Croissance, consommation… Les derniers chiffres de l’Insee pour la France
Le gouvernement avait (presque) vu juste. Le PIB français est resté stable au quatrième trimestre 2023 et a progressé de 0,9 % sur l’ensemble de l’année, après 2,5 % en 2022, a annoncé l’Insee, ce mardi. Pour rappel, l’exécutif avait misé sur une croissance annuelle de 1 %.
La croissance a été nulle aux trois autres trimestres, l’Institut national de la Statistique ayant revu en hausse de 0,1 point celle du troisième trimestre, annoncée antérieurement à -0,1 %.
Dans le détail, la demande intérieure finale (hors stocks) a contribué négativement à la croissance du PIB au quatrième trimestre (-0,1 point après +0,4 point au troisième), du fait de la baisse de l’investissement des entreprises (-0,7 % après + 0,2 %) et de la consommation des ménages (-0,1 % après + 0,5 %).
À l’inverse, le commerce extérieur a rebondi au quatrième trimestre et contribue positivement à la croissance du PIB (+1,2 point après -0,1 point). Par ailleurs, si les exportations demeurent quasi stables (-0,1 % après -0,6 %), les importations sont, elles, en forte baisse (-3,1 % après -0,4 %).
Un objectif de 1,4 % de croissance difficile à atteindre en 2024
"L’environnement mondial, et donc la demande externe adressée à la France, a été meilleur que ce qu’on craignait", avait expliqué mi-janvier à l’Assemblée nationale le chef économiste de la Banque de France, Olivier Garnier.
Il avait souligné aussi un apaisement de l’inflation "un peu plus rapide que prévu", même si en moyenne annuelle les prix ont encore augmenté de 4,9 % en 2023 après 5,2 % en 2022, mais avec un ralentissement assez marqué en fin d’année.
La différence est à nouveau importante cette année entre les estimations des économistes et la croissance de 1,4 %, à laquelle le gouvernement n’a pas encore officiellement renoncé. Mais en raison d’un acquis de croissance de 0,1 % réalisé pour l’ensemble de 2023, selon l’Insee, un tel niveau semble de plus en plus difficile à atteindre en 2024.
Dans une interview à la Tribune dimanche ce week-end, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau prévoyait un taux de croissance autour de 0,9 %, avec pour 2024 le retour de la consommation des ménages.
Légère hausse de la dépense des ménages français
La consommation des ménages, qui compte pour plus de moitié dans le produit intérieur brut, prendrait ainsi la place du commerce extérieur cette année comme moteur de la croissance. "C’est un moteur plus régulier et plus sûr", se félicitait le gouverneur.
Ce mardi, l’Insee a également annoncé un léger progrès dans les dépenses des ménages français en décembre. Ce chiffre est en hausse de 0,3 % sur un mois, principalement sous l’effet d’une augmentation des dépenses en énergie (+ 1,7 %), et malgré le repli de la consommation alimentaire (-0,7 %).
Toutefois, cette faible hausse ne compense pas la baisse globale de la consommation sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents (-0,6 %), selon l’Institut national de la statistique et des études économiques.
Le repli des dépenses alimentaires en décembre provient d’une baisse généralisée des achats sur l’ensemble des postes de consommation alimentaire - à l’exception du tabac, en nette augmentation - et vient consolider la baisse de la consommation alimentaire au quatrième trimestre 2023 (-1,1 %).
Concernant les autres catégories de biens, la consommation de produits fabriqués repart à la hausse (+ 0,6 %), tout comme les achats de biens durables, qui continuent d’augmenter à un rythme soutenu (+ 1,4 % en décembre 2023, après + 1,2 % en novembre).
Limiter le déficit public à 4,4 % du PIB
Avec déjà un dérapage de deux milliards d’euros du déficit de l’Etat fin 2023, le ministre des Finances Bruno Le Maire aura fort à faire cette année pour limiter le déficit public à 4,4 % du PIB si la croissance n’est pas totalement au rendez-vous, ou si les revendications sociales sont suivies de concessions financières.
L’abandon de la hausse des taxes sur le gazole non routier (GNR) pour les agriculteurs, annoncée vendredi 26 janvier par le Premier ministre, Gabriel Attal, et que réclame à son tour le bâtiment, devrait être neutre pour le budget.
Bruno Le Maire avait en effet promis que l’Etat "ne se mettrait pas un euro dans la poche" avec cette réforme, et consacrerait la totalité de l’économie réalisée au "verdissement" de ces secteurs. C’est donc la transition écologique qui pourrait en faire les frais.