de leur disparition, et cela les a accompagnés sur les mois qui ont suivi. Ce n’est donc pas juste le temps du trip.
Il ne s’agit pas de la simple griserie liée à une consommation d’alcool excessive, ou encore à un joint. C’est quelque chose qui a durablement un effet existentiel. Et je me demande si on ne doit pas considérer qu’il s’agit d’une façon d’augmenter l’être humain, dans le sens où il vit mieux, davantage, plus intensément.
On peut parler d’une sorte de psychothérapie augmentée. On en sort moins entravé par l’angoisse, par nos petites et nos grandes questions existentielles qui nous entravent. On libère son potentiel, et je considère donc qu’il s’agit aussi d’une forme d’augmentation. Dont, j’insiste, il faut rappeler qu’elle n’est pas autorisée en France, et dangereuse sans surveillance médicale.
En attendant, il existe déjà des méthodes plus prosaïques pour augmenter ses capacités cognitives, que vous vous appliquez d’ailleurs également à vous-même…
Tout à fait : l’activité physique, par exemple, est intéressante de ce point de vue. Je n’ai pas le temps de pratiquer du sport parce que je travaille beaucoup trop. Je me suis donc mis à ce que j’appelle du "vélo bureau" : j’ai un vélo d’appartement, sur lequel je peux poser mon ordinateur, et je travaille en pédalant. Je me suis aperçu qu’à un certain degré d’intensité de l’exercice physique, je deviens plus créatif. Des idées me viennent que je n’aurais pas eues, je pense, sans ce dispositif. Au-dessus d’une certaine vitesse, je ne comprends plus rien, en dessous d’une autre, je ne suis que moi-même, mais entre les deux, j’ai une chance d’avoir de bonnes idées.
Cela ressemble à un phénomène décrit par Edison et Einstein, deux grands génies, qui utilisaient la micro-sieste pour avoir des idées. Non pas que je me compare à eux bien entendu ! Mais nous pouvons chercher à les imiter à notre simple mesure. Il existe un état de sommeil intermédiaire, le tout début du sommeil, où ils avaient des idées fantastiques. Edison s’endormait donc avec des boules de métal dans les mains. Quand elles tombaient, il se réveillait, et ainsi il n’allait pas au-delà de cette entrée dans le sommeil. Einstein, lui, faisait la sieste assis sur un tabouret. Quand il était sur le point de s’endormir, bien sûr il se réveillait pour ne pas tomber, et c’est à ce moment-là que les bonnes idées lui venaient. Notamment sur la chute des corps et la relativité d’ailleurs.
Une équipe de l’Institut du cerveau de la moelle, menée par Delphine Oudiette, a décidé de tester cette idée formellement. C’est une très belle expérience dans laquelle les chercheurs ont demandé aux participants de réfléchir à un problème mathématique, puis leur ont permis de dormir. Ils ont constaté que ceux entrant dans cette phase de début de sommeil, appelée N1, puis se réveillant immédiatement, voyaient leur probabilité de résoudre le problème multipliée par trois. En revanche, s’ils s’endormaient complètement, ils perdaient alors ce bénéfice. Edison et Einstein avaient raison !
Au Massachusetts Institute of Technology, une start-up nommée Dormio a tenté de rendre cela opérationnel, avec une sorte de gant qui mesure l’activité de la main. Quand la tonicité musculaire se relâche, l’ordinateur envoie un signal pour réveiller le sujet. Il s’agit d’un dispositif très élaboré qui susurre le problème à résoudre un peu avant l’endormissement, puis qui réveille et enregistre les paroles marmonnées dans ce demi-réveil. De cette façon, jusqu’à 6 passages dans la phase de sommeil N1 sont possibles en 30 minutes de sieste, et c’est la créativité qui est augmentée.
C’est fascinant. Mais ne risque-t-il pas d’y avoir des effets secondaires à ces différentes tentatives d’augmentation de nos capacités cognitives ?
Comme je le disais, on risque de rompre l’harmonie de l’homme. Quand nous éduquons nos enfants, nous essayons de leur apporter une sorte d’équilibre global, des compétences homogènes dans différents champs. Quelles seront les conséquences d’avoir un individu capable d’hyper-concentration, ou doté de capacités de calcul prodigieuses, ou d’une très grande créativité, sans pour autant que ses autres capacités soient renforcées, un peu comme les X-Men ou les super-héros qui ont des pouvoirs particuliers, mais ici à l’exclusion des autres compétences ? C’est bien sûr un peu le cas aujourd’hui, nous avons chacun nos talents, mais là, ce sera sans commune mesure. Les individus seront réduits à une seule dimension. L’homme augmenté sera unidimensionnel, nous aurons à faire face à sa dysharmonie.
L’autre effet secondaire, beaucoup plus grave encore, est lié à la capacité de notre cerveau à s’adapter à ces changements. Je m’explique. Notre cerveau est une machine géniale, mais elle est tellement complexe qu’elle ne se "supporte" plus. Au travers de l’Évolution, nous avons privilégié la complexité du signal, l’informativité du signal, la puissance des échanges d’informations entre nos neurones au détriment de la robustesse. C’est ce qui nous différencie des singes, dont le cerveau est plus fiable mais moins puissant, et nous en payons le prix. Pour le dire de façon triviale, il peut y avoir chez les hommes des bugs, des ratés, des moments où l’esprit déraille. Comme avec une machine complexe poussée à l’extrême, en surrégime. On le paye du prix de troubles mentaux, qui correspondent à une sorte de saturation du système. Ils sont le prix à payer de la puissance de notre cerveau. En augmentant encore la puissance de notre cerveau, ne risque-t-on pas de le payer plus cher encore en termes de maladies mentales ? C’est une vraie question. On peut même aller plus loin, et anticiper une véritable bifurcation entre ceux qui pourront tolérer l’augmentation et ceux qui ne pourront pas la tolérer, qui seront dévastés, entre génies et zombies.
Une sombre perspective effectivement…
Pour autant, si l’on regarde l’histoire de l’humanité, on entrevoit des pistes de sortie de ce dilemme, des moyens de réduire la casse. Nous avons déjà connu une forme d’hybridation, avec l’avènement de l’écriture. On sait que lorsque l’on peut se reposer sur l’existence d’informations facilement accessibles, on tend à oublier ces informations, à les effacer de notre mémoire. Une expérience menée à Harvard en 2011 l’avait clairement démontré, et cet effet était dénommé "l’effet Google". Mais c’est vrai avec un livre comme avec l’informatique. Un livre est déjà une sorte de disque dur externe. Ecrire consiste à déposer hors de soi ses connaissances et lire à se les réapproprier, comme par hybridation. Le mythe de Theuth le rappelait chez Platon : l’écriture n’enrichit pas la mémoire d’un homme de celle de tous les autres, elle l’affaiblit car il n’a plus besoin de se souvenir. Et pourtant, dans l’histoire de l’humanité, la lecture et l’écriture ont été des transformations formidablement positives. Nous sommes ainsi sortis de la Préhistoire pour entrer dans l’Histoire. Cela a changé la trajectoire de l’humanité, et nous pourrions nous en servir comme modèle.
A l’échelle individuelle, nous pouvons préparer nos enfants à l’hybridation technologique par la lecture. C’est l’hypothèse centrale de mon livre. Il ne s’agit pas de tourner le dos aux technologies, ce qui serait vain, mais de s’y préparer, et pour cela de recourir à ce qui à l’échelle collective aura été la grande hybridation de l’humanité, la lecture. J’ajouterai un dernier point pour vous convaincre. Nous avons une démonstration récente et spectaculaire de l’efficacité de la lecture : ChatGPT. Qu’est-ce qui l’a rendu puissant ? La lecture de millions de textes. Au XXIe siècle, cette intelligence aurait pu naître des images, mais ce sont bien les textes lus qui lui ont donné naissance. C’est un paradoxe : au moment où l’intelligence artificielle devient intelligente en lisant tout ce que l’humanité a produit, nous serions, nous, en train de cesser de lire. C’est une aberration, et une démonstration claire de la voie à suivre : il nous faut lire, pour nous armer et réussir ainsi nos hybridations technologiques.