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Январь
2024

Pourquoi les taxis du Cantal protestent contre la modification de la tarification règlementée du transport de patients

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Après les agriculteurs, les taxis. Ce lundi 29 janvier, plusieurs opérations escargot ont été menées dans plusieurs grandes villes de France, à l’appel de quatre organisations nationales. Pour cette journée de mobilisation « reconductible », les manifestants réclament une renégociation des conditions de rémunération du transport de patients, alors que la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) a mis sur la table une convention jugée défavorable par les syndicats, qui réclamaient un statu quo. Les taxis redoutent que les nouvelles conditions ne les forcent à des remises additionnelles sur leurs tarifs en cas de transport médical, tout en les contraignant au covoiturage de patients.Les transports médicaux ont représenté des remboursements de près de 5,5 milliards d’euros en 2022 et 65 millions de trajets ont été réalisés sur l’année pour les seuls taxis et véhicules sanitaires légers (VSL), selon les auteurs du texte de loi. Près de 15 % des trajets sont déjà partagés. L’idée est de réduire le coût des trajets pour la Sécurité sociale à hauteur de 100 millions d’euros par an entre 2025 et 2027, ainsi que la pollution.

En zone rurale, ces courses représentent l’essentiel des ressources des chauffeurs

Une décision qui inquiète particulièrement dans le Cantal, où l’on recense 90 entreprises et près de 150 autorisations de stationnement (soit autant de véhicules). Dans ce département très rural, ces courses représentent en moyenne « 90 % de l’activité, soit quasiment l’essentiel de nos ressources », assurait,ce lundi matin, Marc Paillargue, taxi à Jussac, coprésident de l’Union des artisans taxis du Cantal (UATC), qui regroupe une trentaine de professionnels.Une vingtaine d’entre eux étaient rassemblés devant les locaux de la Caisse primaire d’assurance maladie à Aurillac, pour exprimer leur mécontentement. Une délégation a été reçue par le directeur Pascal Pons.

« Il faut savoir que les taxis ne décident pas de leurs tarifs. Ils sont fixés par l’État. La tarification des transports sanitaires par véhicule sanitaire léger (VSL) est actée par une convention signée entre les taxis conventionnés et l’Assurance Maladie. Lors de la précédente convention nationale, qui arrive à son terme au 31 janvier, la CPAM nous avait déjà imposé des remises allant de 9,75 % à 11,75 % sur nos trajets. Cette année, elle nous a été imposée sans aucune discussion, avec leurs conditions, leur tarification… »

Les chauffeurs de taxi cantaliens, qui doivent composer avec les prix de l’essence, des assurances et des véhicules en constante augmentation, craignent une nouvelle baisse de ce tarif conventionné.

« Si demain la remise augmente encore, c’est l’équilibre financier de nos entreprises qui sera impacté, et ce sera très compliqué. On comprend que la Sécu doive faire des économies, mais en éloignant les centres de soins et en développant l’ambulatoire, on ne va pas réduire les transports. Dans le Cantal, nous sommes à plus de 150 km d’un CHU… »

Ce lundi 29 janvier, les Cantaliens avaient choisi de ne pas faire grève, « afin de pas prendre en otage les patients ayant besoin d’une chimio ou d’une dialyse, précisait Patrick Raynal, taxi à Pierrefort. Mais peut-être qu’il faudra en arriver à bloquer les hôpitaux pour qu’on soit entendus ? » 

Emmanuel Tremet