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Январь
2024

Face à l'augmentation du coût de l'électricité, les commerçants avouent être "coincés" et cherchent des solutions

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À partir du 1er février, nous paierons tous l’électricité plus cher. Les professionnels s’en inquiètent : ils ont peu de marges de manœuvre et répercuter l’augmentation sur leurs tarifs pourrait faire fuir leur clientèle malmenée, elle aussi, par l’inflation.

Rogner sur les marges si on peut

À la boucherie Gauthier, rue de la Boucherie, à Clermont-Ferrand, le poste énergie (gaz + électricité) a bondi de près de 31 % en trois ans, à activité égale. 

Régis Berthomier, cogérant explique: 

On est coincé. Ce sont des frais fixes quasi incompressibles. On a besoin d’électricité pour travailler. On ne peut pas faire sans frigos ni vitrines réfrigérées.

La facture énergétique a bondi de 31 % en trois ans à la boucherie Gauthier.Le renchérissement de l’énergie s’ajoute à celui plus problématique encore de la viande (+ 25 % en moyenne).

On a partagé les efforts. Nos prix ont augmenté, mais on a aussi rogné sur nos marges pour préserver le porte-monnaie des clients. Mais ça ne pourra pas durer éternellement. 

Produire son électricité « n’est pas envisageable » et « changer tous les équipements pour du neuf moins énergivore n’était pas prévu », par Régis Berthomier lorsqu’il a racheté la boucherie avec son associé. « Mais, dit-il, il faudra peut-être le faire. Il faudra calculer le retour sur investissement ».

La facture d'électricité va augmenter entre 8,6 % et 9,8 % le 1er février

Travailler autrement quand on peut

Au salon de coiffure Smile Créa Tiff', rue Saint-Pierre, Émilie Simao se pose aussi beaucoup de questions. La porte vitrée de son salon, au rez-de-chaussée d’un immeuble ancien, laisse passer les courants d’air et sa clim réversible l’a lâchée.

Émilie Simao, propriétaire du salon Smile Créa Tiff.

« Il y a quelques mois, ma comptable a attiré mon attention sur l’augmentation de mes factures d’électricité, mais je ne vois pas trop comment faire. Je n’ai pas le temps de négocier mon contrat d’électricité et je ne peux pas faire ce que je veux ici », explique la coiffeuse.

Ce qu’elle sait en revanche, c’est qu’elle ne peut pas continuer avec un radiateur à bain d’huile en hiver et sans clim en été : « Faire un brushing lorsqu’il fait 45 °C, c’est impossible ».Elle aussi a rogné sur ses marges pour ne pas faire fuir sa clientèle :  

Si j’augmentais mes tarifs, je prendrais le risque que des clients ne viennent plus ou moins souvent.

Elle a donc fait le choix de travailler autrement en fermant les samedis et en développant les prestations à domicile pour les mariages :  « Pour le moment, je m’y retrouve financièrement ».

Négocier son contrat, faire des choix

Certains ont cependant eu la chance de négocier des contrats qui les mettent à l’abri des augmentations jusqu’en décembre prochain, comme la pâtisserie-chocolaterie La Chaumière, rue Saint-Dominique.

« Jusqu'ici, ça nous a permis de maintenir nos prix malgré l’augmentation spéculative des matières premières, mais on sera sûrement contraints de répercuter une partie des prochaines hausses », dit Magalie Ray.Magalie Ray, à la pâtisserie-chocolaterie, La Chaumière.

Chez YoCo aussi, avenue des États-Unis, on est tranquille jusqu’en décembre prochain, tout en trouvant des solutions pour maintenir, voire réduire la facture d’électricité.

Julie Pitou détaille: 

On s’assure que nos frigos et machines à glaces sont bien ventilés, car plus ça chauffe, plus ça consomme. Et on envisage d’éteindre une des deux machines à glaces en hiver et de ne plus allumer le gaufrier le matin parce qu'il consomme beaucoup, mais on vend peu de gaufres en matinée.

Reste qu’à la longue, le renchérissement de l’énergie risque bien de contribuer à l’arrêt d’activités des entreprises les plus fragiles. 

Géraldine Messina