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Январь
2024

La mobilisation repart dans l'Allier, plusieurs centaines d'agriculteurs mobilisés : "Une guerre des nerfs commence"

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À Montmarault (Allier), sur la RD46, peu après 15 heures ce lundi 29 janvier, la file de camions s'allonge. Dans l'impossibilité d'emprunter l'A71 - les entrées ont été bloquées par les agriculteurs -, les chauffeurs patientent calmement. En attendant de passer le barrage filtrant installé au niveau du pont autoroutier, certains n'hésitent pas à discuter avec les manifestants.

"Il ne faut rien lâcher !", leur lance une quadragénaire au volant d'un trente-six tonnes, avant de reprendre la route. Plusieurs autres routiers, eux, klaxonnent en signe de soutien. 

Un soutien de la population

"Nous avons une très grande partie de la population qui comprend notre mouvement et nous soutient", souligne Christophe Jardoux, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) 03, présent sur le barrage.Un barrage filtrant a été installé sur RD46 à Montmarault. © Cécile CHAMPAGNAT

"On va veiller à ce que cela reste comme ça. Notre volonté n'est pas d'embêter les gens. Les consommateurs doivent être de notre côté. On bloque les grands axes mais le but n'est pas de congestionner le pays. Les autoroutes sont un symbole." 

Cet après-midi-là, entre 70 et 80 agriculteurs sont mobilisés sur le point de blocage de Montmarault.

"C'est une grosse mobilisation. Cela va au-delà de tout ce qu'on aurait pensé. Mais cela montre que nous sommes toujours déterminés." 

Pour cela, les syndicats (FNSEA, Syndicat des éleveurs de moutons de l'Allier, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale) avaient appelé "les troupes à souffler" le temps du week-end du 27 et 28 janvier. "On avait un peu peur que le mouvement s'essouffle mais c'est tout le contraire. C'est reparti de plus belle."  Une bonne nouvelle pour le représentant syndical qui sait que c'est "une guerre des nerfs qui commence".Des barrages ont été installés sur l'A71 à Montmarault. © Cécile CHAMPAGNAT

"On espère que le gouvernement fera des annonces le plus vite possible, et de vraies annonces, des trucs sérieux, pas des mesurettes comme la semaine dernière. Parce que, de notre côté, on est organisé pour rester longtemps." Josselin Mercier, membre des Jeunes agriculteurs (JA), confirme : "Nous serons là aujourd'hui, cette nuit, demain, dans plusieurs jours..."

Des pneus et de la paille incendiés pour faire barrage

Ils sont d'ailleurs nombreux à avoir investi l'A71, en garant leur tracteur et en installant des barrages - avec notamment des pneus et de la paille incendiés, certains ont également déversé du fumier - , et à assurer vouloir rester "jusqu'au bout".

"Il doit y avoir un changement de paradigme du gouvernement. Et tant qu'ils n'auront pas compris, on continuera de bloquer. On veut des indicateurs d'un changement de vision de l'agriculture. Et pour l'instant, nous n'avons pas eu ces signaux ", poursuit Christophe Jadoux. 

— La Montagne Montluçon (@Montagnemnt) January 29, 2024

"L'objectif, c'est aussi de montrer notre soutien aux gars qui sont à Paris", ajoute Olivier Berthomier, membre de la FNSEA et éleveur à Montmarault. "Car pour l'instant, nous ne monterons pas à Paris. Nous devrions rester dans l'Allier. C'est pour cela que nous avons organisé plusieurs points de blocage." À Montmarault donc, à Lapalisse, à Dompierre-sur-Besbre, à Toulon-sur-Allier, et à Montluçon.

Une mobilisation importante, presque du jamais vu 

"Sur Montluçon justement, c'est assez impressionnant ! On compte une centaine de tracteurs et près de 200 personnes", assure Christophe Jadoux. 

Et à en croire la colonne de fumée visible dans le ciel à plus d'une dizaine de kilomètres à la ronde, eux aussi sont déterminés. "Cela fait bien vingt ans que je n'avais pas vu une telle mobilisation", assure d'ailleurs Gillles Cabart, membre de la FNSEA, en regardant les barrages incendiés et les dizaines de personnes autour de lui sur la N145 à hauteur de Châteaugay à Montluçon.

 

— La Montagne Montluçon (@Montagnemnt) January 29, 2024

 

Un peu plus loin, deux agriculteurs mobilisés confirment. "Cela montre bien qu'on est à bout ! Il y a un vrai ras-le-bol", estime l'un d'eux. "C'est une crise qui dure depuis trente ans. On a de plus en plus de contraintes, de charges, une rémunération qui n'est pas à la hauteur. Notre travail n'est pas valorisé. On est fier de la qualité de nos produits, on a de belles marchandises, mais on n'a rien en retour. C'est tout le système qui est à revoir. Alors tant qu'il y aura du monde, on sera là. " Près de 200 agriculteurs étaient mobilisés à Montluçon. © Cécile CHAMPAGNAT

Texte : Laura Morel

Photos : Cécile Champagnat