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Январь
2024

Travail : à quel moment de la journée sommes-nous le plus efficaces ?

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La fringale de 11 heures et on lutte pour ne pas se précipiter vers la machine à café ou à la boulangerie du coin afin de prendre sa dose de sucre en vue de repartir de plus belle. Même problème après un déjeuner trop copieux et ce sont des bâillements ininterrompus qui deviennent les maîtres de l’horloge biologique. "Dodo, l’enfant do/L’enfant dormira bien vite…" Quand les paupières s’alourdissent aussi, on reprend des litres de café en se promettant que la prochaine fois, ce sera un repas frugal. "L’enfant dormira bientôt." Le lundi matin pas mieux : on fait le tour des bureaux et des e-mails pour éviter le rapport que la N + 1 attend.

Chacun, à sa manière, connaît sa productivité et ses moments "off". Les employés en télétravail à temps plein ont travaillé 5,4 heures par jour contre 7,9 heures par jour pour ceux sur site en 2022, affirme le Bureau américain des statistiques du travail (BLS). Vraiment ? 44 % des salariés jugent que leur productivité ne varie pas selon leur lieu de travail, 29 % jugent qu’elle est moindre quand ils travaillent en coworking, 13 % qu’elle baisse quand ils sont avec d’autres collègues dans un espace privé et 14 % seulement qu’elle est moindre quand ils travaillent à distance (Sabrina Khoulalène, analyste de contenu pour Software Advice, janvier 2024). Le débat sur le télétravail ne sera pas tranché, mais la productivité à l’échelle micro peut être améliorée.

Les salariés plus productifs le mardi que le vendredi

Mardi (83 %), mercredi (70 %) et lundi (60 %) : tels sont les trois jours où les salariés se sentent les plus productifs, devant le jeudi (59 %). Arrive très loin derrière, le vendredi (29 %). "Le vendredi est le jour le plus télétravaillé, certaines entreprises ont même fait le choix de supprimer les réunions ce jour-là", précise Noémie Cicurel, directrice formation et développement Europe chez Robert Half ("Ce que veulent les candidats", avril 2023).

La mise en route peut être assez lente, les salariés ne sont pas à 100 % le lundi matin. Aux managers de porter l’effort sur les jours où les salariés reconnaissent qu’ils sont en forme. Deuxième leçon : les salariés sont du matin. En effet, 82 % d’entre eux se sentent plus productifs entre 9 heures et 12 heures et 55 % entre 6 heures et 9 heures - quasiment à égalité avec les 56 % qui répondent entre 13 heures et 15 heures. A l’heure de déjeuner, elle chute (35 %), de même qu’à partir du milieu de l’après-midi entre 15 heures et 18 heures (48 % se disent productifs). A abolir, les réunions tardives : ils ne sont plus que 16 % à se sentir efficaces entre 18 heures et 21 heures, 7 % de 21 heures à minuit. "Ce qui est le plus plébiscité est la flexibilité", complète l’experte. Une demande lancée par les milléniaux (personnes nées dans les années 2000, entre 1985 et 2005 environ), qui a infusé dans toutes les tranches d’âge. La flexibilité avec une pause choisie par le salarié pour ses courses, du sport, aller chercher son enfant à l’école ou s’occuper de soi, permettent une bien meilleure efficacité quand il se remet à la tâche. Aux organisations de prendre ces éléments en compte et au manager de répartir le travail au mieux des forces, en prenant également en compte la prolifération des e-mails.

Le rôle clé du stress numérique

En matière d’organisation du travail et de risques psychosociaux, c’est en effet "l’infobésité" qui est pointée du doigt par Arthur Vinson, coprésident de l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) et de Mailoop. Selon lui, la qualité du travail (notamment dans le secteur des activités utilisant en permanence les outils numériques) est intimement liée à la capacité à résister à une avalanche quotidienne d’e-mails : "51 % de réponses aux e-mails se font en moins d’une heure et 70 % des e-mails interrompent le travail." Cette "réactivité" rassurante est au contraire chronophage : en fin de journée, le travail reste à faire. 60 % des salariés (74 % des dirigeants) sont incapables de traiter tous leurs e-mails. Ces micro-interruptions sont fatigantes. "On n’en mesure pas le coût pour le cerveau", poursuit Arthur Vinson. Les transferts qui augmentent les boucles de participants sont une fausse bonne idée qui alimente l’infobésité.

Une solution : résister au techno stress en s’octroyant "trente minutes de concentration pour que notre cerveau soit au top". Or, les dirigeants n’ont que cinq créneaux d’une heure par semaine, révèle l’expert. La créativité passe par des temps longs, souvent oubliés par les organisations. Oublier le fractionnement. Prendre ses congés, ne pas anticiper son retour au travail le lundi pour être reposé. Les pauses sont indispensables pour que la fatigue numérique n’affecte pas notre productivité et mieux encore, notre créativité. Le temps, l’or du XXIe siècle ?