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Январь
2024

Aidez la "SPA des animaux aquatiques", un centre unique en France basé à Limoges

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Il y avait deux solutions pour ces tortues américaines ou ces raies tropicales abandonnées par des particuliers. Soit les “détruire” dans le langage administratif des douanes et des gendarmes. Soit les donner au centre de soins de l’aquarium de Limoges. C’est la seconde solution qui fut adoptée. En France, le bâtiment situé à proximité de la mairie est connu nationalement pour être le seul à accueillir dans son refuge toutes les espèces d’eau douce, d’eau de mer, froide ou tropicale.

Nommé la “Réserve aux écailles”, ce centre de soins est une sorte de SPA pour les animaux issus des milieux aquatiques. Parce qu’il possède toutes les habilitations pour accueillir toutes les espèces, il présente des spécimens visibles nulle part ailleurs en France. Aujourd’hui, des travaux sont nécessaires pour rénover le refuge et une campagne de financement participatif a été lancée. Entretien avec son directeur, David Branthome. 

Vous venez de lancer une campagne de financement participatif. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

La Réserve aux écailles a été créée il y a 30 ans en 1993 avec du matériel de récupération et nous avons besoin d’effectuer de gros travaux. On veut créer un centre dernier cri, modulable et irréprochable d’un point de vue sanitaire. Les travaux sont chiffrés à 54.746 euros. La région a débloqué 25.000 euros. L’autofinancement et les dons récoltés nous ont permis d’ajouter 17.000 euros. Mais il reste 12.000 euros à trouver.

Comment est née cette idée de refuge pour animaux ?

Nous avions un baliste géant, qu’on appelle Bozo, arrivé en 1987, six ans avant l’ouverture de la réserve. C’est le doyen de l’Aquarium et il a donné l’idée de créer un endroit pour accueillir des poissons abandonnés, comme lui.

En quoi est-elle unique en France ?

Nous sommes le seul endroit à avoir toutes les habilitations pour accueillir tout animal aquatique, quelle que soit son espèce.

Vous avez donc des espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs ?

Oui, par exemple, des sangsues nous ont été livrées par les douanes. Elles ont été découvertes lors d’un contrôle routier en Haute-Savoie. 15 jours plus tard, d’autres ont été interceptées à Montauban et une filière a été remontée. Les sangsues sont aujourd’hui encore utilisées par certains pour effectuer des saignées. On les a donc récupérées et on a mis en place un outil pédagogique pour faire découvrir au grand public cet animal. D’autres animaux comme des tortues à carapace molle viennent d’une saisie à Anvers en Belgique.

Sur tous les animaux visibles à l’aquarium, combien ont été abandonnés ou saisis ?

30 % des poissons que nous présentons au public ont été abandonnés ou récupérés lors de saisies. En moyenne, nous récupérons un poisson et cinq tortues par semaine, ce qui engage des coûts pour nous. Car nous mettons ces animaux en quarantaine dès qu’ils arrivent puis, soit nous les gardons, soit nous les confions à un autre aquarium. On a par exemple récupéré 144 polyptères, saisis par les douanes à Anvers. On les a replacés dans des zoos aquariums en Europe et nous en avons gardé 15. Ces poissons, avec des sacs pulmonaires, sont nos ancêtres… Et ils sont visibles à Limoges.

Quand on parle d’abandons d’animaux, on pense souvent aux bêtes à poil. Très peu aux poissons.

Et pourtant cela arrive souvent. On a eu par exemple une dame qui ne voulait plus de son poisson couteau qui avait un œil percé. Cela ne lui plaisait pas. Et puis les propriétaires achètent des animaux souvent tout petits. Quand ils grandissent, ce n’est pas la même chose… Après, nous sommes à l’écoute des gens, sans les juger. Récemment, une propriétaire de tortues africaines nous a contactés pour nous les donner. Elle disait qu’elles n’étaient pas heureuses. Or après un entretien, on s’est rendu compte qu’elle avait été mal conseillée sur la nourriture par exemple. Elle a pu les garder.

Pensez-vous que les particuliers vont participer à votre appel aux dons ?

Il y a quelque temps, nous avions demandé de l’argent pour soigner Ernesto, un poisson qui devait être opéré. Très rapidement, les gens nous ont fait confiance et ont donné de quoi permettre cette intervention. Certes, ce n’est pas comme des animaux à poils qu’on peut caresser. Mais les gens sont sincèrement attachés à la cause animale et environnementale.

Franck Lagier