Nos images du blocage du Modef qui a mis la pagaille à Ussel ce lundi 29 janvier

Les réponses du gouvernement n'ont décidément pas calmé la colère et le ras-le-bol des agriculteurs du Modef. "De toute façon, on n'a plus aucune perspective, alors on continue" clame une agricultrice.Mais depuis l'autoroute A89 sur le barrage que les agriculteurs de la région ont dressé dans la matinée à hauteur d'Ussel en Corrèze, pas sûr qu'elle soit entendue.Elle n'est pas seule. Autour d'elle, une quarantaine de paysans et quelques tracteurs. Le discours est le même : colère froide et totale désillusion face au métier, face au gouvernement, face à l'Europe... et une même revendication : des prix plancher garantis par l'Etat.

Mais parce que la loi Egalim, ça ne fonctionne pas, la grande distribution préfère et préférera toujours payer des amendes que de payer un vrai prix aux producteurs, résume Fabien Marcilloux, le président du Modef 19.

Routiers et automobilistes compréhensifs

"Vous vous rendez compte qu'on est les seuls professionnels qui ne décident pas du prix de leurs productions... On est obligé d'accepter le prix qu'on veut bien nous donner, c'est l'acheteur qui fait la facture !", s'agace une manifestante, donnant ainsi une image bien réelle du fameux slogan "On marche sur la tête" repris par tous les syndicats.

Après s'être restaurés le midi d'un sandwich saucisse sur l'A89, Fabien Marcilloux, le président du Modef 19 et la directrice de la structure, Sophie Bezeau, ont réuni leurs militants pour décider de la suite à donner à la journée. C'est en convoi qu'ils sont sortis de l'A89, direction Ussel.

L'idée de vider les camions étrangers

L'idée de vider un camion de fruits et légumes ou de viandes étrangères, initialement prévue, s'est heurtée au refus des Restos du coeur et du Secours Catholique de récupérer ces denrées pour cause de sécurité alimentaire. Des consignes seraient venues "du national" vers les fédérations, selon les manifestants. Faute de trouver un débouché à ces cargaisons, ils ont revu leur plan.

Les agriculteurs ont alors bloqué le rond-point de la sortie 23 qui dessert par quatre routes, Ussel ville, l'A89, Saint-Angel et Neuvic. Sous la surveillance des forces de gendarmerie, en nombre ce lundi, les manifestants ont pris possession du rond-point, créant tout de suite un fort ralentissement.

Bouchons à Ussel

Un camion espagnol a été ouvert mais par la suite, les manifestants se sont contentés de demander leur bordereau de transport aux chauffeurs routiers.Aucun incident, pas même une "engeulade" n'est à déplorer pendant cette heure et demi de pagaille, entre 14 h 15 et 15 h 45. Les routiers et les automobilistes ont pris les tracts qu'on leur tendait.

La sous-préfète se rend sur place

Vers 16 heures, les manifestants ont eu la surprise de voir arriver la sous-préfète d'Ussel, Catherine Merckx. La menace d'une nouvelle projection sur le bâtiment, de la sous-préfecture, de fumier, de pneus ou de lisier l'aura peut-être incité à prendre les devants. Selon Sophie Bezeau, "un dialogue de qualité" a pu s'instaurer avec la représentante de l'Etat.Durant ce temps, la circulation a retrouvé un peu de fluidité sur le rond-point.Dans Ussel, en revanche, la circulation était toujours difficile en fin d'après-midi, l'autoroute coupée ayant entraîné un report du trafic dans le centre ville par la RD1089.Les agriculteurs du Modef qui s'en étaient déjà pris au magasin Leclerc d'Ussel, vendredi, y sont retournés ce lundi en toute fin d'après-midi pour déverser fumier et lisier sur le parking, non loin des portes d'entrée du magasin.Arnaud BesnardPhoto : Agnès Gaudin